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samedi 21 avril 2018

Portrait officiel

A Washington, dans la National Portrait Gallery, l'un des nombreux musées Smithsonian de la ville, se trouve entre autres choses la galerie nationale des portraits qui lui donne son nom, qui l'eût cru.

Peu fréquentée par les touristes étrangers, elle arbore les portraits de tous les chefs d'Etat américains, bien sagement en rang d'oignon, par ordre chronologique. C'est une tradition très anglo-saxonne, les Anglais font ça avec leurs rois, les Français moins, étant plutôt enclins à les raccourcir qu'à leur tirer le portrait.

Anyway, c'est au début de l'année 2018 que le portrait officiel de Barack Obama est venu s'ajouter à la collection, et oh boy, a-t-il fait parler de lui... En réalité, ce n'est pas le premier portrait "moderne", au sens de non académique,  de la galerie, ceux de John Kennedy et de Bill Clinton s'étant déjà écartés du modèle traditionnel.

Barack Obama a choisi un artiste américain d'origine nigériane (et ouvertement gay comme ils disent là-bas), Kehinde Wiley, qui est connu pour peindre des portraits de gens ordinaires, noirs ou métis, dans les positions héroïques où l'on ne voit d'habitude que des blancs, rois et empereurs à cheval, saints et évêques sur des vitraux. En 2016, une exposition Kehinde Wiley intitulée "Lamentations" au Petit Palais à Paris montrait dix oeuvres monumentales inspirées de l'art religieux.

Le problème, c'est que Barack Obama était déjà glorieux, et ne voulait pas des symboles classiques de la puissance, même détournés ou ironiques. Comme il l'a dit lui-même, "j'ai assez de problèmes politiques sans qu'on me fasse ressembler à Napoléon !".

En effet, un fameux portrait de homeboy inspiré du tableau de Jacques-Louis David  Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard peut être admiré au musée de Brooklyn, portant un pantalon de camouflage, un t-shirt et un bandana blancs, et des chaussures de marche Timberland aux pieds.

Incidemment c'est ce même tableau de David, ou tout au moins ce même cheval qui a été peint par Banksy à Paris le mois dernier, mais c'est une autre histoire.

Or donc point de cheval, de sabre, d'aura ni de goupillon pour Barack, mais une chaise sur fond de végétation fort verte et kitch avec des petites fleurs, sur laquelle il semble superposé, presque en lévitation.

Le message est-il écologique ? Regardez bien ces jolie feuilles vertes car bientôt vous n'en aurez plus ? Pas seulement, car à y regarder de plus près, les exégètes ont identifié les fleurs en question.

Les fleurs bleues ou mauves que l'on voit en bas sont des agapanthes, appelées en anglais lis du Nil ou lis d'Afrique, censées évoquer l'origine kényane du président. En réalité ce sont des plantes originaires non pas du Kenya mais du cône sud de l'Afrique ou elles sont endémiques, Afrique du sud, Lesotho, Swaziland et Mozambique, mais bon il est pas botaniste non plus Kehinde. Le mot agapanthe vient du grec agape, l'amour, et anthos, le fleur, c'est tout-à-fait délicieux.

Le Pikake, appelé jasmin arabe, est une espèce de jasmin qui n'est pas du tout d'origine arabe, mais qui paraît-il prospère à Hawaii, où Barack a passé sa jeunesse, comme chacun sait. Le jasmin arabe, de son nom latin jasminum sambac, est né dans l'Himalaya, puis il s'est répandu en Inde et en Chine où il a parfumé le thé et les belles dames, puis a conquis toutes les zones tropicales humides.

C'est la fleur nationale des Philippines, sous le nom de sampaguita. Les Perses et les Arabes raffolaient de l'essence de jasmin, c'est pourquoi la plante porte encore le nom de sambac qui vient de l'arabe médiéval zampaq, qui signifiait huile de fleur de jasmin.

Le chrysanthème est la fleur officielle de la ville de Chicago, et je vais tout de suite vous épargner les remarques narquoises sur le taux de mortalité par homicide de Chicago puisque le chrysanthème n'est pas aux Etats-Unis, comme en Europe, associé aux cimetières.

Enfin, le président est représenté dans une tenue relativement décontractée, le col de sa chemise ouvert, et le buste légèrement incliné vers le spectateur, dans une posture avenante qui contraste avec la cambrure habituelle des personnages importants, comme Napoléon, justement.

Mise à jour en novembre 2018 : je découvre  cette photographie de Nelson Mandela prise par Micheline Pelletier en 1999. Le prix Nobel de la paix est assis sur une chaise aux pieds contournés, dans le jardin de sa maison à Johannesbourg, sur un fond de haie feuillue et fleurie.
Coïncidence ? I don't think so...
Les droits appartiennent à l'agence Sygma et la photo est en ligne sur le site de l'Assemblée Nationale.






Sources : 

mardi 15 octobre 2013

Les roses d'Héliogabale



Lawrence Alma-Tadema, de son vrai nom Lourens Alma Tadema, naît dans une famille néerlandaise aisée. En 1852, il intègre l'Académie d'Anvers et devient l'élève de Gustave Wappers, puis de Nicaise de Keyser. Tous deux sont proches du mouvement romantique, et de Keyser, en particulier, encourage ses élèves à peindre des sujets historiques.

En 1862, il se rend à Londres pendant l'Exposition universelle. Lorsqu'il visite le British Museum, il est très impressionné par la collection d'objets égyptiens et particulièrement par la frise du Parthénon, ce qui influencera considérablement son œuvre par la suite.

En 1863, il épouse une Française, Marie Pauline Gressin de Boisgirard, et découvre l'Italie lors de leur voyage de noces. Alors qu'il avait prévu d'y étudier l'architecture des églises primitives, il tombe sous le charme des ruines de Pompéi. Il en rapportera une impressionnante collection de photographies qui lui servira de documentation pour ses toiles à venir, représentant pour la plupart des scènes de la vie courante durant l'Antiquité. Plus tard, sa grande habileté à reproduire l'architecture antique lui vaudra le surnom de «peintre du marbre».

De retour d'Italie, il s'installe à Paris où il rencontre le célèbre marchand d'art belge Ernest Gambart, qui l'encourage dans la voie qu'il a choisie et lui commande une vingtaine de toiles pour sa galerie londonienne. Le succès est immédiat.

Craignant une invasion prussienne, il quitte la France, tout comme Monet et Pissarro, et s'installe à Londres en 1870. Les expositions se succèdent, lui assurant un immense succès, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis ou en Australie, pays où de nombreux prix lui sont décernés. En 1876, il devient membre de l'Académie Royale et en 1899, il est anobli par la reine Victoria.

Un temps associé aux pré-raphaélites, Alma-Tadema, plus tard qualifié de pompier ou de kitsch, connut le succès en nourrissant la fascination de la bourgeoisie victorienne pour la représentation fantasmée de la décadence romaine.

Les roses d'Héliogabale, tableau monumental de 132 x 214 cm, représente sous ses apparences miêvres une scène cruelle : il s'inspire d'une anecdote rapportée par l'histoire ancienne. Héliogabale, éphémère empereur romain du IIIème siècle, dont l'histoire a retenu l'extravagance, la débauche et la prodigalité, organise le plus raffiné des supplices en noyant ses convives sous un torrent de fleurs.

Etendu sur un couche de nacre et d'argent, habillé d'or, l'empereur contemple la scène avec indifférence, tandis que ses invitées semblent s'en amuser. Le peintre se serait représenté sous les traits de l'homme en vert à droite du tableau. Le visage d'Héliogabale est inspiré du portrait sculpté qui se trouve au musée du Capitole à Rome. On retrouve la culture classique et le souci d'exactitude du peintre dans les éléments d'architecture en marbre et la statue de bronze à l'arrière-plan, copie d'une statue romaine en marbre qui se trouve au Vatican et représente Bacchus et Ampelus.

Au premier plan, les courtisans sont submergés par l'avalanche de roses . Plus de deux mille pétales sont représentés sur la toile. La perspective donne au spectateur l'impression de partager le sort des invités. Ceux-ci ne semblent pas très inquiets, distraits par le luxe et la volupté de la scène, encore ignorants de leur sort. Le traitement somptueux qui dissimile un crime terrible, donne à l'oeuvre une ambiguïté morbide.

Le tableau, exposé à Londres en 1888, fut acheté par le riche ingénieur John Aird pour orner le salon de son épouse. Il fait encore aujourd'hui partie d'une collection particulière à Mexico, mais on peut le voir au Musée Jacquemart-André à Paris, dans l'exposition "Désir et volupté à l'époque victorienne" jusqu'au 20 janvier 2014.

Sources
Wikipedia
http://desirs-volupte.com/fr/les-roses-dheliogabale/?theme=1
http://www.musee-jacquemart-andre.com/sites/default/files/beaux-arts_1.pdf

mardi 20 août 2013

Anonymous et le masque

Je ne veux pas parler de l'association Anonymous, qui est un sujet fascinant très bien traité par le documentaire "We are Legion, the story of the Hacktivists". Pour ceux que ça intéresse, on le trouve très facilement sur internet, sous-titré en diverses langues.

Non, ce qui m'intrigue c'est le symbole d'Anonymous, le masque dit de Guy Fawkes. Pourquoi ce masque en plastique blanc, ce sourire interlope, cette moustache à la d'Artagnan ? Et qui est Guy Fawkes ?

L'histoire commence le 5 novembre 1605, lorsque Guy Fawkes est arrêté dans les sous-sols de la chambre des Lords, alors qu'il s'apprête à faire exploser 36 barrils de poudre.
Fawkes est loin d'être un révolutionnaire, c'est un fils de bourgeois protestants du Yorkshire, converti à un catholicisme homicide par son éducation à l'école Saint Peter de York, semblerait-il. Il s'engagea dans diverses armées catholiques et pourfendit les protestants aux Pays-Bas et en Espagne, avant de retourner en Angleterre pour ourdir l'assassinat du roi. Cet événement est connu dans l'histoire et la petite histoire anglaises sous le nom de "conspiration des poudres".

Au lieu de creuser un tunnel sous la chambre des Lords, ce qui est long et salissant, Fawkes et ses complices trouvèrent à louer une cave sous le bâtiment, comme c'est pratique. Fawkes étant l'expert en explosifs, c'est lui qui était dans la crypte avec la poudre. L'histoire ne dit pas s'il avait l'intention de survivre à l'explosion, ou s'il aurait plutôt dû être le patron des terroristes suicidaires : complot, guerre de religions, attentat, explosion, coup d'état... Ca me rappelle vaguement quelque chose, mais quoi ?

Après son arrestation, Fawkes fut abondamment torturé et condamné à mort. Il se tua en se jetant du haut de la plate-forme de l'échafaud plutôt que de subir sa condamnation à être "pendu, traîné puis écartelé".

Ce qui est sûr c'est que l'attentat (raté) de Guy Fawkes n'avait pas pour but d'instaurer la souveraineté populaire ou les lendemains qui chantent, mais de remettre sur le trône une dynastie papiste. Ceci dit, on comprend que l'idée de faire sauter toute la famille royale et une bonne partie de l'aristocratie d'un seul coup ait eu de quoi séduire quelques esprits tordus.

Guy Fawkes est devenu en Angleterre une sorte d'anti-héros folklorique. Tous les 5 novembre, la Guy Fawkes night, moitié carnaval, moitié Halloween, est une fête où les enfants promènent une effigie de Guy Fawkes en demandant "a penny for the Guy", que l'on brûle ensuite sur un bûcher, accompagné de feux d'artifice.

Pendant des siècles la fête a représenté un témoignage de loyauté envers la monarchie, une mise en garde du peuple contre l'ennemi intérieur, et aussi une manifestation férocement anti-catholique. Souvent l'effigie du pape était brûlée à la place de celle de Fawkes. A tel point que George Washington, alors commandant des forces américaines rebelles, interdit les Guy Fawkes nights par ordonnance du 5 novembre 1775, comme étant insultantes pour ses alliés canadiens.

Tout comme celle des mousquetaires, l'aventure de Guy Fawkes a inspiré de nombreux romans, chansons, poèmes et tableaux. Il est représenté avec un bouc, une moustache et un grand chapeau, ce qui était la mode de l'époque, et n'avait vraiment rien d'original, comme le montre le portrait de groupe ci-dessus.

Mais quittons le sanglant XVIIème siècle pour nous rendre en 1982 dans le Northamptonshire. Le génial et peu commode écrivain Alan Moore est en train de réfléchir à un scénario de bande dessinée pour le magazine Warrior, intitulé V. for Vendetta : dans un futur proche (1997 !), après une guerre nucléaire, le Royaume-Uni est un Etat policier dirigé par le parti Norsefire. V., un mystérieux révolutionnaire masqué, se dresse contre le gouvernement totalitaire.

Le dessinateur David Lloyd lui propose de faire de V. une réincarnation de Guy Fawkes ou quelqu'un qui adopte la personnalité de Fawkes. Son idée était, d'après son propre témoignage, de donner à V. l'apparence de l'effigie que l'on brûle pendant les Guy Fawkes nights.

Des costumes et masques de Guy Fawkes étaient vendus pour cette occasion dans les magasins de farces et attrapes, en même temps que les pétards et les feux d'artifice. Malheureusement c'était l'été, et David Lloyd n'en trouva nulle part, les magasins n'en avaient pas en stock avant le mois d'octobre. Lloyd dessina donc de mémoire une version stylisée du masque en question.

D'après lui le sourire est une sorte d'accident, il n'avait qu'un vague souvenir de ce à quoi le masque ressemblait, mais il se rappelait la moustache, ce qui lui suggéra cette espèce de sourire narquois.

26 épisodes de V. for Vendetta sont publiés dans le magazine Warrior de 1982 à 1985, date de la faillite de la publication. Entre temps Alan Moore avait été embauché par l'éditeur étazunien DC Comics, qui réédita et termina la série en couleurs à partir de 1988. La série a été publiée en français en 1989 et a gagné le prix du festival d'Angoulême du meilleur album étranger en 1990. Les droits sur la création originale appartiennent à Warner Brothers, propriétaire de DC Comics depuis 1969.

En 2006, la Warner produit une adaptation cinématographique de V. for Vendetta, écrite par les frères Wachowski, fameux scénaristes de Matrix. David Lloyd le trouve "merveilleux". Alan Moore le trouve "imbécile". Moore se fâche si fort avec Warner qu'il rompt toute collaboration avec DC Comics.

N'étant absolument pas fan de comics, et encore moins de films tirés de bandes dessinées, que je trouve en général d'une indigence intellectuelle pire que les films inspirés de roman, j'ai insisté pour voir ce film, l'année de sa sortie. Je m'en souviens très bien, j'étais à Madrid. J'avais lu une critique quelque part qui disait que le film n'était pas terrible, mais qu'il était "culturellement significatif". Significatif de quoi ? Ce n'était pas clair, mais cela m'avait suffisamment intriguée.

Je me souviens avoir trouvé le film plutôt pas mal (car je suis très bon public en fait, une fois assise dans la salle) sans être transcendant, esthétiquement très réussi (tu m'étonnes), et pas particulièrement intéressant. J'ignorais bien sûr tout ce qui s'était passé avant, sans parler de tout ce qui se passerait après... Boy ! Am I glad I have seen it now ! Et le critique qui a trouvé ce film "significatif" doit maintenant être vénéré par ses pairs comme un gourou !

Pendant ce temps, tout cela n'avait pas échappé aux merry hacksters d'Anonymous, fans de comics comme tous geeks qui se respectent, qui s'échangeaient des "memes" avec la figure de V. for Vendetta sur le forum 4chan. Lorsque Anonymous décida de lancer sa première grosse attaque à la fois sur internet et dans la vie réelle, c'était pour défendre youtube contre l'église de scientologie, en 2008.

Dans le film, une foule anonyme portant le costume de Fawkes représente le soulèvement de la population contre l'oppression.


C'est donc tout naturellement que le masque fut choisi par les manifestants venus protester devant les locaux de la scientologie dans tous les Etats-Unis, à l'appel de Anonymous. Le succès de la manifestation surprit les Anonymous, qui n'avaient jusque là aucune idée de combien de gens écoutaient leurs messages. C'est une belle histoire, qui est racontée en détails dans le film "We are Legion".

Comme d'habitude, the rest is history. Le masque est devenu le symbole de Anonymous, puis de Occupy Wall Street en 2011, puis de tout le monde protestant contre tout partout dans le monde.

Les auteurs Alan Moore et David Lloyd ont accueilli avec enthousiasme cette récupération, chacun dans leur style.

Alan Moore, dans son style anarchiste baroque inimitable (et intraduisible), a écrit en 2012 : "As for the ideas tentatively proposed in that dystopian fantasy thirty years ago, I'd be lying if I didn't admit that whatever usefulness they afford modern radicalism is very satisfying. In terms of a wildly uninformed guess at our political future, it feels something like V for validation."

Lloyd, qui montre dans les interviews une exubérance bon enfant, trouve tout ça "fantastique".
Il a rendu visite aux campeurs de Zucotti Park en 2011, à l'invitation d'auteurs de BD qui ont créé Occupy Comics, un groupe qui publie des comics inspirés par le mouvement Occupy. Deux numéros sont parus en 2012 sur internet, et le groupe s'enorgueillit de compter parmi ses membres à la fois David Lloyd et Alan Moore, ainsi que le monument vivant Art Spiegelman.

Encore une bien belle histoire. Mais moi, vous me connaissez, je suis pragmatique. Je voudrais aussi savoir d'où viennent les masques de Guy Fawkes.

Les ventes de masques de Guy Fawkes sont estimées à plus de 200.000 par an (seulement ceux qui sont fabriqués sous licence). Time Warner, la maison mère de Warner Bro., en tant que propriétaire des droits sur le design, encaisse une pourcentage sur chaque vente. L'ironie de la situation ne vous aura pas échappé.

Les masques sont fabriqués par Rubie's, la plus grosse entreprise de déguisements au monde. Rubie's est une société fondée en 1951 par Rubie and Tillie Beige (c'est leur nom) dans le Queens à New York sous le nom de Rubie's Candy Store, magasin de bombons et de farces et attrapes. C'est aujourd'hui une puissante multinationale qui appartient toujours à la famille Beige.

Déjà en 2011, Howard Beige (je ne m'en lasse pas) directeur exécutif de Rubie's, déclarait au New York Times vendre plus de 100.000 exemplaires par an de Guy Fawkes, comparé à environ 5000 exemplaires par an pour les autres masques. Il disait aussi que les masques étaient fabriqués "au Mexique et en Chine".

Hum, well, why not ? Tous les produits de consommation de masse sont fabriqués en Chine : les tours Eiffel en plastique, les bustes de Lincoln, les boules à neige du Taj Mahal. Les drapeaux à l'effigie de Che Guevara.

Nous savons déjà que les grossistes ne sont pas particulièrement adeptes de la transparence en ce qui concerne les conditions de fabrication de leurs produits. Et le reporter du NY Times n'a pas jugé opportun de poser la question à M. Beige.

Tout ce que j'ai trouvé sur internet est cette photo anonyme, elle aussi. Là encore, je vous laisse apprécier l'ironie.

Conclusion : le masque de Guy Fawkes est un symbole mondial de révolte populaire tiré d'un film à gros budget d'Hollywood, version abâtardie d'une bande dessinée britannique, elle même inspirée de très loin par une manifestation folklorique qui est le lointain souvenir d'un événement survenu en 1605. Ca c'est de l'histoire de la culture populaire...



Sources : 
Wikipédia, Wikimedia Commons
Interview de David Lloyd dans le International Business Times, 11 juin 2013
http://harpers.org/blog/2007/11/happy-counterterrorism-day/
http://www.findingdulcinea.com/news/on-this-day/November/Gunpowder-Plot-Foiled.html
Moore slams V. for Vendetta movie, Comic Book Resources, 23 mai 2005
Dozens of masked protesters blast Scientology Church, The Boston Globe, 11 février 2008
V for Vendetta and the rise of Anonymous, by Alan Moore, BBC news, 10 février 2012
Masked Protesters Aid Time Warner's Bottom Line, The New York Times, 28 août 2011
http://www.retail-merchandiser.com/index.php/reports/licensing-reports/676-rubies-costume-co-inc

samedi 23 février 2013

Prémonition de la guerre civile


Salvador Dali et Gala quittèrent Port-Lligat au début de 1936 pour l'Italie, puis la France et l'Angleterre. C'est à Londres que Dali appris le meurtre de l'amour de sa vie Federico García Lorca le 19 août 1936 à Grenade. 

Ce tableau intitulé Construction molle aux haricots bouillis - Prémonition de la guerre civile fut commencé à Paris en 1936. Voici ce qu'en dit l'auteur lui-même : 

" J'ai montré un vaste corps humain éclatant en excroissances monstrueuses de bras et de jambes se déchirant les uns les autres dans un délire d'autostrangulation. À l'arrière-plan de cette architecture de chair frénétique dévorée par un cataclysme narcissique et biologique, j'ai peint un paysage géologique qui avait été inutilement révolutionné par des milliers d'années, figé dans son 'cours normal'. La structure molle de cette grande masse de chair en guerre civile, je l'enjolivai de quelques haricots bouillis, car on ne pourrait imaginer avaler toute cette viande inconsciente sans la présence, aussi peu inspirante soit-elle, de quelques farineux et mélancoliques légumes " .


On y reconnait l'inspiration des oeuvres de guerre de Goya, Le colosse, Saturne dévorant ses enfants, Désastres de la guerre. Certains voient dans l'espace vide au milieu du tableau la forme de la carte de l'Espagne. L'homme qui se trouve à gauche est une copie d'un personnage d'une autre toile de Dali de la même année, Pharmacien Ampurdan ne cherchant absolument rien. Le paysage de fond est le même, mais traité d'une toute autre manière. C'est un paysage de l'Empordà, nord de la Catalogne espagnole, région natale de Salvador Dali.

Construction molle aux haricots bouillis est une huile sur toile qui fait presque parfaitement un mètre carré (100 x 99 cm). Elle appartient au Musée d'art de Philadelphie (qui est magnifique, je l'ai visité jadis). Elle se trouve à Paris jusqu'au 25 mars 2013 pour l'exposition Dali à Beaubourg.

Mise à jour : On peut voir cette oeuvre à Madrid, au Musée d'art moderne Reina Sofia, du 27 avril au 3 septembre 2013.


Sources : Wikipédia
http://www.lankaart.org/article-salvador-dali-premonition-de-la-guerre-civile-54769019.html
http://www.angelfire.com/pa2/dali/constructiontxt.htm
http://www.philamuseum.org/collections/permanent/51315.html?mulR=20461|2
http://www.museum-folkwang.de/index.php?id=8&L=1

dimanche 9 décembre 2012

Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au Sultan de Turquie


Les Cosaques Zaporogues sont un peuple qui combattit pour son indépendance, guerroya avec les Tatars, les Polonais, les Ottomans, les Russes, les autres Cosaques, et généralement se rendit insupportable entre 1552 et 1775, sur les rives du Dniepr inférieur, quelque part entre les actuelles Dniepropetrovsk et Nikopol, au nord de la mer d'Azov, je ne sais pas si vous situez, demandez donc à Google (ou à Gogol).


Le sultan Mehmet IV
La lettre au Sultan est de loin l'épisode le plus fameux de l'histoire de la Zaporoguie. Elle fait partie comme qui dirait des contes et légendes d'Ukraine. En 1676, alors que les Zaporogues viennent de remporter une importante victoire contre les Turcs, le sultan Mehmet IV, empereur des Ottomans, leur adresse la missive suivante, non dépourvue d'arrogance, il faut bien le reconnaître* :
"En tant que sultan, fils de Mahomet, frère du Soleil et petit-fils de la Lune, Vice-roi par la grâce de Dieu des royaumes de Macédoine, de Babylone, de Jérusalem, de Haute et Basse Égypte, Empereur des Empereurs, Souverain des Souverains, Invincible Chevalier, Gardien indéfectible jamais vaincu du Tombeau de Jésus Christ, Administrateur choisi par Dieu lui-même, Espoir et Réconfort de tous les musulmans, et très grand défendeur des chrétiens, J’ordonne, à vous les Cosaques zaporogues de vous soumettre volontairement à moi sans aucune résistance."
Signé : Sultan Mehmet IV


Les Zaporogues, ça les fait hurler de rire. Ils décident aussitôt de répondre à l'effronterie du Sultan par une lettre qui est certes fort injurieuse, mais qui, si l'on regarde bien, répond point par point à celle du Sultan.

"À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut ! 
Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ? 
Le Diable chie, et ton armée mange. 
Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi. 
Toi, marmiton de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, enculeur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même, 
Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul de jument, bâtard de boucherie, front pas baptisé, baise ta propre mère ! 
Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous produit d'avorton ! 
Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs. 
Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !! 
Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !"
Signé : le Koshovyj Otaman Ivan Sirko et toute l'Armée Zaporogue


Voila qui est bien envoyé, même si l'affaire du hérisson me laisse un peu perplexe.

Le peintre russe Ilya Repine, dans un tableau géant (2m03 x 3m58) commencé en 1880 et terminé en 1891, imagine de manière plutôt baroque les Zaporogues en train d'écrire la lettre. Ivan Sirko, Otaman, c'est-à-dire chef militaire, et kharakternik, c'est à dire Chaman, des Zaporogues, celui qui fume la pipe en roulant des gros yeux, écoute ses officiers dicter la lettre en rivalisant de grossièreté. Tout le monde se marre, même le scribe a du mal à garder son sérieux, comme on le voit dans ce détail.

De fait, Repine présentait son tableau comme une étude du rire.
Le Tsar Alexandre III le lui acheta 35000 roubles, ce qui en fit le tableau russe le plus cher de son temps.
Il se trouve aujourd'hui au Musée russe de Saint-Petersbourg.

Plus tard, Guillaume Apollinaire livra aussi son interprétation de la lettre au Sultan, sous le nom de "Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople", dans le recueil de poèmes "Alcools" paru en 1913.


Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes Sabbats

Poisson pourri de Salonique
Long collier de sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique

Bourreau de Podolie Amant
Des plaies et des ulcères
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments


Et c'est ainsi que l'on peut rester dans l'histoire, sans pyramide ni monument, sans même un livre, mais seulement avec une lettre, et d'injures qui plus est...



*J'ai un peu arrangé la traduction de Wikipédia

Sources : Wikipedia
http://surfacefragments.blogspot.com/2012/06/zaporozhian-cossacks-by-ilya-repin.html

samedi 1 septembre 2012

L'atelier de Bazille


Portrait de Bazille par Auguste Renoir
Issu d'une famille de notables montpelliérains, Bazille s'installe à Paris en 1862 pour suivre des études de médecine avant d'opter pour la peinture (ce qui n'est peut-être pas une très bonne idée au vu du résultat, mais cette opinion n'engage que moi).

A l'atelier de Charles Gleyre, il se lie d'amitié avec Monet, Renoir et Sisley qui partagent son admiration pour Manet. L'atelier de Bazille laisse entrevoir les relations et l'intimité qui unissent ces artistes précurseurs. La scène se situe dans l'atelier de la rue de La Condamine que Bazille partage avec Renoir du 1er janvier 1868 au 15 mai 1870. 

Au centre se trouve Bazille, palette à la main. Mais comme ce dernier l'écrit dans une lettre à son père : "Manet m'a fait moi-même". On reconnaît en effet la facture vigoureuse de Manet dans la haute silhouette élancée du jeune homme. 

Manet, justement, coiffé d'un chapeau, observe la toile placée sur le chevalet. A droite, Edmond Maître, ami de Bazille, est assis au piano. Au-dessus de lui, une nature morte de Monet rappelle que Bazille aidait financièrement ce dernier par des achats. 

Les trois personnages de gauche sont plus difficilement identifiables. Il peut s'agir de Monet, de Renoir ou encore de Zacharie Astruc... En entourant Manet et ses admirateurs de certains de ses tableaux refusés au Salon "La toilette" (Montpellier, musée Fabre) au-dessus du divan et "Le pêcheur à l'épervier" (Zürich, Fondation Rau) à gauche, en haut, ou encore vraisemblablement un "paysage avec deux personnages" refusé à Renoir au salon de 1866 (la grande toile encadrée à droite de la fenêtre), Bazille exprime ses critiques envers l'Académie et affirme sa propre vision de l'art. Quelques mois plus tard, sa mort au cours des combats de la guerre franco-prussienne devait faire de cette oeuvre un émouvant testament.

La toile mesure 98 sur 128,5 cm et se trouve au Musée d'Orsay.

Dans la rue de la Condamine, Paris XVIIème, on trouve aujourd'hui une galerie de... street art, Ligne 13.





Sources 
Tableaux : Wikicommons 
Texte : http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees 
Photo Ligne 13 : Jocelyn Berthier

lundi 30 mai 2011

Vacances à Rome

Pas d'articles au mois de mai, pour cause de vacances.
En échange, un album photo des plus classiques.
Rome


dimanche 28 juin 2009

Miss C. meets Miss T.


Miss Tic est bien Sympa Tic. Je suis tombée sur elle hier à Saint-Germain-des-Prés.
Elle m'a donné une sorcière sur son balai, elle a tout de suite vu à qui elle avait affaire...
La pensée profonde misstique (c'est pas facile à lire) c'est "Un rémède à l'amour, aimer encore". Ouais, bon. Je suis pas forcément convaincue. On en reparlera à l'occasion, entre Miss...

lundi 22 juin 2009

Brazilian pics

Un tuyau en guise de préface : le titre de cet article est écrit en anglais, raison pour laquelle le Brésil arbore un Z. Dans toutes les autres langues d'alphabet latin à ma connaissance, notamment en brésilien*, le Brésil s'écrit avec un S. Rien n'exaspère plus les Brésiliens que de voir écrit Brazil à la place de Brasil, meu pais tropical etc.

C'est un truc pour se faire casser la gueule.** Comme la plupart des sud-américains, les Brésiliens sont nombreux à perdre leur sens de l'humour lorsqu'ils sont confrontés au gringocentrisme...

Après ces précautions verbales, voici des albums, ou alba, photos de MissCelaNeus publiés sur Fesse Bouc et que de par ce fait, comme disent les handicapés de la syntaxe, tous mes nombreux lecteurs n'ont pas eu l'occasion de voir. Le lien est sur la photo.












*Oui amis internautes, le brésilien est une langue qui n'est pas le portugais, au moins sur internet. J'en ai fait l'amère mais saine expérience : les applications écrites pour le web en portugais du Portugal ne fonctionnent pas au Brésil. Les noms des commandes ne sont pas les mêmes.

** Merci à Eugène Zéro pour le témoignage de première "main".

jeudi 23 avril 2009

Aventures dans les bibliothéques numériques

Dans son aspiration à voyager toujours plus léger, car son balai volant ne supporte pas des masses de poids, ni même des poids de masses, MissCelaNeus est partie faire un tour des bibliothèques numériques (en anglais "digital libraries", attention double faux ami qui n'a rien à voir avec les librairies ni avec vos doigts).

Ce n'est pas très au point, mais ça va venir.

J'ai visité par ordre d'apparition les bibliothèques de la France, de l'Europe, du Monde et du Mec-tout-seul-dans-son-garage.

Je préviens qu'il faut avoir une connection internet quand même assez costaud. Les gens raccordés au net par les toiles d'araignées, ou qui habitent à Conakry par exemple, empruntent les liens à leurs risques et périls...


Gallica, base de données de la BNF.
Déjà, le site s'ouvre une fois sur deux...

J'ai aimé les propositions sur la page de garde : un personnage, un sujet, un événement (avec deux accents aigus, merci la BNF), un lieu. C'est idéal pour muser à la recherche de ce que l'on ignorait ne pas savoir.

Très bien, j'ai choisi comme sujet la politesse. 9705 résultats. Jusqu'ici tout va bien.
Regardons un manuscrit : Modèles de lettres de politesse à usage des fonctionnaires. Oups, c'est en chinois... Mais les photos du manuscrit peuvent être enregistrées.

Cherchons autre chose : Politesse oblige / savoir-vivre au XXIème siècle, par la Princesse Hermine de Clermont-Tonnerre, Coll Archipel 2003. Aah ! Voila un ouvrage édifiant !

Mais pour le lire on tombe très vite dans un site qui s'appelle Cyberlibris Famili (déjà rien que le nom ça me plaît pas !) qui vous demande un abonnement de 1,49 € euros par mois. Et puis quoi encore.
On peut feuilleter, et lire avec de bons yeux, les dix premières pages. L'interface qui permet de voir les pages tourner est très joli.
Mais ce n'est rien d'autre qu'un teaser pour faire gagner de l'argent à Cyberlibris, consortium d'éditeurs, pardon, e-distributeur. Sur la page d'accueil de ce dernier il y a les livres les plus lus. N'y allez pas, c'est déprimant. Leurs clients doivent être des gens qui habitent très loin à la campagne ("Réussir son entreprise", "20.000 manières de rendre une femme heureuse"...), ou alors très loin dans le passé ("Prénoms français", "Méditations chrétiennes")...


Le fameuse bibliothèque européenne qui a ouvert l'année dernière et crashé immédiatement. C'est un prototype, qui doit ouvrir de nouveau officiellement en 2010, mais ce n'est pas écrit, sauf de discrets "beta" par-ci par-là. La plupart des pages ne sont accessibles qu'en anglais, et ne fonctionnent pas d'ailleurs. Pourtant c'est très franco-allemand, comme tout ce qui est européen. Valable pour les collections du Louvre et du Rijksmuseum.

Une bonne idée, les documents qui défilent sur la première page, sauf que pour l'instant ils ne défilent pas car ils ne sont que quatre... Mais le site progresse à grand pas puisqu'il fonctionne déjà infiniment mieux que la semaine dernière !
Intéressant aussi pour savoir exactement où se trouve un tableau, et ses dimensions réelles (à condition qu'il soit dans la base, évidemment). Les images sont enregistrables. Plus une pinacothèque qu'une bibliothèque pour l'instant, donc.


La WDL pour les intimes a ouvert le 21 avril 2009. Welcome ! Et n'a pas crashé car au lieu de charger un million de documents sur une structure vacillante, ils ont fait le contraire. Ils ont chargé quelques documents (1170) pour commencer sur un site magnifique et performant.

Les documents sont présentés sur une carte du monde, puis classés par thème ou par date ou par lieu ou par catégorie ou par institution dans laquelle ils se trouvent (les classifications se combinent entre elles). Rien qu'avec ça, il y en a pour des jours de visite.

Nous avons testé le Brésil, c'est somptueux. Des gravures, des livres anciens avec toutes les pages en pdf, zoom de la mort, plein écran, et même share, tout le confort moderne.
Avec le widget "similar items" on se retrouve vite à Singapour...
Particulièrement agréable pour les photos anciennes.

Long life WDL, preuve qu'il faut reconnaître une chose aux Américains, ils sont plus pragmatiques que les Européens...


SAMI.IS.FREE Bibliothèque virtuelle : indépendant, clandestin, anti-copyright

Auteurs tirant vers l'anarchisme de gauche bon vivant (Rabelais, Proudhon, Debord). Textes intéressants dont l´immortel "Why I am not a Christian" de Bertrand Russell.
A one man struggle against copyright !
Amusant, fonctionne parfaitement, est visiblement condamné de temps en temps à retirer certains ouvrages... On ne titille pas impunément Amazon.

Bilan des courses : soyons réalistes, ce n'est pas demain la veille que nous pourrons lire gratuitement à la bibliothèque virtuelle des romans et essais contemporains.

Les bibliothèques virtuelles restent donc le paradis des amateurs de littérature classique, de photos et de gravures anciennes ; ce qui n'est déjà pas si mal.

Related item : avez-vous visité le fonds Life Magazine de photographie ? C'est chez Google, so you know, it works...

mercredi 15 avril 2009

Sorcière et magicien : Miss Tic chez Leroy Merlin !


Une nouvelle bonne raison d'arracher le papier peint démodé, le crépis sale, les lambris moisis ou les carreaux fendus de nos maisons pour avoir des murs bien lisses et bien blancs : Miss Tic vend des adhésifs géants chez Leroy Merlin !

Incroyable !
Bon elle a le droit de gagner sa vie la pauvre femme, mais je ne sais pas si c'est une bonne stratégie si elle veut à la fois vendre des oeuvres originales (ou au moins numérotées) sur papier dans les galeries d'art...
Ma réaction de fan est : c'est génial ! J'en veux !

Mais ma réaction de preneuse de tête est : pourquoi pas des adhésifs de Warhol ? de Renoir ? de Rembrandt ?

Ce à quoi je me réponds aussi sec qu'on vend bien des posters de Renoir à Conforama...

Bref ça m'interpelle ...

dimanche 18 janvier 2009

Vente de la collection Yves Saint Laurent



Pierre Bergé, la veuve d'Yves Saint Laurent, vide leurs deux appartements rue Bonaparte et rue de Babylone, et organise un grand vide-grenier chez Christie's au Grand Palais. Le produit de la vente est estimé entre 200 et 300 millions d'Euros. L'affaire du siècle, on en parle même dans Vanity Fair (The Things Yves Loved, Janvier 2009).

VENTES au Grand Palais

Lundi 23 février à 19h : Art Impressionniste et Moderne
Mardi 24 à 14h : Tableaux et Dessins Anciens, Tableaux du XIXè siècle
Mardi 24 à 15h : L'orfèvrerie et les Miniatures
Mardi 24 à 18h : Arts Décoratifs et Art Premier
Mercredi 25 à 14h : Sculpture
Mardi 24 à 19h : Céramiques, Mobilier, Asie, Islam & Archéologie

EXPOS PUBLIQUES au Grand Palais

Samedi 21 février : journée et soirée
Dimanche 22 : journée et soirée
Lundi 23 : matin et début d’après-midi


Mais à mon avis il aurait mieux fait de faire visiter les appartements avant qu'ils soient démantibulés. Bien sûr il n'aurait pas pu recevoir 100.000 personnes par jour comme au Grand Palais, mais il aurait pu faire des visites sur rendez-vous pendant quelques semaines, montrer au peuple l'habitat des aristocrates du Faubourg Saint-Germain, comme au Musée de l'Homme on montre celui des pygmées.

Dans un pays où l'ascension sociale dans l'ameublement commence à Ikea et finit à Roche-Bobois, et où les magazines de décoration photographient le même canapé beige depuis vingt ans, leur intérieur paraît étrange et vaguement repoussant. (Les photos se trouvent sur le communiqué de presse de Pierre Bergé et Associés.)

Il représente une façon de vivre que l'on croyait disparue avec Marcel Proust, le dernier reporter chez les riches Parisiens. Bien sûr Oriane de Guermantes n'aurait certainement pas voulu de Fernand Léger ou de Mondrian dans son salon, encore que, qui sait ?

Le goût français, c'est ce que l'on obtient en France avec beaucoup d'argent, de temps, et de culture.
Il a été une certaine référence depuis disons le 17ème siècle.
Il est significatif que les appartements des aristocrates et grands bourgeois du Faubourg appartiennent maintenant au Musée.

On pourra sans doute bientôt admirer le style des Chinois qui ont l'argent, le temps et la culture pour s'y consacrer. Sans doute leurs intérieurs seront-ils tout-à-fait différents.

lundi 17 décembre 2007

Miss Tic

Une brune avec une petite robe noire, toujours la même, et toujours différente. Parfois (souvent) elle enlève la robe. Sa lingerie est aussi noire que ses desseins. C'est Miss Tic la sorcière.
Une expo des meilleures photos de pochoirs glanées non pas dans les rues de Paris mais sur Google image, c'est moins fatiguant.
Respect au club des amateurs qui eux arpentent Paris pour prendre, rassembler et mettre en ligne les photos : http://www.flickr.com/groups/misstic/pool/
Si le diaporama est flou ou se charge mal, afficher l'album.



Mais ma collèque est déjà périmée car depuis Miss Tic s'est embourgeoisée, elle a un site officiel, elle expose au Ministère des Finances ! Elle vend des produits dérivés !!

Bref les sorcières ne sont plus ce qu'elles étaient...