lundi 28 décembre 2009

Le banquet révolutionnaire de Château Rouge

Il n'y a pas de rue du Château-Rouge, ni vraiment de quartier, c'est juste le nom d'une place et de la station de métro qui permet de plonger, ou plutôt d'émerger directement dans la foule des vendeurs de fruits exotiques, tilapias, ignames, Subutex, bagues en vrai or, lunettes Chanel, héroïne, ceintures Gucci, sacs Vuitton, cigarettes Marlboro, pamphlets de Frantz Fanon, hachich, journaux kabyles, casse-croûtes tunisiens, audio-cassettes de prédicateurs salafistes, valium périmé, plats à couscous, produits miracles pour blanchir la peau, wax véritable, maïs grillé, kebab, crack et j'en passe, tout ce qui fait l'identité française de la Goutte d'Or et le charme du "marché exotique" de la rue Dejean.
Mais dans le temps il y avait un château, et il était (plus ou moins) rouge. Bon ici on ne voit pas bien mais il était censé être en pierre blanche et brique rouge, rappelant la Place des Vosges, ce qui avait alimenté la légende qu'il avait été construit par le Vert Galant pour Gabrielle d'Estrées. Mensonge, car la belle Gabrielle n'aurait jamais habité dans ce quartier perrave, et de toutes façons la construction du château date de 1780.

Le premier propriétaire de l’endroit, était un certain M. Christophe, subdélégué de l’intendance de Paris. Puis M. Jean Feutrier, directeur des impôts du Département de la Seine, métier rémunérateur, lui succéda. L'un de ses fils, Jean-François Hyacinthe, devint évêque de Beauvais et donna son nom à une rue de Montmartre. Le Roi (d'Espagne) Joseph, frère de Napoléon, y signa sa capitulation devant les Prussiens en mars 1814. Les Feutrier reprirent ensuite possession du domaine.
Le château, laissé à l’abandon, devint ensuite la propriété d’une ancienne vendeuse à la toilette, c'est-à-dire revendeuse de parures d'occasion, prêteuse sur gage, ou éventuellement usurière, une certaine Mlle Ozanne, qui y nourrissait des troupeaux de chats.
Le domaine, qui comportait un vaste parc entre les actuels boulevard Barbès et rue de Clignancourt, fut découpé et mis en vente par lots en 1844, ouvrant les rues Poulet et Custine. Un M. Boboeuf acheta le bâtiment et ce qui restait du terrain pour en faire le "bal du Château-Rouge". C'était la mode des bals populaires dits champêtres aux portes de Paris, où les bourgeois venaient s'encanailler (la canaille était l'ancêtre de la racaille), danser la polka et la mazurka, danses de couple autrement plus affriolantes que les contredanses où tout le monde se tenait en rang d'oignon.

Tout ceci nous amène en 1847.
La France de Louis-Philippe ploie sous la corruption, la crise industrielle et financière, les mauvaises récoltes, le chômage. La misère s'installe chez les ouvriers, la famine menace. Les Républicains, déçus par les résultats des élections censitaires d'août 1846, cherchent à faire campagne en contournant l'interdiction des réunions publiques instituée par Guizot.

M. Laurent-Antoine Pagnerre, sympathique libraire-éditeur, est secrétaire du Comité central des électeurs de l'Opposition du département de la Seine. Il réunit chez lui les opposants de toutes tendances et rédige une pétition appelant à la réforme électorale et parlementaire. C'est lui qui a l'idée, pour réunir des milliers de signatures, d'organiser des banquets. Le premier d'entre eux a lieu le 10 juillet 1847 au Bal du Château-Rouge. 1 200 personnes y participent, dont 86 députés.
Adolphe Thiers, toujour faux-cul, fait savoir qu'il s'associe de tout cœur à "l'impulsion vigoureuse que l'on voulait donner à l'opinion publique", mais qu'ayant été dans le passé chef du gouvernement de Louis-Philippe, il ne juge pas convenable de s'associer à une réunion où probablement certains orateurs attaqueront le règne de Louis-Philippe tout entier.
Quant aux rouges Armand Barbès et Auguste Blanqui, ils sont en prison...

"Le temps était splendide, raconte Garnier-Pagès député de la Sarthe, un des organisateurs. Amolli par la brise du soir, le soleil projetait sur la salle du banquet des flots mêlés de lumière et d'ombre. Autour de quatorze tables déroulées sous une vaste tente, se pressait l'assemblée (...). La musique, jetant aux vents du soir les plus beaux chants de la Révolution, célébrait cette double fête de la nature et de la pensée."

La campagne des "banquets républicains", appelés plus tard banquets révolutionnaires, a commencé. 50 banquets furent organisés dans toute la France, au cours des six mois suivants, réunissant plus de 20.000 personnes. Enfin, le 21 février 1848, le Préfet de Paris interdit un banquet prévu pour le lendemain aux Champs Elysées. Le 22 février, la foule se réunit sur la place de la Madeleine, and the rest is history, notamment la remarquable Histoire de la Révolution de 1848, par Daniel Stern, nom de plume de la Comtesse Marie d'Agoult.

C'est également Montmartre qui vit en juin les derniers soubresauts de cette révolution. A la fin de l'insurrection ouvrière, après que les barricades du faubourg Saint-Antoine et du faubourg Saint-Martin eurent été renversées par l'armée, les combats continuèrent à la Chapelle et à la Goutte d'Or, devenues depuis quelques années des quartiers ouvriers. Le Château Rouge fut réquisitionné pour cantonner l'armée. Les derniers insurgés tentèrent de se réfugier dans les carrières de Montmartre. L'armée les poursuivit dans le dédale des souterrains, et plus d'une centaine d'hommes y fut massacrée. Le général Cavaignac refusa d'indemniser Boboeuf (you know, the propriétaire) pour les dommages causés par les troupes, ce qui entraîna sa faillite.

Le Bal du Château Rouge continua néanmoins de prospérer jusqu'à 1871, où une autre révolution eut définitivement raison de lui.
Le place des Hirondelles se situait au carrefour des rues de Clignancourt, Poulet, Myrha et Christiani. Ce nom ancien - le lieu n’a plus de nom aujourd’hui - lui venait de la Compagnie de l’Hirondelle dont les fiacres déposaient, en bout de ligne, les Parisiens se rendant au bal du Château Rouge.
 
 
En août 1870, alors que commence le siège de Paris par les Prussiens, le Château Rouge est à nouveau transformé en caserne, cette fois pour la garde nationale, c'est-à-dire les milices levées dans la population parisienne.
Le 18 mars 1871, jour où éclate l'insurrection de la Commune, lorsque le général Lecomte, qui a conduit les troupes du gouvernement de Thiers à l'assaut de Montmartre, est fait prisonnier par les habitants et les gardes nationaux, c'est au Château Rouge qu'il est d'abord amené. Du Château Rouge, il sera conduit en début d'après-midi jusqu'à un autre poste de la garde nationale, en haut de la Butte, où il sera fusillé.
 

Le Château Rouge ne se relèvera pas des événements de 1870 et 1871. Le bal survivra encore quelques années puis fermera. En 1881, une société immobilière rachète et démolit le bâtiment et le parc et fait construire à la place, par les architectes Richelieu frères et Cabon, treize immeubles de rapport. On peut encore les voir, avec leurs façades identiques à peu de chose près, du 42 au 54 de la rue de Clignancourt et du 7 au 13 bis de la rue Custine.
 
 
Sources :
Maurizio Gribaudi, Michèle Riot-Sarcey : 1848, la révolution oubliée. Ed. La Découverte, 2009
Hélène Landre : Laurent-Antoine Pagnerre (1805-1854) : Le combat pour la République d'un libraire éditeur oublié : http://www.rouen.iufm.fr/publication/TRAMES/trames10/tr10_landre.pdf
Hervé David, le vieux Montmartre, iconographie : http://www.hervedavid.fr/francais/montmartre/vieuxmontmartre.htm
Noël Monnier : http://membres.lycos.fr/dixhuit/9806-bal_du_chateau_rouge.htm
Bernard Vassor : http://www.paperblog.fr/1984635/petite-histoire-du-chateau-rouge-a-montmartre/
Passage de la Butte, Roman feuilleton, épisode n°22 : http://www.passagedelabutte.net/index.php?option=com_content&view=article&id=152&Itemid=76

vendredi 25 décembre 2009

Spécial vidéo de Noël



http://www.youtube.com/watch?v=dQKp8qJjKbE

Que ceux qui sont nés en France avant 1968 sentent certains neurones se reconnecter douloureusement dans leurs cerveaux devant cette chose dont ils avaient oublié qu'elle existait...
Que les autres se contentent d'halluciner...

mardi 3 novembre 2009

What's with the silver spoon ?

"Jezebel wasn't born with a silver spoon in her mouth
She probably had less than anyone of us."
chantait Sade Adu en 1985 dans une des plus belles chansons du XXème siècle.

Etre né avec une cuillère en argent dans la bouche ça veut dire être né dans une famille fortunée, avoir eu une enfance privilégiée, avoir hérité d'une situation sans effort, voire avoir obtenu des honneurs autrement que par ses propres mérites (je m'arrête là).

Tout le monde sait ça, de même que l'on se doute bien que les bébés ne sont pas nourris à la fourchette et que le symbole de la richesse n'est pas le formica.

Certes, mais pourquoi une cuillère en argent, et pas une timbale en or ou un hochet en diamants ? Un baby relax en vison ?

On devine qu'il y a là une histoire de cadeau de baptême. En France la coutume chez les aristos était plutôt d'offrir un gobelet en argent. Mais certaines sources (peu fiables) nous expliquent que la mode au Royaume d'Angleterre, au cours des XVII et XVIIIème siècles, était d'offrir un jeu de treize cuillers en argent représentant Jésus et les apôtres.

A l'époque, treize cuillers en argent massif représentaient une fortune (encore maintenant c'est pas donné) et seules les plus riches familles du royaume pouvaient s'échanger pareils présents.

Les moins nanties achetaient une seule cuiller, ou alors choisissaient les quatre évangélistes, qui étaient moins nombreux. Avec le temps et l'invention du snobisme, des copies en étain furent vendues aux roturiers.

Ici, cuillère en argent à l'effigie de Saint-Georges et son dragon, datée de 1600, trésor de la cathédrale d'Uppsala.

Mais il semblerait que nos obscurs et obscurantistes ancêtres moyen-âgeux avaient empiriquement découvert quelque chose avec cette histoire de cuiller en argent. La science a établi bien plus tard que l'argent était un puissant bactéricide.

Nous lisons dans Wikipédia qu'en 2008, "environ 500 tonnes de nano-argent auraient été produites, sous forme d'ions argent, de particules d’argent protéinées (silver proteins) ou de colloïdes utilisés comme biocide (1/5ème de la production, ) ou bactéricide ou pour d'autres usages dont dans le textile avec par exemple des chaussettes bactéricides et anti-odeurs. On en trouve aussi dans des cosmétiques, sprays, revêtements de matériaux métalliques (réservoirs métalliques d'aspirateurs sans sac), plastiques, vernis, peintures, plans de travail, pansements, parois de réfrigérateurs, climatiseurs, emballages alimentaires...). "

Ainsi un enfant nourri à la cuillère en argent aurait eu théoriquement plus de chances d'échapper aux microbes pas bons qu'un enfant de pauvre nourri à la cuillère en bois. L'histoire n'est pas nouvelle, les riches sont plus beaux et en meilleure santé que les pauvres.

Aujourd'hui les cuillers sont en plastique pour tout le monde, mais les petites cuillers en argent existent toujours comme cadeaux de baptême.

Et si vous avez oublié d'offrir une cuiller en argent à votre filleul pour son baptême, vous pouvez encore lui acheter des chaussettes argentées anti-odeurs pour sa majorité...

lundi 26 octobre 2009

Grandes sambas : Não Deixe o Samba Morrer


Música e letra : Edson e Aloísio
1975

Não deixe o samba morrer
Não deixe o samba acabar
O morro foi feito de samba
De Samba prá gente sambar...
Une autre chanson que tout le Brésil connaît par coeur...

Version originale avec toutes sortes d'explications et les paroles sur mon site préféré : paixãoeromance.com !


mardi 20 octobre 2009

Publicité gratuite

De nos jours plus personne ne veut travailler. Et encore moins se lever à sept heures du mat pour aller au bureau : quelle horreur !
Donc il y a des gens comme moi qui ne font rien (c'est très agréable merci), ou Juliette qui a trouvé que chercher du boulot c'était relou, à la place elle est partie faire le tour du monde (http://www.363jours.com/)
Et puis il y a ceux qui préfèrent travailler at home, en bermuda devant la fenêtre ouverte sur la baie de Botafogo, comme Pierre, qui vend des chambres d'hotel à Paris par internet :
http://www.paris-hoteis.com.br/index_fr.php
Who cares ? Me direz-vous. Car par définition aucun de mes huit lecteurs ne descend à l'hotel à Paris.
Mais voyez-vous, personne n'est à l'abri d'une relation d'affaires à l'haleine pas fraîche, d'un beau-frère odieux, d'une maîtresse envahissante ou même d'amis avec des enfants en bas âge. Pour tous ces cas embarrassants, que faire ?

So there you have it : ça existe aussi en anglais, espagnol, portugais, italien, allemand.

Please click generously...

samedi 10 octobre 2009

Tex Mex et Reconquista

What's not to love about Google ? On fait des découvertes archéologiques sans quitter son plumard.

Amadis of Gaul est un blog consacré à la traduction en anglais et au commentaire de Amadis de Gaule, publié en 1508, le bouquin d'Heroic Fantasy préféré de Cervantès.

Dans ce blog fascinant pour qui a la perversité de vouloir lire de l'espagnol médiéval ou sa traduction en anglais, on trouve des nouvelles de la sorcière "Urganda the Unrecognized", et aussi un article sur le restaurant Foster's Hollywood de la Plaza Isabel II à Madrid.
Il s'agit de l'une des quinze adresses à Madrid d'une chaîne de restaurants fondée par des Californiens installés en Espagne. Cousin pauvre (et autochtone) de Planet Hollywood, on y sert la typique nourriture de style états-unien, cheese burger, spare ribs, etc. dans un décor de faux cinéma.

Foster's a eu son heure de gloire lorsqu'un critique du New York Times qui avait peut être forcé sur le vermut avant a écrit qu'il y avait mangé "probably the best onion rings in the world".

Bref, quel rapport a priori entre ce modeste débitant de nourriture yankee et le preux chevalier Amadis ?

C'est que, nous explique Amadis of Gaul (le blog, pas le preux chevalier), ce Foster's en particulier se trouve à trois pas du Palais Royal, et, je cite : "the building it's in significantly predates the restaurant". Thank you Amadis, you just won the Prize for best understatement of the year !

Quand vais-je arriver au vif du sujet me direz-vous ? Maintenant. En descendant aux toilettes du Foster's, au sous-sol, on peut admirer ceci :

Il s'agit d'un des rares morceaux qui subsistent de la première enceinte fortifiée de Madrid, construite au XIème siècle.

Tout a commencé lorsque l'Emir de Cordoue Mohamed 1er
construisit dans les années 870 un fort sur le site de l'actuel Palais Royal, au bord d'une falaise dominant le Manzanares. Autour de ce fort un village prit le nom de Mayrit, ou Magerit en alphabet latin. On peut admirer trois cailloux qui restent d'une tour de guet musulmane dans le parking souterrain de la Plaza de Oriente, mais c'est une autre histoire.

C'était déjà le début de la fin pour Al-Andalus, et la future Madrid fut conquise par Alfonso VI de Castille et Leon en 1085, puis assiégée en vain par les Almoravides et les Almohades (les inventeurs de l'oreiller).


Pour éviter ces désagréments la première muraille chrétienne fut construite au cours du XIème siècle, à partir du fort et suivant d'abord les fortifications arabes pour englober vers le sud et l'est le modeste village et pas mal de champs de légumes, pour une superficie totale de 33 hectares.

C'est donc très peu dire que le restaurant Foster's Hollywood est significativement plus récent que le bâtiment dans lequel il se trouve. Considérant que la chaîne Foster's a été fondée en 1971 (quand même...) à vue de nez l'édifice, ou au moins ses fondations, ont 800 ans de plus !

Ah c'est ça qui fait tout le charme de la vieille Europe, des morceaux d'histoire en allant aux chiottes chez MacDo pratiquement, sans prétentions, sans vitrine et sans guide touristique.


Is it old ? Yeeees ! Veeery old !


Sources :
Amadis of Gaul : "My Walls are Fire" 30 juillet 2009
Wikipedia "Madrid" en espagnol
http://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:Muralla_cristiana_de_Madrid.jpg
http://es.wikipedia.org/wiki/Torre_de_los_Huesos_(Madrid)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Muhammad_Ier_(Omeyyade)
http://www.madridhistorico.com/seccion5_historia/index_crecimiento_medieval.php?idmapa=16

dimanche 4 octobre 2009

Gracias a la Negra...



A todos...

Somos los nietos, los hermanos, los sobrinos, el hijo de quien fue para nosotros algo más y distinto que una gran artista popular. Con ella compartimos la vida, las alegrías y las angustias privadas. Porque esa gran artista fue además nuestra abuela, nuestra hermana, nuestra tía, nuestra mamá.
Es por eso que queremos llegar a ustedes desde ese lugar íntimo, lejos de la severidad y la dureza de los comunicados oficiales: porque sabemos que también la quisieron y la siguen queriendo aún mucho más allá de la cantante y de la artista que los acompañó tantas veces, a la que han hecho parte de su familia aún sin tener lazos de sangre.

Es desde este lugar que queremos contarles que Mercedes -la mamá, la tía, la abuela, la hermana-abandonó este mundo el día de hoy. Pero también queremos decirles que estuvo siempre acompañada-inclusive cuando ya no podía saberlo- por un desfile interminable de amigos y artistas populares, y en cada uno de ellos: Ustedes. Y que a pesar de lo triste de cualquier agonía, pasó esos últimos momentos en paz, peleando aguerridamente contra una muerte que terminó ganándole la pulseada.
Por cierto estamos conmovidos y queremos compartir con ustedes esta tristeza. Aunque, al mismo tiempo, nos queda la tranquilidad de que todos hicieron lo posible- incluida nuestra Negra- para quedarse un ratito más entre nosotros.
Lo que más feliz la hacía a Mercedes era cantar. Y seguramente ella hubiera querido cantarles también en este final. De modo que así queremos recordarla y así los invitamos a hacerlo con nosotros.
Infinitas gracias por ese acompañamiento que jamás dejó de estar presente.

Familia de Mercedes

vendredi 25 septembre 2009

Trésors de la chanson française : Avanie et framboise


Introduisons une nouvelle série : après "Grandes Sambas" et "Monumentos da Bossa Nova", en l'honneur du retour au vieux pays dont les sillons sont abreuvés de sang impur (mais pas les microsillons, on espère) voici le premier numéro d'une nouvelle série, "Trésors de la chanson française".

Tous les Français ont des morceaux d'Avanie et framboise tapis dans le cerveau plus ou moins consciemment : "les mamelles du destin", "ça ne me mettait pas à l'aise de la savoir Antibaise moi qui serais plutôt pour", une association d'origine mystérieuse entre le Maine et Loire et les seins en poire, une Angevine de poitrine...

Avanie et framboise est une chanson écrite et composée par Boby Lapointe, autoproclamé cornichon et contre-péteur, né et mort à Pézenas (1922-1972), bourgade du Languedoc au nom vaguement ridicule à laquelle il alluse d'ailleurs dans la chanson.

En 1960, Boby Lapointe interprète ce chef d'oeuvre immortel dans le film "Tirez sur le pianiste". Le pianiste éponyme est Charles Aznavour. Le réalisateur, François Truffaut, craignant que la richesse du texte échappe au spectateur vu l'interprétation quelque peu hystérique de Boby, a lui-même sous-titré ce passage.
La presse de l'époque se gausse de Boby Lapointe, "le chanteur français sous-titré". Je ne vais donc pas écrire les paroles, regardez et laissez votre cerveau soupirer d'aise en déployant ses connexions neuronales entre tous les petits bouts épars d'Avanie, c'est très bon pour la santé, un remède gratos contre Alzheimer !

samedi 29 août 2009

MAM de Rio

J'ai toujours cru que le Musée d'Art Moderne de Rio, sobrement appelé MAM, était un chef d'oeuvre de Niemeyer. Pas du tout ! Que nenni !

Voila ce que c'est que de ne pas lire les guides touristiques, on ne prête qu'aux riches...




Le MAM est l'oeuvre d'un certain Afonso Eduardo Reidy, né (par hasard) à Paris en 1909, de père anglais et de mère brésilienne. Et, non, il n'a pas fait ses études à l'école d'architecture de Paris-La Seine, mais bien à l'école des Beaux Arts de Rio de Janeiro.
Il a cependant dans sa folle jeunesse (dans les années 30) travaillé avec Oscar Niemeyer ET Le Corbusier sous la direction de Lucio Costa, rien que ça, ce qui explique peut être sa générosité avec le béton.
Devenu figure de l'école carioca d'architecture, il gagna le prix de la biennale d'architecture de São Paulo en 1953, ce qui lui valut la commande du MAM en 1954.
Le site est déjà très beau, au bord de la baie de Guanabara avec vue sur le Pain de sucre, mais le bâtiment est aussi très beau, et très agréable.
L'architecture s'admire encore mieux de l'intérieur, ce qui est un coup de chance car les collections d'art moderne de leur côté font pâle figure... Mais l'escalier à lui seul vaut la visite.
Ah ! L'escalier !

jeudi 6 août 2009

Merci Léo

Ma propriétaire, ma voisine, ma soeur, mon chauffeur, ma confidente, mon escorte, ma cavalière, ma complice, ma cuisinière, mon guide touristique, ma pharmacienne, mon one-woman-show, ma lectrice, mon interprète, ma camarade de feijoada (et de caïpirinha), mon professeur, mon assistante de photographie, ma hotline, ma danseuse,
mon amie, merci !


Et à bientôt !

Posted by Picasa

lundi 3 août 2009

I'M FREE !!!

I'M FREE !!











I'm free to sleep or not, to lie or jump, to live or die, to do, to say, to write whatever the fuck I want.

Aaaah... Ca fait du bien...

dimanche 26 juillet 2009

Pour les vacances

Voici 6 chefs-d'oeuvre méconnus, à mon humble avis.
2 livres, 2 disques, 2 films.
A chercher sur internet au lieu de s'abrutir avec les blockbusters de l'été.

Je ne vais même pas faire de critiques, quand on a dit chef d'oeuvre, on a tout dit.

Boris Pasternak, Sauf-conduit, 1931
(soit 26 ans avant le Docteur Jivago...)


















Hugo Pratt, Le désir d'être inutile, entretiens avec Dominique Petitfaux, 1991





















Lizzy Mercier Descloux, One for the Soul, 1986

Enregistré à Rio de Janeiro avec Chet Baker, s'il vous plaît.


















Basia Trzetrzelewska, Time and Tide, 1987.

Pendant des années j'ai écouté ces deux albums ensemble, sur deux faces d'une cassette. Vous vous souvenez ces petites boîtes en plastique avec une bande à l'intérieur que le chat foutait en l'air en jouant avec ?













John Sayles, Lone Star, 1996





















Stephen Frears, Samy et Rosie s'envoient en l'air, 1987. Scénario Hanif Kureishi.

jeudi 23 juillet 2009

In praise of Marilyn Manson

Marilyn Manson, de son vrai nom Brian Warner (on s'en fout) n'est plus un jeune homme, il a 40 ans. Au départ c'est un type quelconque, laid et dégingandé, mais il est plutôt moins bête qu'il n'en a l'air.

Il a vendu en gros 20 millions d'albums dans le monde depuis 1994, sans compter les singles, et son treizième opus, The High End of Low, vient de sortir.

Son fonds de commerce est la provocation, on est d'accord, alors quoi de neuf depuis Kiss, Alice Cooper et Ozzie Osbourne ? Regardons mieux.

Sans même me hasarder à commenter sa musique, que personnellement je trouve très bien, quoiqu'un peu répétitive, je me suis penchée sur son style.

Marilyn Manson est un aspirateur de tendances, de détails cools, un bureau de style à lui tout seul. Depuis le pur gothique affreux de la vidéo de Sweet Dreams (1995), dans le style Sepultura, jusqu'à l'incroyable tutti frutti de This is the New Shit (2003), il a fait du chemin.

Travesti depuis toujours, il est l'héritier des véritables mods, les précurseurs des punks, qui avant de devenir des fachos bien peignés étaient des dandies, androgynes et travestis mais hétérosexuels, voire homophobes (think Clockwork Orange).

Regardez le costume de Rock is Dead et pensez à Ziggy Stardust, 1970-73.


Et le costard de mOBSCENE, n'est-ce pas le Thin White Duke ? Sauf que David Bowie, lui, avait (et a toujours) vraiment un oeil en moins !

Les personnages de Marilyn Manson, comme ceux de Bowie avant lui, sont destinés aux adolescents.

J'ai vu Marilyn Manson en concert à Paris (oui oui) et j'ai été surprise par leur jeune âge. Ils ont plutôt 13-15 ans que 18-20. Certains gamins étaient chaperonnés par un de leurs parents qui tentait de faire les mots croisés du Monde dans la pénombre et le son dévastateur (il y a des parents vraiment très cools à Paris !).

A la puberté, les adolescents ont besoin de sortir de l'imagerie en sucre rose de l'enfance : Marilyn est le remède absolu contre la mièvrerie.

Autre avantage : c'est la revanche des moches. La vidéo de Tainted Love montre une foule de gothiques déchaînés envahir et outcooler les beaux preppies blonds en veste de baseball (et se faire leurs nanas). Le fantasme ultime de l'adolescent boutonneux (qui voit l'acné sous le maquillage ?)

Mais Marilyn ratisse plus large que le mélange hard-new wave-punk-gothique. Dans Tainted Love on voit déjà des danseurs de Hip Hop, ce qui ne serait jamais venu à l'idée de Iron Maiden.
Marilyn Manson a tout récupéré : le cabaret (merci Dita Von Teese), le porno chic, le lesbian chic, le sado-maso chic. Dans This is the New Shit (my personal favourite) il décode tout et se moque de son propre style : "everything has been said before".














Il y a même des belles pépées blondes qui boivent du champagne comme dans les vidéos de rappeurs. Mais là où les rappeurs ne font rien de leurs blondasses alanguies sur des chaises longues au bord de la piscine, Marilyn leur suce au moins les orteils... fétichisme anyone ? Toujours un peu plus loin mais jamais censurable : ai-je dit que Marilyn avait oublié d'être con ?




























Pour faire monter encore la sauce, Marilyn a trouvé un allié de poids : la droite religieuse américaine. Laura Bush (ou était-ce Barbara ?) l'avait fameusement appelé "le plus grand danger pour la jeunesse américaine depuis la poliomyélite". Ce que cette phrase lui a rapporté en publicité... it's priceless.
Mais pourquoi tant de haine ?
Apologie du suicide, de la drogue, de la violence ? Rébellion ? Nihilisme ? Oui, bon, c'est du gothique, quoi. Il y en a eu d'autres avant, il y en aura d'autres après. Ce qu'une catégorie de la société américaine ne peut pas avaler, c'est le sacrilège.

Plus que sataniques, les textes (et les images !) de Marilyn sont extraordinairement, jubilatoirement blasphématoires.
Regardez les bonnes soeurs porno de Personal Jesus ou le costume de Pape de Jesus is a Friend of Mine...
Je soupçonne que ce genre est plus destiné directement à provoquer la droite religieuse qu'à amuser son public qui doit s'en foutre presque autant que nous de Jésus.






















Alors, un danger public Manson ? La plupart des plus de trente ans n'ont probablement vu Marilyn Manson qu'une fois : dans le film Bowling for Columbine. A la fin de l'interview, Michael Moore lui demande ce qu'il aurait à dire maintenant aux jeunes de Columbine ; Marilyn répond qu'il ne leur dirait rien du tout, il écouterait ce qu'ils ont à dire, ce que personne n'a fait.
J'ai du mal à croire que cette réponse soit spontanée. Même s'il elle est préparée à l'avance, elle est sacrément bonne, peut être la seule réponse possible...

dimanche 19 juillet 2009

Grandes sambas : Pra qué discutir com Madame ?

Letra e Música : Haroldo Barbosa e Janet de Ameida, 1945.
Source : Dicionário Cravo Albin da Música Popular Brasileira.

Madame diz que a raça não melhora
Que a vida piora por causa do samba
Madame diz que o samba tem pecado
Que o samba, coitado, devia acabar
Madame diz que o samba tem cachaça
Mistura de raça, mistura de cor
Madame diz que o samba, democrata
É musica barata sem nenhum valor

Vamos acabar com o samba
Madame não gosta que ninguém sambe
Vive dizendo que samba é vexame
Pra que discutir com madame ?

No carnaval que vem tambem concôrro
Meu bloco de morro vai cantar ópera
E na avenida entre mil apertos
Vocês vão ver gente cantando concerto
Madame tem um parafuso a menos
Só fala veneno meu Deus que horror !
O samba brasileiro democrata
Brasileiro na batata é que tem valor !

"Madame tem um parafuso a menos" : Madame a une vis en moins, il lui manque une case, elle est complètement toquée !

Oui, c'est bien un samba, mais j'ai pas le son pour la version enlevée chantée entre autres par Elza Soares... Ni pour la version originale en 78 tours deux titres de 1945.

Reste que la version la plus célèbre de loin est la grande Bossa Nova bien desafinada de l'unique João Gilberto
Je ne vais même pas publier les vidéos d'imitateurs, ils sont trop loin derrière...

dimanche 5 juillet 2009

Isabelle Stengers : une rafale d'air frais dans la pensée.

La Belge Isabelle Stengers a connu la gloire mondiale dans sa jeunesse en co-signant en 1979 (trente ans déjà !) avec le chimiste Prix Nobel Ilya Prigogine "La Nouvelle Alliance", dont le titre est tiré d'une citation de Jacques Monod, autre Prix Nobel :
"L'ancienne alliance est rompue. L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers d'où il a émergé par hasard."
Que du beau monde... et une bonne base de réflexion.

Mais la petite Isabelle a vite pris des chemins de traverse, peut-être à cause de sa fréquentation précoce des mandarins, et quitté ses études de chimie pour s'adonner à la philosophie. Elle est la seule personne que je connaisse qui puisse citer
Deleuze de façon à ce que je comprenne quelque chose.
Elle a co-écrit deux livres avec un autre de mes héros l'ethno-psychiatre
Tobie Nathan.

Après avoir balayé Dieu d'un revers de manche négligeant, elle a également participé à l'assassinat de Freud : "La damnation de Freud" Ed. Les Empêcheurs de penser en rond, 1997.
Le Livre noir de la psychanalyse, Ed. Les Arènes, 2005. (Isabelle je t'aime, kiss kiss).

Officiellement professeur de philosophie et d'histoire des sciences à l'Université Libre de Bruxelles, loin de devenir réac en vieillissant comme bien d'autres intellectuels de gauche que je ne citerai pas j'ai pas la place, elle a l'air de tourner carrément au rouge.

Elle étudie les confins de la science et de la société, les sujets auxquels la doxa, la science officielle, réagit mal, avec rejet ou rigidité : l'hypnose, la sorcellerie, la drogue, l'écologie...
Iconoclaste au sens noble et littéral du terme, elle s'attaque désormais directement au grand totem, le capitalisme.

Derniers ouvrages parus : - avec
Philippe Pignarre, La Sorcellerie capitaliste, Paris, La Découverte, 2005.
- La Vierge et le neutrino. Quel avenir pour les sciences ?, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2006.
- Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, Paris, La Découverte, 2008.

Avec déléctation je découvris la semaine dernière une interviou de Mme Stengers dans
Siné Hebdo, canal sécessionniste de Charlie Hebdo (publicité gratuite pour les deux, pas de jaloux.)

Laissez moi faire d'abondantes citations, des fois que le lien vienne à se rompre avec
la vidéo de Siné Hebdo où l'on voit Isabelle Stengers à 60 ans parler belge en fumant des cigarettes roulées à la main... Vous verrez que le discours d'Isabelle rafraîchit des parties de votre cerveau que les autres philosophes n'atteignent pas.
Résumé du propos en un mot réjouissant : la "récalcitrance" !

"Au cours de ma troisième année de chimie, en 1969, j'ai réalisé que j'avais appris la physique quantique comme un savoir constitué, sans en percevoir les problèmes. Lorsqu'ils se sont posés à moi, j'ai conclu que j'étais perdue pour la science. Depuis, j'ai compris que c'est une réaction typique grâce à laquelle l'ordre règne chez les scientifiques. Un vrai chercheur doit ignorer "les grandes questions" qui peuvent faire douter. Le doute y est à peu près aussi mal vu que chez les staliniens. Ceux qui vont en philiosophie sont un peu des réfugiés politiques.

[Ilya Prigogine] au moment où il tenait les résultats qui lui ont valu son prix Nobel, voulait tendre la main à l'ensemble des sciences, y compris aux sciences humaines. Mais Prygogine était avant tout un physicien. C'était mon boulot que de penser les conséquences de ses travaux. J'ai beaucoup appris, parce que ces conséquences ont été accueillies comme "le nouveau message de la physique". Or, moi, ce que je voulais faire passer, c'est la physique en tant qu'aventure humaine, pas en tant que sommet de la pensée ou source de vérité prophétique sur le monde.

Je suis très fière et heureuse lorsque mon travail donne des outils aux organisations minoritaires qui fabriquent un savoir récalcitrant. (...) Apprendre de sujets qui fâchent, c'est apprendre aussi pourquoi ils fâchent et qui ils fâchent. (...) Passer pour une provocatrice est une conséquence de mon fonctionnement, mais je me décrirais plutôt comme une récalcitrante. Si j'entrevois la direction pour éviter de penser en rond, ça fait partie de mon métier que d'aller voir par là.
...
Aux Pays-Bas, les associations de junkies, les junkies Bonden, négociaient avec la Mairie d'Amsterdam les conditions de consommation de drogues afin de réduire les risques. La qestion de savoir vivre avec les drogues a plus avancé avec ces gens dont c'est la préoccupation qu'avec toutes les expertises psychologiques, sociologiques qui la noyaient bêtement dans un problème général de mal-être.
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La grande nouveauté de ce que j'ai appelé "l'événement* OGM" réside dans le fait que les opposants ont fait bafouiller les scientifiques experts. Des citoyens ont compris puis montré qu'ils parlaient de ce qu'ils ne connaissaient pas, et même de ce qu'ils voulaient ignorer.
...
Le problème des experts, c'est qu'ils savent très bien qui les engage et ce qui sera considéré comme plausible ou irresponsable de ce point de vue. Ils vont d'autant moins ruiner leur réputation qu'il n'y a pas en général de contre-expertise. La question des OGM à Bruxelles relève du fonctionnement du marché, pas de la politique enveronnementale. Ceux qui sont nommés savent qu'il s'agit de minimiser tout obstacle à la libre circulation. Ils jouent donc avec les incertitudes pour rester plausibles.

La crise que nous connaissons actuellement n'est rien comparée aux événements* irréversibles qui arriveront d'ici peu : réchauffement climatique, pollutions multiples et grandissantes, épuisement des nappes phréatiques, etc. Le capitalisme est incapable d'apporter des solutions, seulement de transformer les problèmes en instruments de profit. Et les organisations étatiques ont renoncé à tous les moyens de l'en empêcher.

...
Il est dans la nature du capitalisme d'exploiter toutes les opportunités, et la croissance verte en est une ! Il y a fort à parier que ses conséquences seront nettement moins vertes... J'aime bien les objecteurs de croissance, mais la décroissance est une théorie triste. L'impératif de décroissance est mal défendu contre une barbarie moralisatrice techno-policière. Entre cela et la barbarie capitaliste, je demande à ne pas choisir. Comme l'a dit Deleuze : "La gauche, si elle doit être différente de nature de la droite, c'est parce qu'elle a besoin que les gens pensent." Et cela veut dire savoir que la pensée n'est pas réservée à une élite.
...

Comment lutter pour l'emploi et refuser l'impératif "relancer la croissance" ? Il ne faut pas avoir peur d'être accusé d'incohérence, d'irresponsabilité. Il faut refuser de hiérarchiser les problèmes. Ce n'est pas facile et cela demande de faire confiance aux gens, à leurs capacités de penser, d'échapper aux alternatives qui réduisent à l'impuissance. Malheureusement il y a des "responsables" un peu partout qui pensent qu'ils "savent" mais que ceux dont ils sont responsables ont besoin de croire à des solutions simples. S'ils ont raison, on est foutus. Moi je mise sur le fait que nous ne savons pas de quoi les gens sont capables, parce que ce que nous connaissons est le résultat d'une "gouvernance" qui les a systématiquement dépouillés des moyens de penser ensemble et de faire une différence collective qui compte. Notre démocratie est un art de gouverner un troupeau, et les bergers ont pour impératif d'éviter la panique.
...
Aujourd'hui, pendant les manifestations, on n'occupe pas les rues sur un mode qui donne l'appétit d'un monde différent. Je n'ai rien contre lancer des pavés, mais c'est une action individualiste. Nos moeurs politiques sont tristes : si l'expérience militante relève du sacrificiel, si la politique n'est pas source de vie, il y a une limite à laquelle on se heurtera et on le paiera chèrement."








*merci à Siné Hebdo pour les deux accents aigüs à événement, NDLR