vendredi 28 mai 2010

Hôtel Pozzo di Bongo

Au 51 rue de l'Université, au coeur de ce que Marcel Proust appelait le Faubourg Saint-Germain, et que l'on appelle maintenant le "bon 7ème", se trouve un aimable pied-à-terre de 4500 m2 entouré de 3700 m2 de cours et jardins, et connu depuis une paire de siècles sous le nom d'Hôtel Pozzo di Borgo.

L'hôtel particulier, dit d'abord de Longueil, ou de Maisons, puis d'Angervilliers, puis de Soyecourt du nom des propriétaire successifs, a été construit en 1706 par l'architecte Pierre Cailleteau dit « Lassurance ».

Pour la petite histoire à l'intérieur de la petite histoire, ce Cailleteau n'était pas un péquenaud : il a été dessinateur dans l'administration des Bâtiments du Roi dans les années 1680. On lui attribue la plupart des esquisses décoratives réalisées pour le château de Versailles et le Trianon de marbre autour de 1690, pour ceux qui aiment ce style. Officiellement élève de Hardouin-Mansart, premier architecte de Louis XIV, les mauvaises langues disent qu'il était plutôt son maître. « Hardouin-Mansart était ignorant dans son métier, et de Cotte, son beau-frère, l'était guère moins. Ils tiraient tout d'un dessinateur qu'ils tenaient clos et à l'écart chez eux, qui s'appelait Lassurance, sans lequel ils ne pouvaient rien. » rapporte Saint-Simon, le people gossip du Siècle d'Or.

Cailleteau quitta ensuite le service du Roy pour s'associer à un certain François Duret, Député au Parlement de Paris, puis président de la Chambre des Comptes, puis Président du Grand Conseil, sorte d'ancêtre du Conseil d'Etat, de 1699 à 1708. Qualifié par ses contemporains de financier, entrepreneur ou spéculateur, Duret était ce qu'on appellerait aujourd'hui un promoteur immobilier : finançant la construction de palais qu'il revendait aussi sec à la noblesse, il est en grande partie responsable de l'aspect que le faubourg Saint-Germain garde encore aujourd'hui. C'est donc pour Duret que Cailleteau construisit l'hôtel dont auquel, acquis en 1707 par Claude de Longueil, marquis de Maisons.

Enjambons deux siècles pour accueillir Carlo Andrea Pozzo di Borgo, dit Charles-André, qui nous vient d'Ajaccio comme Napoléon Bonaparte et autres plaies.
Cousin éloigné et ami d'enfance de Napoléon et son frère Joe (alias Pepe), il devint ensuite leur ennemi juré pour de sombres histoires de politique locale corse, ce qui quelque part lui rendit service puisqu'ayant débuté comme député de Corse en 1789, il dut s'exiler pendant l'Empire et réussit à se mettre dans les petits papiers du Tsar, pour revenir triomphalement à Paris à la Restauration comme Ambassadeur de Russie.

Mes relations chez les généalogistes me donnent les informations suivantes : Carlo Andrea Pozzo di Borgo, né à Alata (Corse-du-Sud) le 8 mars 1764, Chevalier de l'Ordre de Saint André et de Saint Wladimir de Russie, Chevalier de la Toison d'Or, Grand Croix de Saint Etienne de Hongrie, Grand Croix de l'Aigle Noir de Russie, Commandeur de Saint-Louis, Comte et Pair de France (Ordonnances des 15 janvier 1816 et décembre 1818), comte héréditaire de l'Empire Russe (Oukazes de S.M. Nicolas I des 22 août 1826 et 17 septembre 1827).
Oukazes de Nicolas Ier, c'est chic quand même. Ca en jette, je trouve.

En bref une belle carrière de haut-fonctionnaire, pendant laquelle il acheta la baraque de la rue de l'Université, probablement en 1814. Il y mourut en 1842, sans descendance, ne s'étant pas marié pendant toutes ses aventures.
Il avait en revanche une armée de cousins en Corse, dont Paolo Felice Pozzo di Borgo, Trésorier Payeur Général de la Corse, dit "U pagadore", mort assassiné par deux cousins corses, ça ne s'invente pas...
L'un des fils de Paolo Felice, Jérôme, épousa une certaine Aline de Montesquiou-Fezensac, un nom bien proustien.

Pour rester dans l'architecture, il semble que les Pozzo di Borgo aient eu une manie curieuse (et coûteuse) : celle de déménager non pas les meubles, mais les immeubles. Jérôme Pozzo di Borgo acheta dans les années 1840 le domaine de Montretout à Saint-Cloud.  De 1896 à 1899, il fit transférer le château à Dangu, dans l'Eure, sur un domaine qu'il avait acheté entretemps. Pour sa défense, le château de Montretout avait été incendié en 1871 pendant le siège de Paris. (Le domaine de Montretout quant à lui est, aux dernières nouvelles, toujours la propriété de Jean-Marie Le Pen, cerné par les huissiers.)

Son fils Charles Jean Félix Pozzo di Borgo, héritier du titre de Comte et de l'hôtel de la rue de l'Université, fit construire à La Punta, en Corse, un château avec les pierres du château des Tuileries, détruit aussi en 1871.
Cet épisode est particulièrement rocambolesque : ..."C’est au printemps de 1883 que le comte Charles Pozzo di Borgo acheta un lot important des pierres des Tuileries provenant des carrières de Vaugirard. Avant de déposer avec soin le lot acquis, il fit photographier sur place l’ensemble des pierres choisies. Ces pierres furent numérotées et mises dans des caisses inventoriées sur un registre. (...) On fit partir les caisses par le chemin de fer jusqu’à Marseille et on les entreposa dans les docks. Il y avait alors deux départs par semaine des bateaux à vapeur faisant le service entre Marseille et Ajaccio. L’un de ces paquebots-poste appartenait à la Cie Valéry, (dirigée par la famille de Paul Valéry), l’autre à la Cie Transatlantique. L’un et l’autre de ces courriers débarquaient sur le quai d’Ajaccio un certain nombre de caisses qui étaient ensuite transportées par charrettes au hangar de la Villeta. Il y en eut 185 en tout..."*

Mais brisons là, avant de faire une overdose de factoïdes.

Avec le XXème siècle vint la (relative) débine. Une partie du Palais fut aménagée en appartements,  loués à des travailleurs tels que par exemple Karl Lagerfeld, ou occupés par divers descendants de Charles, le déménageur des Tuileries.

On y trouvait dans les dix dernières années Philippe Pozzo di Borgo, ancien directeur délégué des champagnes Pommery (groupe LVMH), devenu tétraplégique à la suite d'un accident de montagne en 1993. Il a écrit un livre sur son expérience, Le second souffle (éd. Bayard, 2001), et on murmurait la semaine dernière au festival de Cannes que des réalisateurs français préparent un film inspiré de sa vie, sous le titre "L'intouchable". Vous me direz après ça si mes informations ne sont pas actualisées...

Comme je ne suis pas (encore) abonnée au Who's Who, je n'ai pas pu savoir où habite Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris pour le Nouveau Centre et ancien adjoint au maire du... VIIème arrondissement.

Plus glamour, Laetitia Pozzo di Borgo travaille pour Maxim's, et attire les people dans des réceptions mondaines, telles que celle-ci, relatée dans (autant aller directement à la source) Point de Vue en mai 2008.


L'avantage de ce genre de gens, c'est qu'on sait où les trouver. Par exemple dans le Figaro, qui vend la mêche en novembre 2009 : " Un lieu secret au cœur du VIIe. La famille Pozzo di Borgo a mis en vente le somptueux hôtel particulier du XVIIIe siècle qu'elle occupe rue de l'Université, et dans lequel a longtemps vécu Karl Lagerfeld. En attendant l'aboutissement des tractations, les Pozzo di Borgo (qui logent dans les étages) louent certains salons du rez-de-chaussée et son merveilleux jardin. Même si, ici, la devise en vigueur aurait quelque chose du célèbre « pour vivre heureux, vivons cachés », la privatisation est possible. Mais uniquement de bouche-à-oreille.
51, rue de l'Université (VIIe). De 15 000 à 30 000 €. "
C'est pas tellement cher, finalement, si j'avais su c'est là que j'aurais fêté mon anniversaire...

En fait, l'hôtel est proposé à la vente discrètement sous le nom d'hôtel de Soyécourt depuis 2007, par l'agence Emile Garcin (dont le site vaut le coup d'oeil) et il y a bien longtemps que les Pozzo di Borgo louent les salons d'apparat pour se faire de l'argent de poche. L'hôtel est surtout connu pour les défilés de mode, lancements de produits de luxe, Guerlain, Vivienne Westwood (photo), Ralph Lauren, Swarovski...

Plus branchées, des fêtes privées sont organisées pour divertir la jeunesse dorée, avec des attractions différentes dans chaque pièce, telles que jeux vidéo vintage, bataille de polochons dans le noir, concours de Guitar Hero, ballons remplis d'hélium, et autres joyeusetés d'un crétinisme régressif propre à distraire la progéniture dégénérée des milliardaires qui nous gouvernent.

Mais je m'égare de nouveau.

En 2007, un émir du Qatar avait signé une promesse d'achat de l'hôtel pour 100 millions d'euros, mais avait changé d'avis "abandonnant un dédit colossal" confie tout frissonnant un agent immobilier de luxe. Des minables ces émirs. Des gagne-petit.

Enfin le Canard Enchaîné du 26 mai et l'Express du 27 mai annoncent la bonne nouvelle : l'hôtel Pozzo di Borgo est vendu, et la famille du même nom sauvée in extremis de la soupe populaire. La facture est toujours de 100 millions d'euros. L'heureux acquéreur est une autre puissance pétrolière : le Gabon.

Je ne peux résister au plaisir pervers de citer intégralement le communiqué de la présidence gabonaise :

« Dans son projet de société « l’Avenir en confiance », le président de la République, S. E. Ali Bongo Ondimba, a fait le serment de restaurer l’image du Gabon à l’extérieur. Il a notamment promis d’acquérir des propriétés au bénéfice de nos Représentations diplomatiques.
En ce sens, le Président de la République Ali Bongo Ondimba vient de faire procéder, en toute transparence, à l’acquisition d’un bien immobilier à Paris, rue de l’Université, dans le 7ème arrondissement pour le compte de l’Etat.
Cet immeuble a été acquis au profit de l’ambassade du Gabon en France, pays avec lequel nous avons des liens amicaux étroits et historiques.
En raison de plusieurs évènements importants liés au rôle du Gabon sur la scène internationale, particulièrement en Europe, cette décision du Chef de l’Etat contribue à offrir à notre pays, aux résidents gabonais en France et en Europe, un espace d’échanges, de travail et d’hébergement de délégations gabonaises afin de réduire notablement les frais d’hôtel lors des missions officielles.
Cette acquisition immobilière est d’autant plus opportune qu’elle intervient au moment où l’Ambassade du Gabon à Paris connaît des travaux de réfection de longue durée et qu’il s’agit là d’un placement immobilier pour la République Gabonaise.
De même, cette acquisition s’inscrit dans la logique des décisions visant à rationnaliser et à rentabiliser l’utilisation des finances publiques à court, moyen et long termes.

Présidence de la République Gabonaise » 19 mai 2010
 
"Rationnaliser et rentabiliser l'utilisation des finances publiques." Fabuleux. Hénaurme.

On lit dans le Canard que la "République" gabonaise a également acheté "pour loger une partie des services de l'Ambassade" l'immeuble d'à coté, qui ne peut valoir moins de quelques dizaines de millions d'euros. Si on ajoute les travaux, allez, ça fait en gros 150 millions, ne mégotons pas, après tout il y va de "l'image du Gabon à l'extérieur"... Presque 100 milliards de francs CFA. Le tout sans qu'il soit prévu de vendre l'actuelle ambassade de la rue de la Bienfaisance, dans le VIIIème.

Notons au chapitre de l'économie de chambres d'hôtels que cette somme représente environ 1.500.000 nuits à l'hôtel Ibis de la Tour Eiffel, wi-fi gratuit, petit déjeuner offert, ou encore 220.000 nuits à l'hôtel Crillon, ils en ont de la chance les diplomates gabonais, ils vont pouvoir faire des économies en venant en mission à Paris pendant environ mille ans....

L’Ambassadeur du Gabon en France, Mme Félicité Ongouori-Ngoubili, ancien Directeur adjoint de cabinet du président Omar Bongo, a-t-elle supervisé cette transaction ? Percevra-t-elle une commission ? A ce prix là même 1% ce n'est pas négligeable... Aura-t-elle au moins sa résidence dans le désormais Hôtel Bongo ?
Inquiring minds want to know, comme dit l'autre.

Un peu d'histoire : en 1967, Albert Bernard Bongo dit ABB ou même Alpha Bravo deux fois par les vieux colons est porté au pouvoir par Jacques Foccart, qui d'autre. En 1973, pour fêter son entrée à l'OPEP, ABB se convertit à l'islam et se fait appeler Omar El Hadj Bongo, son fils Alain Bernard devenant Ali Ben Bongo (ce qui fait qu'il est resté Alpha Bravo deux fois, lui, dommage que le surnom soit tombé en désuétude).

Omar savait se maintenir au pouvoir mieux que moi à cheval, puisqu'il y resta jusqu'à sa mort en 2009, entouré des soins affectueux des siens, la France, la compagnie Elf, la Mairie de Paris, le Département des Hauts-de-Seine, etc... à défaut d'être soutenu par son peuple qui était occupé à crever de faim dans la dignité et la discrétion. (Au sujet de l'enterrement de Bongo voir l'article Racaille du 16 juin 2009).

Seule ombre à cette idylle,  en mars 2007 les associations Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora portent plainte auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris contre cinq chefs d’Etats africains en fonction et leurs familles, Omar Bongo, son beau-père Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Eduardo Dos Santos (Angola) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale). Ils sont soupçonnés par les trois associations d'être propriétaires en France de nombreux biens immobiliers de luxe et détenteurs d’avoirs bancaires auprès de banques françaises et/ou de banques étrangères ayant des activités en France. Sans blague. Une enquête policière est ouverte par le parquet de Paris en juin 2007, puis classée sans suite pour « infraction insuffisamment caractérisée » en novembre 2007. Sans blague 2.

Mais, rebondissement, voici que le Monde** publie en janvier 2008 la liste des immeubles appartenant à ces messieurs, telle qu'établie par les procès-verbaux de la police. La famille Bongo y tient de loin la première place. "Au total, sont répertoriés 33 biens (appartements, hôtel particulier et maisons) appartenant au Gabonais Omar Bongo ou à sa famille. (...) Le patrimoine de loin le plus imposant concerne M. Bongo lui-même. Son nom est associé à pas moins de 17 propriétés immobilières, dont deux appartements avenue Foch (88 m2 et 210 m2) et un de 219 m2 lui aussi situé dans le 16e arrondissement. A Nice, une propriété "est constituée de deux appartements (170 m2 et 100 m2), trois maisons (67, 215 et 176 m2) et d’une piscine", précise le procès-verbal."


Selon les policiers, le président Bongo dispose de quatre adresses distinctes à Paris. Ali Bongo, qui est son fils et aussi son ministre de la défense depuis 1999, est également propriétaire avenue Foch tandis que son épouse Edith possède deux immenses logements dans le 7ème arrondissement, non loin de la tour Eiffel. De Nice à Neuilly-sur-Seine en passant – souvent – par le 16e arrondissement parisien, l’enquête recense aussi les propriétés de Jean Ping, ex-gendre d’Omar Bongo et actuel ministre des affaires étrangères, et d’autres fils du président gabonais comme Omar-Denis junior et Jeff, ainsi que de filles comme Audrey, Yacine Queenie, ou petite-fille comme Nesta Shakita.

"La découverte la plus spectaculaire se situe entre les Champs-Elysées et la plaine Monceau, dans le 8ème arrondissement de la capitale. Là, un hôtel particulier a été acquis le 15 juin 2007 pour la somme de 18,875 millions d’euros par une société civile immobilière (SCI). Celle-ci associe deux enfants du président gabonais, Omar Denis, 13 ans, et Yacine Queenie, 16ans, son épouse Edith, qui se trouve être la fille du président congolais Denis Sassou Nguesso, et un neveu de ce dernier, Edgar Nguesso, 40 ans."

Omar est furax, mais ses ennuis ne font que commencer. Le 2 décembre 2008, Transparency International France, l'Association Sherpa et un citoyen gabonais, Grégory Ngbwa Mintsa, déposent une nouvelle plainte assortie d'une constitution de partie civile visant Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang ainsi que leurs entourages pour recel de détournement de fonds publics.
Le 5 mai 2009, la doyenne des juges du pôle financier de Paris Françoise Desset juge recevable la plainte, ce qui ouvre la voie à une enquête judiciaire. Cette décision est prise contre l'avis du parquet qui a fait appel le 7 mai. La magistrate a en revanche rejeté la constitution de partie civile du ressortissant gabonais Grégory Ngbwa Mintsa.

C'est la raison pour laquelle Omar Bongo, craignant d'être inquiété par la justice en France, est hospitalisé le 11 mai 2009 et meurt à une date incertaine en juin à Barcelone, au lieu de rendre l'âme à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, comme tout dictateur ami de la France qui se respecte.

Ali Bongo, fils aîné de son père, est désigné candidat par le parti au pouvoir pour l'élection présidentielle prévue le 30 août 2009. Quelques jours avant l'élection, Robert Bourgi, conseiller de Nicolas Sarkozy pour les relations avec les pays africains, fait devant la presse une déclaration d'une subtilité de Panzer :
« Au Gabon, la France n'a pas de candidat, mais le candidat de Robert Bourgi, c'est Ali Bongo. Or je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy. De façon subliminale, l'électeur le comprendra. » Subliminal, en effet.

Ali Bongo, mal élu (au scrutin majoritaire à un tour avec 41,75 % des voix) est président du Gabon depuis le 16 octobre 2009. Le "candidat du changement" a été décoré de la légion d'honneur*** par Nicolas Sarkozy lors de son (troisième) voyage au Gabon le 24 février 2010. A cette occasion, il a déclaré : “J’ai une grande confiance dans votre Président, mais je défie quiconque de penser ou de pouvoir démontrer que la France avait un candidat lors de la dernière élection présidentielle.”
Bref, le cinéma habituel.

C'est dans ce contexte que le communiqué délirant de la Présidence sur "l'acquisition en toute transparence pour le compte de l'Etat", l'"investissement immobilier" et autre "rationnalisation de l'utilisation des finances publiques" prend tout son sens. En gros, plutôt que de faire des acrobaties pour acheter un minable appart avenue Foch au nom de la petite nièce Cunégonde, autant acheter un monument historique dix fois plus cher, au nom de l'Etat, en toute transparence.
A la limite, s'il faut absolument sortir le pognon du pays, mieux vaut le mettre dans la pierre que le confier à Bernard Madoff, par exemple. Ca permet de garder l'espoir de le récupérer un jour.

Il y a des associations riches de bonne volonté et des avocats pro bono qui s'occupent de réclamer ces restitutions, après destitutions des dictateurs. Ca ne marche pas très fort.
Laissons le mot de la fin à Wikipédia :
 
En Suisse plusieurs restitutions ont eu lieu :
658 millions de dollars ont ainsi été restitués après 17 ans de procédure aux Philippines sur les fonds Marcos
2,4 millions de dollars des fonds du dictateur malien Moussa Traoré
594 millions de dollars des fonds du dictateur nigérian Sani Abacha
80 millions de dollars des fonds détournés par le clan Fujimori au Pérou

Le Royaume-Uni a restitué au Nigeria des fonds de Sani Abacha hébergés à Jersey

Les États-Unis et leurs alliés en Irak ont réalisé la plus grosse restitution en saisissant en 2003 plus de 2 milliards de dollars appartenant à la famille de Saddam Hussein, somme qui doit servir à la reconstruction de l’Irak. (Ouais, bof... NDLR)

La France, premier pays du G8 à avoir ratifié la convention des Nations Unies contre la corruption (Convention dite de Mérida, qui n'est pas en vigueur), n’a procédé à aucune mesure de restitution.


Mise à jour : Voitures de Teodorin Obiang saisies dans son appartement (enfin, le parking de son appartement) 42 avenue Foch le 28 septembre 2011. Seize véhicules de luxe, comme disent les flics, pour une valeur minimale de 5 millions de dollars... 








*Arbre généalogique de la famille Casa-Longa :  http://www.casa-longa.org/fg01/fg01_282.htm
Blog ArchiAct "Cabinet de curiosités architecturales" : http://www.archiact.fr/2008/12/pozzo-di-borgo.html

** Articles du Monde repris dans http://www.cellulefrancafrique.org/L-enquete-de-la-police-met-au.html

*** Ca vaut pas un oukaze du Tsar, mais bon, on fait ce qu'on peut...

Photos anciennes : fond d'archives du Ministère de la Culture : http://www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection&SearchableText=Soy%E9court&SearchWhere=

Pozzo di Bongo suites :
21 février 2011 http://www.gaboneco.com/show_article.php?IDActu=21623
7 mars 2011 http://www.lepost.fr/article/2011/03/07/2427413_declaration-devant-le-pozzo-di-borgo-acquis-par-ali-bongo-bientot-devant-le-cirdi.html
Xaier Harel et Thomas Hofnung : Le scandale des biens mal acquis, éd La Découverte, novembre 2011.