samedi 31 mai 2008

Paraty

Dix ans que les Brésiliens et surtout les Franco-Brésiliens me répètent tout le temps : Comment ??? Tu n'es jamais allée à Paraty ? Comme si c'était l'erreur de ma vie, pour ainsi dire un crime.
Bon, OK, après avoir choisi soigneusement le plus parfait week end de l'année, hors saison, un temps radieux (alors qu'il pleut tout le temps à Paraty, disent les mauvaises langues ), pas trop chaud, pas trop froid, pas de moustiques, nous nous embarquons en auto avec ma fidèle complice brésilienne, un vendredi après-midi.
Pour les non jet setters, Paraty est un village sur la côte à mi-distance entre Rio et São Paulo, qui a connu son heure de gloire à la fin du 17ème siècle, lorsqu'il se trouvait sur la route de l'or. De là son architecture coloniale remarquablement préservée par l'oubli et l'absence de route pratique jusque dans les années 70. Devenu villégiature pour les riches et les touristes étrangers, jumelé avec Saint-Tropez, on n'y trouve pas du tout la même ambiance, heureusement. Les rues pavées sont exemptes de Ferraris, et le port de yachts de millionaires.

Comme on est quand même au Brésil, les riches sont cachés dans les îles, et dans les propriétés aux alentours, une grande partie de la campagne avoisinante étant interdite sauf riverains.
La vieille ville coloniale est un carré d'environ un kilomètre carré composé de bars et restaurants pas vraiment enthousiasmants, de boutiques de souvenirs d'assez bon goût, et de milliers de pousadas, Bed and Breakfast, auberges.

Acheter une maison à Paraty pour louer des chambres ou vendre des articles de décoration made in India est un des rêves de gringo les plus communs, et la concurrence commence à être rude.




Une bonne nouvelle, la spécialité de Paraty est la cachaça. Les boutiques alignent mille sortes de cachaças différentes sur leurs étagères, ça fait très joli, et les vendeurs dissertent volontiers sur les différentes catégories, origines, saveurs, etc.

Nous avons découvert une liqueur de cachaça aromatisée à la banane, un truc de fille, qui fera la joie de nos longues soirées d'hiver.


Pour leur défense, les commerçants sont avenants et sympathiques, ils font volontiers la conversation sur la pluie et le beau temps, la conservation du littoral, la façon de cuisiner les aubergines, sans être pour autant envahissants. J'ai bien aimé leur attitude, je me suis étonnée qu'ils ne soient pas encore complètement blasés par les touristes, sans doute parce qu'il n'y avait pas grand monde ce jour là.



La caïpirinha N°157 dans un restaurant assez chic avec un patio charmant.
Le serveur également très sympathique et de plus joli garçon est venu me demander si sa caïpirinha était bonne. J'ai dit non. Pour être franche, je l'ai trouvée tout-à-fait dégueulasse.
Il a pris l'air à la fois peiné et incrédule de quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'être traité de cette manière par les rombières. Well, sorry Honey, mais il n'y a qu'à voir la forme du verre pour s'apercevoir tout de suite qu'il y a un problème. Et le contenant c'était pas ça non plus. J'ai fait rajouter de la gnôle et du sucre pour le rendre à peu près buvable.
Pas grave, je ferai mieux à la maison.



La carte postale de Paraty, sa petite église, ses jolis palmiers.

Row, row, little boat.

En fait il ne rame pas, les promène-couillons pour touristes ont des moteurs à gasoil qui font un bruit assourdissant. Ca ne les fait pas avancer plus vite.







Mais ne soyons pas négatifs, c'est vrai qu'il fait beau, qu'on prend le soleil sur le toit du bateau comme des pachas, et c'est bien agréable.

Mais vivre ici, comme c'est le doux rêve de plein de gens que je connais ? Not in a million years !
Voici donc la main attraction de Paraty, la promenade entre les îles.








Des résidences secondaires plus ou moins luxueuses sont construites sur les plages, il n'y a pas de route, il faut venir en bateau, les gens se déplacent en zodiac ou en hors-bord.

Apparemment il y a beaucoup de gens pour qui c'est le rêve, moi ça m'angoisserait carrément.





Enfin chacun son truc, le must c'est l'île privée, il y en a une à vendre sur internet, un million de dollars. Paraty et les environs étant à moins de cinq mètres d'altitude, avec le global warming tout doit disparaître, mieux vaut se dépêcher...












Voici le paradis sur terre, l'expérience inoubliable vantée par les agences touristiques.
Moi je dis, ça manque de Tupinambas..







De retour au port, les bateaux de pêche reconvertis en bateaux de promenade ont remplacé les caravelles, bateaux négriers, pirates, corsaires et flibustiers.











La garça, en français le héron, l'aigrette.
Une garce, une poule, une dinde, une oie, une grue. Les femmes ont eu droit à presque toute la basse-cour.
De là sans doute l'expression "traiter de noms d'oiseaux" ?
En tous cas la garce vous salue bien.









Le soir, la marée monte dans les rues de la basse ville, c'est très romantique et un petit peu nauséabond, comme partout.
La ville a vécu de la mer et sur la mer pendant 400 ans. On voit que pour les natifs, les routes c'est un truc de nazes. D'ailleurs il y en a très peu.











Autre excursion cette fois par une route fort sinueuse pour prendre l'apéro à Trindade, plage de surfeurs désertée le soir par les vagues et par les surfeurs.













Une spécialité brésilienne : le parfait café de la plage.
Tandis que la nuit tombe, nous nous livrons avec les voisins irlandais à une occupation typiquement touristique : essayer de prendre en photo les reflets de la lune sur la mer. En vain.
Les reflets ne sont pas argentés mais dorés.
C'est magique. Il faut encore faire le voyage pour le voir.

mercredi 28 mai 2008

Le Tube

Ach, j'ai beaucoup de travail et je n'ai pas le temps de vous causer mes doux agneaux.
Pour vous faire patienter voici ma chanson préférée, ça s'appelle Cabide, la chanteuse s'appelle Mart'Nália, un nom à coucher dehors je vous l'accorde.
Elle est très sympathique, ici sur youtube dans un enregistrement festif, bordélique et jubilatoire comme le sont encore les concerts dans les bars au Brésil.

Bon pour ceux qui ne voient rien de l'enregistrement public parce qu'ils n'habitent pas aux Amériques, voici l'enregistrement officiel et propre... 

mardi 13 mai 2008

Brêve d'agence

News agencies' reports are supposed to be matter-of-fact : it is very rare to find humor in them, deliberate or not. That's why I consider this one to be a delicate jewel.

LOS ANGELES (Reuters) - A California man who has defaulted on nine homes and expects banks to foreclose on all of them, forcing him into bankruptcy, says he now considers it a mistake to have invested in the real estate market.

And of course, there are The Onion's hilarious fake reports :

Number Of Acceptable Things Candidates Can Say Now Down To Four
May 8, 2008 Issue 44•19
NEW YORK—After Sen. Barack Obama's comments last week about what he typically eats for dinner were criticized by Sen. Hillary Clinton as being offensive to both herself and the American voters, the number of acceptable phrases presidential candidates can now say are officially down to four. "At the beginning of 2007 there were 38 things candidates could mention in public that wouldn't be considered damaging to their campaigns, but now they are mostly limited to 'Thank you all for coming,' and 'God bless America,'" ABC News chief Washington correspondent George Stephanopoulos said on Sunday's episode of This Week. "There would still be five phrases available to the candidates if the Obama camp hadn't accused Clinton of saying 'Glad to be here' with a little tinge of sarcasm during a stump speech in North Carolina." As of press time, the two additional phrases still considered appropriate for candidates are the often-quoted "These pancakes are great," and "Death to the infidels."



lundi 12 mai 2008

Theatro Municipal

Grand soir à l'Opéra de Rio. Pas pour voir de l'opéra, mais du flamenco, qui sied plus à ma culture hispanique et populaire. C'est surtout l'occasion de visiter le Theatro Municipal, situé dans le centre mal famé non loin de mon bureau.
On a laissé le "H" à Theatro c'est pour faire ancien. Quoique, inauguré le 14 juillet 1909, il doit être antérieur à la réforme de l'orthographe...
Joyau de l'architecture que les Brésiliens appellent aimablement éclectique, le plan est inspiré de l'Opéra Garnier, paraît-il. L'intérieur est rageusement art nouveau.
Wikipédia nous apprend qu'il est posé sur 1600 pilotis en bois plantés dans la nappe phréatique, ce qui n'est pas pour nous rassurer.
Mais enfin je l'ajoute à ma collection, j'ai vu les Noces de Figaro au Teatro Colon de Buenos Aires, Don Juan au Liceu de Barcelone avant qu'il ne fût cramé, et j'ai visité l'Opéra de Manaus, mais il n'y avait pas de spectacle quand je suis passée par là.
Nul n'étant touriste en son pays, je n'ai jamais été à l'Opéra de Paris...
Je risque en revanche de retourner au Theatro Municipal, car on murmure en ville que l'unique João Gilberto va s'y produire au mois d'août. Wait and see...





























dimanche 11 mai 2008

Salvador : Largo do Pelourinho

C'est lui le fameux Largo do Pelourinho, large rue pavée fort pentue, où traînent mendiants, vendeurs de souvenirs plus ou moins pathibulaires, hippies et danseurs de capoeira déguisés en reggae men.
Salvador est une ville noire, je veux bien, mais pourquoi cette mode des dreadlocks et des casquettes rastas ?
Ca m'agace, j'ai envie de leur dire : si tu veux faire un plan back-to-the-roots man, habille-toi en babalorisha ! C'est pas les traditions noires qui manquent dans le coin.

En haut, l'imposante fondation Jorge Amado, un mausolée à la gloire de l'écrivain plus qu'un musée, un petit peu à l'abandon. Il y a une collection de photos jaunies du maître, et des souvenirs. On y vend quand même ses livres dans toutes les langues, et la vendeuse s'y connaît dans les différentes éditions en cours et à venir.

En bas, les rues du Carmo et de Santo Antonio. L'église qui dépasse des toit c'est l'église du passo, impressionnante mais en ruines.


Le quartier est composé d'environ un tiers de maisons rénovées pour en faire des hotels, pratiquement uniquement par des étrangers. Tout le reste est à vendre et tombe en ruines.











Salvador : Terreiro de Jesus

Concert du 1er mai sur le Terreiro de Jesus, grand-place de la vieille ville, entourée d'églises et de la cathédrale.
Bahianaises rouges, drapeaux de la CUT, Central Unica dos Trabalhadores, CGT locale.



Un autre jour, plus calme.







Non loin de là, exhubérance du baroque portugais : façade de l'église de São Francisco, et da Terceira Ordem de São Francisco, la porte à coté.



Cloître de l'église São Francisco.

La véritable philosophie, c'est la méditation sur la mort.
Pois é...

Salvador : Nosso Senhor do Bonfim

La fameuse église de Nosso Senhor do Bonfim n'est pas dans la vieille ville, mais au bord de la mer, près de la plage de Boa Viagem.

Elle s'appelle comme ça soi-disant parce qu'un noble navigateur la fit construire après avoir échappé à un naufrage dans ces parages, et que son aventure avait eu une bonne fin, après avoir beaucoup prié le seigneur Jesus, on suppose.

De là la réputation d'exaucer les voeux et faire des miracles. Les ex-voto ne sont pas sculptés dans le bois à la main comme dans les églises du Minas Gerais, mais désormais produits en plastique et en série.





C'est aussi de là que viennent les fitas qui ornent les poignets de tous les babas cools du monde. Les pélerins les nouent aux grilles des chapelles en faisant un voeu.