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mercredi 3 juin 2009

La grippe éditoriale

Un nouveau péril menace l'esprit humain, le hyper-seller.
Vous connaissez l'hyper-puissance et notre hyper-président ? Meet the hyper-seller.
A coté de lui les best-sellers d'antan font figure de feuilles de chou publiées à compte d'auteur.

Le malaise m'envahit pour la première fois en lisant je ne sais quel canard portugais en 2005.
Ce canard publiait les listes de best sellers dans différentes villes du monde. On pouvait lire :
Lisbonne : N°1 Dan Brown, o codigo Da Vinci
Paris : N° 1 Dan Brown, Da Vinci Code
Madrid : N° 1 Dan Brown, El Codigo Da Vinci
New York : N° 1 Dan Brown, Da Vinci Code
Rio de Janeiro : N°1 Dan Brown, o codigo Da Vinci

Angoissant.


Je ne veux même pas rentrer dans le débat sur la valeur de l'ouvrage.
Je veux parler du phénomène éditorial.
Le dit Da Vinci Code a été vendu à 60 millions d'exemplaires dans le monde entre 2003 et 2006.
Il est traduit dans 44 langues.
En comptant les trois années suivantes, les séquelles et "préquelles", adjugeons à 200 millions.

And then came Harry Potter.

Les derniers chiffres d'édition annoncent 400 millions d'exemplaires pour toute la série.
Ce qui le place juste derrière la bible (de 3 à 6 milliards d'exemplaires vendus toutes éditions confondues depuis 1455), le petit livre rouge de Mao (entre 800 millions et 5 milliards suivant les sources, en 50 langues depuis 1964) et le coran (800 millions).
Le New York Times a dû ouvrir une nouvelle catégorie "livres pour la jeunesse" pour y mettre les Harry Potter et faire de la place pour les autres dans sa très fameuse Best Seller's List.
« Harry Potter et les Reliques de la Mort » a été vendu en France à 1 089 700 exemplaires entre le 26 octobre 2007 date de sa sortie et le 31 décembre 2007.

En réalité j'ai un faible pour J.K. Rowling, qui est restée simple et sympa même si le petit milliard de dollars que lui ont rapporté ses livres lui ont visiblement permis de s'offrir une coiffeuse, une maquilleuse, une manucure et des habits qui brillent. Elle s'adonne aussi sérieusement à la philanthropie en arrosant de millions de livres (I mean british pounds, not Potter books) des associations d'aide à l'enfance en détresse ainsi que le parti travailliste anglais...

Vous n'êtes pas encore remis de Millenium, qui commence sa carrière avec 12 millions d'exemplaires vendus en Europe (après en avoir vendu plus d'un million et demi en Suède, un pays de 9 millions d'habitants) ? Bagatelle.

Stieg Larsson ne jouera pas longtemps dans la cour des grands, d'abord parce qu'il est mort, et ensuite parce qu'il est excessivement mal traduit.

Les traductions ça fait suer tout le monde, à commencer par les Etatsuniens, qui restent les rois du bizness, même si Harry Potter est britannique au départ.

Forget it : le prochain tsunami éditorial s'appelle Twilight.

Il a déjà vendu 40 millions d'exemplaires en deux ans.

Twilight si j'ai bien compris est une série de bluettes pour adolescents où les personnages sont des vampires. Imaginez Olivia Newton-John et John Travolta en train de sucer le sang de leurs petits camarades au lieu de danser en collants roses et de chanter des conneries.

L'adaptation cinématographique du second volume, New Moon, est en train de sortir dans l'hystérie générale des 10-16 ans.
Il y a tellement de blogs uniquement dédiés à Twilight qu'il existe un classement des meilleurs Twilight-blogs dans chaque langue !
Tenez-vous bien : 30% de tous les livres vendus dans le monde au premier trimestre 2009 sont des épisodes de Twilight (je sais, c'est difficile à avaler, ce sont des chiffres publiés par les USA, je doute qu'ils tiennent compte des éditeurs indépendants anarcho-syndicalistes du Tadjikistan, par exemple).

En tous cas à vue de nez sur le web et dans facebook, la moitié des jeux, blogs, chats, fan clubs et autres couillonnades destinées aux adolescents est basée sur Twilight. Et le marketing associé est massif.

Un exemple de critique publiée sur le web, je cite : "Tout L'Univers De Twilight ; Le Guide Non-Officiel De La Saga De Stephenie Meyer : ce livre, je les acheter tous récément , et je les trouvé tous bonemen exélent!il explique l'histoir des vampire , des loup garou tous en les comparena nos personnage preferer "twilight"."

Edifiant.

Questions : faut-il vendre des livres aux illettrés ? Oui, a priori, s'ils les lisent. C'est ce qu'on disait déjà du Da Vinci Code, le livre des gens qui ne lisent jamais. Mais le lisent-ils ou l'achètent-ils seulement ? Le nom de la rose de Umberto Eco a vendu 20 millions d'exemplaires et je veux bien être Ste Thérèse d'Avila si un dixième des acheteurs l'ont lu jusqu'au bout.

Pour les adolescents c'est différent, je veux bien croire qu'ils lisent vraiment les livres qu'ils achètent, en tous cas les Harry Potter. Un point commun entre tous les hyper sellers : la magie, la conspiration, le fantastique ; faut-il élever vos enfants dans l'irrationnel ? A priori encore, personne ne s'est jeté du huitième étage à cheval sur un balai, tout comme embrasser un crapaud pour le transformer en prince n'a jamais tué aucune petite fille, à ma connaissance. Les adolescents vont-ils se mettre à mordre la jugulaire de leurs camarades de classe ? L'avenir le dira.

Jusqu'ici tout va bien.
Mon angoisse est ailleurs.
L'hyper-seller (comme l'hyper-puissance et notre hyper-président) prend toute la place.
Toute la place chez les éditeurs, dans les librairies, dans les campagnes de com, dans la presse, dans le budget livres de la ménagère.

On publie chaque année en France environ 65000 titres différents.
Sur 450 millions d'exemplaires de livres produits annuellement à fin de vente, 25 à 30 %, soit près de 150 millions sont finalement envoyés au pilon.

Moralité : 400 millions de personnes lisent quatre livres.
Quatre personnes lisent les autres 400 millions de livres.

Timeo hominem unius libri, disait Thomas d'Aquin.

Moi je dis, ça craint.


Merci à Xochipilli pour sa lecture attentive.

vendredi 6 mars 2009

The $700 trillion elephant

MarketWatch est une filiale du Wall Street Journal, qui me sert à suivre avec une jubilation suspecte voire malsaine la chute des cours du Dow Jones, du CAC 40 et de tous leurs amis.
Quand je vois sur MarketWatch un M. Kostigen qui ose intituler sa chronique Ethics monitor, déjà je ricane. Son article est fort intéressant pour tout ce qu'il dit sans le dire tout en le disant.

THOMAS KOSTIGEN'S ETHICS MONITOR
The $700 trillion elephant
By Thomas Kostigen, MarketWatch
Last update: 12:01 a.m. EST March 6, 2009
SANTA MONICA, Calif. (MarketWatch) --

There's a $700 trillion elephant in the room and it's time we found out how much it really weighs on the economy.
Derivative contracts total about three-quarters of a quadrillion dollars in "notional" amounts, according to the Bank for International Settlements.

Woa ! Hold it right there ! Three-quarters of a quadrillon ? What an amusing concept : a quadrillion seems to be 1000 trillions, ce qui fait un million de milliards, si je ne m'abuse. Nous parlons donc de 700.000 milliards.

The Bank for International Settlements, BIS pour les intimes, la voici : son siège est a Bâle, en Suisse, como no. Personne n'en a jamais entendu parler, c'est dommage, elle gagne à être connue, même si ses rapports et communiqués de presse sont un peu arides...

Pour les derivative contracts, produits dérivés en français, se taper la définition de Wikipédia. Quant à la notion (si j'ose dire) de "notional amount", même Wikipédia a un peu de mal avec la définition. Pour faire court, disons le montant théorique.

Bien, une fois tout ceci éclairé, nous pouvons continuer à lire cet article, vous allez voir ça va aller tout seul :

These contracts are tallied in notional values because no one really can say how much they are worth.

Well I for one can say how much they are worth : they ain't worth shit ! Zilch. Peanuts. Pas un clou !

But valuing them correctly is exactly what we should be doing because these comprise the viral disease that has infected the financial markets and the economies of the world.

Oh yes let's be doing it.

Try as we might to salvage the residential real estate market, it's at best worth $23 trillion in the U.S. We're struggling to save the stock market, but that's valued at less than $15 trillion. And we hope to keep the entire U.S. economy from collapsing, yet gross domestic product stands at $14.2 trillion.
Compare any of these to the derivatives market and you can easily see that we are just closing the windows as a tsunami crashes to shore. The total value of all the stock markets in the world amounts to less than $50 trillion, according to the World Federation of Exchanges.

On en déduit aisément qu'il y a quinze fois plus de produits dérivés que d'actions dans le monde. Une autre comparaison amusante : le produit national brut mondial est estimé en 2008 à 70 trillions de dollars.

To be sure, the derivatives market is international. But much of the trouble we're in began with contracts "derived" from the values associated with U.S. residential real estate market. These contracts were engineered based on the various assumptions tied to those values.

Résumons-nous : les produits dérivés sont des produits imaginaires dont la valeur théorique était (mais n'est plus) basée sur certaines hypothèses relatives à des valeurs du marché immobilier américain, lesquelles n'existent plus non plus. Je sens qu'on progresse.

Few know what derivatives are worth.

I simply love the understatement.

I spoke with one derivatives trader who manages billions of dollars and she said she couldn't even value her portfolio because "no one knows anymore who is on the other side of the trade."
Derivatives pricing, simply put, is determined by what someone else is willing to pay for the contract.

In other words, like all worthless shit, its price is the one you can convince a poor sucker to buy it for. You might as well be selling penis enlargement miracle medicine...

The value is based on an artificial scenario that "X" will be worth "Y" if "Z" happens. Strip away the fantasy, however, and the reality of the situation is akin to a game of musical chairs -- without any chairs.
So now the music has finally stopped.

Un jeu de chaises musicales sans chaises et sans musique. L'équivalent financier du couteau sans lame auquel manque le manche. Notre ami Kostigen ne peut pas expliquer plus clairement l'inexistence totale de ces 750 trillions de dollars sans se faire virer de son boulot...

That's why stabilizing the housing market will do little to take the sting out of the snapback we are going through on Wall Street. Once people's mortgages were sold off to secondary buyers, and then all sorts of crazy types of derivative securities were devised based on those, and those securities were in turn traded on down the line, there is now little if any relevance to the real estate values on which they were pegged.

There is no fucking relevance at all, as you already made abundantly clear before, Thomas, old chap !

We need to identify and determine the real value of derivatives before we give banks and institutions a pass-go with more tax dollars. Otherwise, homeowners will suffer as banks patch up the holes left in their balance sheets by the derivatives gone poof; new credit won't be extended until the raff of the old credit is put behind.

Yikes ! On file l'argent du contribuable aux banques et au lieu de le prêter aux gentilles familles de travailleurs méritants menacés d'expulsion de leurs pavillons, elles le versent dans le trou noir des 750 trillions de dollars "gone poof" ? Mais ça va pas du tout ça Madame, parce que pour boucher le trou, comme démontré précédemment, il faut dix ans de produit national brut mondial.
Il y a donc un sérieux bug dans l'affaire.

It isn't the housing market devaluation, or the sub-prime mortgage market defaults that have us in real trouble. Those are nice fakes to sway attention away from the place where greed truly flourished -- trading phony instruments to the tune of $700 trillion.

"phony instruments" : there, you said it ! Don't you feel better Thomas honey ?

Let's figure how to get out from under that. Then maybe the capital will begin to flow again through the markets. Right now, this elephant isn't just in the room, it's sitting on us.

En résumé, pour sortir de la crise, il suffit de gagner un jeu de chaises musicales sans chaises et sans musique, avec un éléphant assis sur le dos. Un prix d'imagination dans la métaphore à notre excellent camarade Thomas Kostigen. D'habitude on dit simplement "when pigs fly", ou "when Hell freezes over"...

lundi 15 décembre 2008

Qui êtes vous Ponzi ?


Non pas Fonzie.

Carlo Ponzi.

Carlo Ponzi est un Italien qui un beau jour de 1903, à l'âge de 21 ans, après avoir dilapidé l'argent de ses parents, quitta l'Université de Rome pour s'embarquer sur le S.S. Vancouver à destination de Boston, pour faire fortune aux Amériques. Il avait 200 dollars en poche et belle mine, mais las, la traversée est longue, et après avoir joué aux cartes avec des requins, il débarqua avec 2$50.
L'étoffe des légendes.


Mais la fortune est capricieuse, et elle ne sourit pas tout de suite. Carlo Ponzi galéra à travers tous les Etats-Unis et le Canada pendant plus de quinze ans avant de revenir à Boston, épouser sa bien-aimée et avoir une illumination. Recevant une lettre d'Espagne, d'un ami sans doute sensible à ses difficultés économiques, il remarqua que joint à la lettre était un petit papier qui sert à payer le timbre pour la réponse, un coupon-réponse international, qui existe encore de nos jours.

[Factoïde : cette merveilleuse invention est due à l'Union Postale Universelle, première organisation internationale fondée en 1874 pour uniformiser les pratiques de la poste dans le monde entier. En ce temps là la langue diplomatique était le français, c'est pourquoi dans les pays les plus incongrus on peut recevoir une lettre avec un tampon qui dit "en retour : n'habite pas à l'adresse indiquée" en français dans le texte.]

Mais bref. Ponzi se rendit à la poste et s'aperçut que la monnaie américaine étant plus forte que les monnaies européennes, le coupon-réponse acheté en Espagne pouvait s'échanger contre un timbre qui pouvait ensuite être revendu avec 230% de bénéfice (l'histoire ne dit pas si le coût du voyage du coupon depuis l'Europe était compris dans l'affaire, c'est un peu flou à ce stade).


Toujours est-il que Ponzi ouvrit une officine sous le nom prémonitoire de Securities Exchange Co. qui promettait aux investisseurs un retour de 50%, puis 100% en 90 jours. Toute la bonne société se rua sur cette bonne affaire, et Ponzi amassa en quelques mois l'équivalent actuel de 100 millions de dollars.

Mais la fortune se remit rapidement à faire la gueule : un journaliste moins benêt que les autres calcula que pour satisfaire tous les investisseurs, il faudrait importer 160 millions de coupons. Or, seulement 22000 étaient en circulation dans le monde. Ponzi s'aperçut vite lui aussi que quelque chose péchait dans la logistique de son business, et basiquement il remboursa les intérêts des premiers clients avec le capital des suivants. Un an après, il était en prison, et ce type de montage qui est vieux comme le monde et s'appelle en français escroquerie à la boule de neige ou vente pyramidale passa à être connu ever after aux Etats-Unis sous le nom de Ponzi scheme.

La perversité de ce système est qu'évidemment, au début ça marche. Mais il vaut mieux avoir son billet d'avion prêt pour le Paraguay, parce que ça ne marche pas longtemps.
En effet il nécessite une progression géométrique du nombre de clients (crédules) pour fonctionner. Mais les chiffres sont cruels : si on prend un client et qu'on le multiplie 30 fois par deux, on aboutit à 8 589 934 592, ce qui est supérieur au nombre d'habitants de la planète.

Cependant un système de Ponzi peut survivre plus longtemps si le versement des intérêts n'est pas à date fixe. Après avoir remboursé les premiers clients, une fois la confiance installée, un fonds d'investissement peut se contenter d'envoyer des relevés de comptes imaginaires, pourvu que les investisseurs ne retirent pas leur argent, ou en tous cas pas tous en même temps.

Un système de Ponzi géant a fonctionné presque trente ans en Espagne et au Portugal, avant de s'effondrer récemment en annihilant les économies de centaines de milliers de gens modestes. Ironiquement l'"investissement" portait sur des pseudo-timbres de collection.

La nouvelle vedette des finances, Bernard Madoff, ancien PDG de NASDAQ, s'il vous plaît, qui se trouve en prison après avoir fait disparaître aimablement 50 milliards de dollars, a remis le terme à la mode, un de ses anciens employés ayant rapporté qu'il avait un jour remarqué : "basically, it's just a giant Ponzi scheme". La presse internationale s'est aussitôt penchée sur ce système mystérieux alors qu'aux Etats-Unis c'est une expression courante, un terme générique.
Bien sûr, on peut se demander par les temps qui courent si le système financier international n'est pas "basically a giant Ponzi scheme".

Un certain Mitchell Zuckoff vient d'écrire une biographie de Ponzi ("Ponzi's Scheme: The True Story of a Financial Legend." bientôt un film ! et une comédie musicale !). Il tente de réhabiliter partiellement sa mémoire en montrant qu'il croyait sincèrement avoir trouvé un filon légal. Mouais, en tous cas il a dû perdre ses illusions rapidement.

Et au fait, après sa sortie de prison Ponzi refit sa vie au Brésil, terre promise des escrocs ; il mourut dans un hôpital de charité de Rio de Janeiro le 18 janvier 1949.

dimanche 23 novembre 2008

Propagande sectaire

A l'heure où l'industrie automobile ne se sent pas très bien, je me réjouis personnellement de sa déconfiture. J'appelle de mes voeux la faillite de General Motors et de tous ses concurrents.

Les actions du groupe GM (Buick, Chevrolet, Oldsmobile, Isuzu, Opel, Saab, la tristement célèbre Hummer) sont tombées à leur plus bas niveau depuis les années trente, commentent lugubrement Bloomberg et le Wall Street Journal.

Ah ! Les années trente ! C'est une époque riche en culture et pauvre en valorisation boursière à laquelle on pense beaucoup à Wall Street en ce moment, en frissonnant...

N'oublions pas que dans les années trente c'est General Motors et Ford qui ont racheté les compagnies de chemin de fer aux Etats-Unis, les ont fermées et ont fait carrément arracher les rails pour paver la voie, on ne saurait mieux dire, au développement de l'automobile.

Certes il est regrettable que des millions d'employés se retrouvent au chômage, comme l'ont été avant eux les garçons d'écurie, palefreniers et fabricants de carrosses, mais il faudra bien quelqu'un pour fabriquer des bicyclettes, des trains, des trams, que sais-je ? des éoliennes ?

En attendant, j'ai une bonne nouvelle pour la secte de ceux qui n'ont pas le permis de conduire (c'est une secte secrète pour l'instant, ceux qui en font partie se reconnaîtront) : j'ai trouvé un nom pour la secte !

Figurez-vous que j'ai découvert absolument par hasard dans un recueil de factoïdes que le Pr Einstein, Albert lui-même, n'avait jamais appris à conduire !

Je suis donc heureuse et fière de vous présenter aujourd'hui l'Association Albert Einstein des Ennemis de l'Auto. Ca peut se prononcer Aa Euh A, ce qui est déjà de bonne augure.

Les nouveaux adhérents sont bienvenus, ils suffit de ne pas avoir le permis de conduire. Certains sont honteux et essaient mollement de prendre des cours de conduite de temps en temps. Je leur dis : ne cédez pas à la pression de la société ! Halte à la culpabilité ! J'envisage d'ailleurs d'organiser une marche (évidemment) des fiertés...

Les membres sympathisants sont ceux qui ont passé le permis dans un moment d'égarement de leur folle jeunesse mais détestent l'auto et ne conduisent jamais.

L'Aa Euh A n'ayant pas (encore) d'activités militantes, voici quelques sites de camarades :

mercredi 8 octobre 2008

We are all Brazilians now

Nous sommes tous brésiliens et nous ne le savions pas.

Damned.

Autre remarque qui n'a rien à voir : dismal est mon mot préféré en anglais (après miscellaneous bien sûr).
Mais je viens juste de découvrir à l'occasion de cette article que l'expression "dismal science" avait plusieurs sens particuliers, dont l'un en "science" économique.

Apprenez en bloggant...

Krugman: "We are all Brazilians now"
Balance sheet contagion rules the global economy. "Interdependence" is becoming a dirty word.
Andrew Leonard
Salon
Oct. 07, 2008

One of the glories of our Internet-mediated information economy is that if we want the version of Paul Krugman's current economic analysis dumbed down for cable news consumption, we can quickly find it on YouTube, and if we want his thoughts smartened up for those who can handle some math, we can grab the PDF file directly from his blog.

As I've confessed before, I get lost at sea quickly when dealing with economist math, but unlike many dismal scientists, Krugman spices up his equations with remarkably colloquial language, so I think I get the gist of his "note" on the crisis: "The International Finance Multiplier." Since 1995, Krugman observes, "there has been a major increase in financial globalization in the sense that there are large international cross-holdings of assets." The asset-holders are, in general, highly levered, that is, they employ borrowed money to purchase whatever it is they currently own, like, for example, mortgage-backed securities. When the price of an asset falls in one place, the shock quickly spreads across the globe.

Falling asset prices lead to a process of "deleverage" -- as hedge funds and banks sell assets to raise capital to make good on all the money that they borrowed, or because investors in those hedge funds want their money back. "...We seem to be dealing with a phenomenon I'll call the international finance multiplier, in which changes in asset prices are transmitted internationally through their effects on the balance sheets of highly leveraged financial institutions." The domino effect that the housing bust in the U.S. has had on financial markets all over the world is the most obvious manifestation of the international finance multiplier, but there have been previous instances of the same phenomenon.

The most memorable may be the 1998 crisis in which Russia's bond defaults brought down the hedge fund Long Term Management Capital to its knees, and caused other, less obvious side effects -- "when hedge funds lost a lot of money in Russia, they were forced to contract their balance sheets," writes Krugman, "and that meant cutting off credit to Brazil." "All economies now share leveraged common creditors," concludes Krugman, "so that balance sheet contagion has become pervasive. Today, we are all Brazilians."

samedi 20 septembre 2008

Combien de zéros ?


J'ai un secret honteux : j'adore les crashs boursiers. C'est idiot parce que finalement tout le monde en pâtit un jour ou l'autre, mais je me prends à lire bloomberg avec passion. Ce n'est pas un fond stalinien, plutôt une pente millénariste : is this the big one ? Les anglais ont une expression que j'aime beaucoup : a sense of impending doom. Le sentiment de l'approche de l'apocalypse. Ou une sensation de catastrophe imminente.

Toujours est-il que google news m'abreuve de billions de dollars qui manquent ici, trillions disparus là. Je ne sais plus trop où j'en suis ; au-delà du million, ça devient un peu flou.

Un million = 1 000 000. Fastoche. Un million de chez nous et le même qu'un million chez les Amerloques.

One billion ? A force d'entendre parler de billionaires, on se doute bien qu'il s'agit de milliardaires.
Et donc, one billion = un milliard = mille millions = 1 000 000 000

C'est avec les trillions que ça se corse. C'est mille fois plus, on peut déduire (mais difficilement imaginer).
One trillion = mille milliards = un million de millions = 1 000 000 000 000.
10 puissance 12, diraient les scientifiques, qui ont plus l'habitude des grands nombres que les contribuables.

Je croyais que les Français ces gagne-petit n'avaient pas de mot pour dire un trillion. J'ai quand même demandé à Lexilogos, qui m'a répondu qu'un trillion se disait en français un billion.

Ha ! Pas étonnant qu'on soit paumés. Donc one billion c'est un milliard et one trillion c'est un billion. Soit. Mais pire encore, lorsque je demandai, méfiante, la traduction de un billion en anglais, juste pour vérifier, le Larousse me répondit ceci :
billion [biljɔ̃] nom masculin
billion (united kingdom), trillion (united states)

Qu'est-ce à dire ? Si les Britanniques appellent un trillion un billion, comme nous, comment appellent-ils un milliard ? Oh ma tête. Mais les trillions vont devenir très à la mode à partir d'hier, et je vous parie que les Anglais comme les Français ne vont pas tarder à aligner leur vocabulaire sur celui des Américains, comme certainement les places financières l'ont fait depuis longtemps.

Préparons-nous donc à accueillir le trillion dans notre Petit Larousse, à défaut de l'avoir sur notre livret de Caisse d'Epargne.

US financial rescue plan could cost one trillion dlrs:

WASHINGTON (AFP) — US government measures to rid financial institutions of bad assets could add up to one trillion dollars, Republican Senator Richard Shelby said Friday.
"I figure it will be at least half a trillion," Shelby, the ranking member of the Senate Committee on Banking, Housing and Urban Affairs, said in an ABC television interview of a plan being put together by US authorities.
"But if you look at what the Fed has already done, and the extension of power to Treasury to deal with Fannie Mae and Freddie Mac, I believe we're talking about a trillion dollars," he said.


mardi 8 avril 2008

Modern Heroes

Tout le monde connaît sans doute Muhammad Yunus, prix Nobel, le gourou du micro-crédit.

Il n'a pas fait que théoriser, il a aussi fondé la Grameen Bank, la plus célèbre banque des pauvres, la seule d'ailleurs qui soit internationalement connue, on peut remercier le prix Nobel pour ça.

Mais le Pr Yunus a de nouveaux amis, dont il ne cesse de chanter les louanges dans ce qu'il est convenu d'appeler les cénacles internationaux.


Maintenant ces deux là, je parie que vous ne les connaissez pas.

Les Niklas Zennström et Janus Friis (fondateurs de Skype, pour les non-nerds) du micro-financement.




En 2005, Matt Flannery, 25 ans, et sa femme Jessica avaient une petite association de micro-crédit à Tororo, Ouganda, avec un blog pour essayer d'attirer des donateurs, tandis que Premal Shah, 29 ans, diplômé en économie de Stanford, après avoir étudié le micro-financement au Gujrat, travaillait chez PayPal tout en se creusant la tête pour adapter le système de e-bay au micro-crédit. De leur rencontre est née Kiva, association sans but lucratif basée à San Francisco.


Kiva sert d'intermédiaire entre les prêteurs nantis qui s'ennuient devant leur ordinateur (par exemple, moi) et un réseau d'associations de micro-financement qui discutent avec Mme Michu au Nigéria, en Bolivie ou au Tadjikistan, et postent sa photo sur le site avec une petite histoire édifiante qui explique qu'elle a six enfants et qu'elle a besoin de 400 dollars pour s'acheter une vache ou du tissu au bazar, pour investir dans son activité économique.

Le système montre en ligne l'addition des prêts de minimum 25 $ et la liste des prêteurs. En ce moment chaque demande de prêt est financée en moins de 24 heures. Presque immédiatement les prêteurs reçoivent un mail pour les informer que l'argent a été remis à Mme Michu (ici la rapidité du système est impressionnante) qu'elle remercie bien et qu'elle remboursera en six ou douze mois, en général. Par blog les correspondants sur place tiennent tout le monde informé de l'évolution du business et des remboursements.

L'argent est déboursé et remboursé par PayPal, qui assure les transactions gratuitement, merci Premal Shah. Aux dernières nouvelles Kiva attaque son 24ème million de dollars de prêts, et annonce un taux de remboursement de 99,88%. Bien sûr le prêteur doit accepter le risque de perdre sa mise, mais s'il est remboursé ce qui est largement le plus probable, il peut prêter de nouveau à un autre. Des années d'amusement politiquement correct et d'aventures exotiques l'attendent donc pour un investissement minime.

Une idée purement géniale, inconnue en France, parce que le site est en anglais sans doute. Le seul article que j'ai trouvé dans la presse en français c'est la Tribune de Genève... Moi j'ai découvert ça l'année dernière dans les pages financières du Herald Tribune, comme quoi ça sert parfois de s'ennuyer dans les avions.
Il paraît que Kiva ça veut dire union, en swahili.

Late report : j'ai trouvé les dernières statistiques de Kiva :

Total value of all loans made through Kiva: $26,553,060
Number of Kiva Lenders: 272,689
Number of loans that have been funded through Kiva: 39,331
Percentage of Kiva loans which have been made to women entrepreneurs: 76.12%
Number of Kiva Field Partners (microfinance institutions Kiva partners with): 88
Number of countries Kiva Field Partners are located in: 42
Current repayment rate (all partners): 99.88%
Average size of loan for funding: $528.64
Average total amount loaned per Kiva Lender (includes reloaned funds): $97.51
Average number of loans per Kiva Lender: 2.50