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dimanche 23 avril 2017

A quelle sauce ?

Je viens de découvrir l'origine de l'expression "A quelle sauce allons-nous être mangés", et il m'est apparu que le sujet était d'actualité.

Le 5 mai 1789 s'ouvrent à Versailles les Etats-Généraux, dans la salle des menus plaisirs, ça ne s'invente pas. Les Etats-Généraux étaient une institution remontant au XIVème siècle, et servaient à la monarchie en cas de crise et de grognements trop bruyants du peuple, à justifier des décisions un peu difficiles à digérer (pour le peuple, pas pour le roi).

En 1789, le sujet était le déficit budgétaire, et on savait bien que la monarchie voulait payer ses dettes en levant plus d'impôts, sans abolir les privilèges.

Une caricature parut dans la presse, représentant un fermier qui tenait aux volailles de sa basse-cour le discours suivant : "Mes bons amis, je vous ai réunis tous pour vous demander à quelle sauce vous voulez être mangés.
- Mais nous ne voulons pas être mangés ! criait le coq.
- Vous vous écartez de la question, reprenait le fermier, il ne s'agit pas de savoir si cela vous fait plaisir ou non d'être mangés, mais seulement à quelle sauce vous voulez être mangés."

On sait que rien ne se passa comme prévu aux états généraux de 1789, que la sauce fut bien plus piquante, et qu'on vit même pendant un temps les volailles manger le fermier. (N'y voyez là aucun appel à la révolution,)

Au chapitre des citations d'actualité, on attribue à Mark Twain (mais que ne lui attribue-t-on pas ?)  la phrase suivante ; "Il faut changer souvent les politiciens comme on change souvent les couches, et pour les mêmes raisons."


Source : Maurice Maloux - Traits et mots d'esprit dans l'histoire - Albin Michel - 1977 


jeudi 10 juillet 2014

Le questionnaire de Proust

Marcel Proust à 15 ans par Nadar
C'est l'anniversaire de Marcel Proust. Il est né le 10 juillet 1871 dans une famille aisée du 16ème arrondissement de Paris. Comme chacun sait, le petit Marcel aimait se promener au jardin des Champs-Elysées. Il y fréquentait déjà du beau monde, notamment les soeurs Lucie et Antoinette Faure, dont le père Félix deviendrait plus tard président de la République.

D'après des sources peu fiables, il fut même question de mariage entre Marcel et Lucie Faure, projet mis à mal par la mort de Félix Faure dans des circonstances embarrassantes (on se souvient du mot de l'époque ; "Le président a-t-il toujours sa connaissance ? - Non, elle est sortie par l'escalier de service.")

En attendant, lorsqu'ils avaient treize ou quatorze ans, Antoinette Faure, la petite soeur, qui avait le même âge que Marcel, lui montra un album ramené d'Angleterre, intitulé « An Album to Record Thoughts, Feelings, &c ». Il y avait là-dedans un questionnaire, à la mode dans la bonne société victorienne, censé révéler à vos amis vos goûts et aspirations, l'ancêtre des tests psychologiques de Cosmo. Le questionnaire était en anglais, les enfants de la haute jactaient le rosbif à l'époque, ils devaient avoir des nurses anglaises. 

Quelques années plus tard, à 17 ans, Marcel Proust devance l'appel militaire et se retrouve au 76ème régiment d'Infanterie à Orléans. Là, il reprend le questionnaire, le modifie et ajoute des questions (tous les questionnaires en version anglaise ici). On peut voir les réponses, assez niaiseuses je trouve, de Proust sur Wikipedia.

Le manuscrit de ce questionnaire, intitulé "Marcel Proust par lui-même", fut retrouvé et vendu aux enchères en 2003, et publié par une maison d'édition un peu confidentielle. 

L'affaire en serait restée là sans Bernard Pivot, autre géant des lettres françaises, dans son genre. Animateur des émissions littéraires "Apostrophes" de 1975 à 1990, puis "Bouillon de culture" de 1990 à 2001, il pris l'habitude de soumettre les écrivains invités à ce qu'il appelle le questionnaire de Proust. 

En fait, en regardant bien, aucune des questions ne correspond à l'un ou l'autre des questionnaires auxquels Proust a répondu. Il s'agit donc plutôt du questionnaire de Pivot. Dans les archives de l'INA, un florilège de réponses à la question "Quel est votre juron ou blasphème préféré ?" 
  
La renommée et la carrière du questionnaire de Proust se transporta ensuite outre-atlantique. Les noctambules munis du câble connaissent peut-être l'excellente émission "Inside the Actor's Studio", qui fête ses 20 ans cette année, bon anniversaire également. James Lipton y interviouve des acteurs. Lipton est un fan de Bernard Pivot et soumet comme lui ses invités au Proust's Questionnaire, celui de Pivot. Quinze minutes de questionnaire ici sur youtube.

Le questionnaire de Proust fut ensuite repris par la magazine Vanity Fair, qui le soumet à une célébrité chaque mois en dernière page. Ce questionnaire se rapproche beaucoup plus du second questionnaire de Proust. Il a fait mes délices pendant vingt ans. Un recueil a été publié par son éditeur Condé Nast. Le voici en entier : 

1. What is your idea of perfect happiness?
2. What is your greatest fear?
3. What is the trait you most deplore in yourself?
4. What is the trait you most deplore in others?
5. Which living person do you most admire?
6. What is your greatest extravagance?
7. What is your current state of mind?
8. What do you consider the most overrated virtue?
9. On what occasion do you lie?
10. What do you most dislike about your appearance?
11. Which living person do you most despise?
12. What is the quality you most like in a man?
13. What is the quality you most like in a woman?
14. Which words or phrases do you most overuse?
15. What or who is the greatest love of your life?
16. When and where were you happiest?
17. Which talent would you most like to have?
18. If you could change one thing about yourself, what would it be?
19. What do you consider your greatest achievement?
20. If you were to die and come back as a person or a thing, what would it be?
21. Where would you most like to live?
22. What is your most treasured possession?
23. What do you regard as the lowest depth of misery?
24. What is your favorite occupation?
25. What is your most marked characteristic?
26. What do you most value in your friends?
27. Who are your favorite writers?
28. Who is your hero of fiction?
29. Which historical figure do you most identify with?
30. Who are your heroes in real life?
31. What are your favorite names?
32. What is it that you most dislike?
33. What is your greatest regret?
34. How would you like to die?
35. What is your motto?


Ma question préférée : what do you consider the most overrated virtue ? J'hésite depuis des années entre "Fitness", "Piety" et "Virginity"... 

Sur le site de Vanity Fair des tonnes de personnalités plus ou moins connues en France se prêtent à l'exercice. 

Ma réponse préférée, celle d'Emma Thompson : "What is the quality you most like in a man ? - Uxoriousness." (à vos dictionnaires !)



Des extraits des réponses remarquablement spirituelles (enfin, je trouve) de David Bowie : 
What is your idea of perfect happiness?
Reading.

What do you consider your greatest achievement?
Discovering morning.
What is your greatest fear?
Converting kilometers to miles.
What historical figure do you most identify with?
Santa Claus.
Which living person do you most admire?
Elvis.
What is the trait you most deplore in others?
Talent.
What is your favorite journey?
The road of artistic excess.
What do you regard as the lowest depth of misery?
Living in fear.
What is the quality you most like in a man?
The ability to return books.

samedi 2 juillet 2011

VARIAE

Une publicité absolument gratuite pour un fellow-blogger jeune mais perspicace, qui glose sur la politique (française) et la communication avec discernement, ce qui n'est pas si courant, et sans fautes, ce qui est carrément très rare.
Ses analyses sont fines et ses raisonnements somme toute excellents, à mon avis.

En plus il s'appelle VARIAE, ce qui est un genre de Miscellanea, quelque part.

En guise d'échantillon, cet article sur le Plus du Nouvel Observateur, et plus généralement la récupération des bloggers par les titres de presse, qui reflète exactement le fond de ma pensée : http://www.variae.com/blogueurs-au-kilo/
Le Nouvel Obs nous propose "une expérience inédite" dont "l'objectif est de mettre en valeur les talents et les richesses du web, en vous faisant participer."

Le Nouvel Obs est trop bon. Pourquoi ne pas nous faire participer à l'extraction du charbon au fond de la mine, tant qu'on y est ? Ce qui m'étonne, c'est que l'on ne nous fasse pas payer pour participer à cette expérience inédite...



vendredi 28 mai 2010

Hôtel Pozzo di Bongo

Au 51 rue de l'Université, au coeur de ce que Marcel Proust appelait le Faubourg Saint-Germain, et que l'on appelle maintenant le "bon 7ème", se trouve un aimable pied-à-terre de 4500 m2 entouré de 3700 m2 de cours et jardins, et connu depuis une paire de siècles sous le nom d'Hôtel Pozzo di Borgo.

L'hôtel particulier, dit d'abord de Longueil, ou de Maisons, puis d'Angervilliers, puis de Soyecourt du nom des propriétaire successifs, a été construit en 1706 par l'architecte Pierre Cailleteau dit « Lassurance ».

Pour la petite histoire à l'intérieur de la petite histoire, ce Cailleteau n'était pas un péquenaud : il a été dessinateur dans l'administration des Bâtiments du Roi dans les années 1680. On lui attribue la plupart des esquisses décoratives réalisées pour le château de Versailles et le Trianon de marbre autour de 1690, pour ceux qui aiment ce style. Officiellement élève de Hardouin-Mansart, premier architecte de Louis XIV, les mauvaises langues disent qu'il était plutôt son maître. « Hardouin-Mansart était ignorant dans son métier, et de Cotte, son beau-frère, l'était guère moins. Ils tiraient tout d'un dessinateur qu'ils tenaient clos et à l'écart chez eux, qui s'appelait Lassurance, sans lequel ils ne pouvaient rien. » rapporte Saint-Simon, le people gossip du Siècle d'Or.

Cailleteau quitta ensuite le service du Roy pour s'associer à un certain François Duret, Député au Parlement de Paris, puis président de la Chambre des Comptes, puis Président du Grand Conseil, sorte d'ancêtre du Conseil d'Etat, de 1699 à 1708. Qualifié par ses contemporains de financier, entrepreneur ou spéculateur, Duret était ce qu'on appellerait aujourd'hui un promoteur immobilier : finançant la construction de palais qu'il revendait aussi sec à la noblesse, il est en grande partie responsable de l'aspect que le faubourg Saint-Germain garde encore aujourd'hui. C'est donc pour Duret que Cailleteau construisit l'hôtel dont auquel, acquis en 1707 par Claude de Longueil, marquis de Maisons.

Enjambons deux siècles pour accueillir Carlo Andrea Pozzo di Borgo, dit Charles-André, qui nous vient d'Ajaccio comme Napoléon Bonaparte et autres plaies.
Cousin éloigné et ami d'enfance de Napoléon et son frère Joe (alias Pepe), il devint ensuite leur ennemi juré pour de sombres histoires de politique locale corse, ce qui quelque part lui rendit service puisqu'ayant débuté comme député de Corse en 1789, il dut s'exiler pendant l'Empire et réussit à se mettre dans les petits papiers du Tsar, pour revenir triomphalement à Paris à la Restauration comme Ambassadeur de Russie.

Mes relations chez les généalogistes me donnent les informations suivantes : Carlo Andrea Pozzo di Borgo, né à Alata (Corse-du-Sud) le 8 mars 1764, Chevalier de l'Ordre de Saint André et de Saint Wladimir de Russie, Chevalier de la Toison d'Or, Grand Croix de Saint Etienne de Hongrie, Grand Croix de l'Aigle Noir de Russie, Commandeur de Saint-Louis, Comte et Pair de France (Ordonnances des 15 janvier 1816 et décembre 1818), comte héréditaire de l'Empire Russe (Oukazes de S.M. Nicolas I des 22 août 1826 et 17 septembre 1827).
Oukazes de Nicolas Ier, c'est chic quand même. Ca en jette, je trouve.

En bref une belle carrière de haut-fonctionnaire, pendant laquelle il acheta la baraque de la rue de l'Université, probablement en 1814. Il y mourut en 1842, sans descendance, ne s'étant pas marié pendant toutes ses aventures.
Il avait en revanche une armée de cousins en Corse, dont Paolo Felice Pozzo di Borgo, Trésorier Payeur Général de la Corse, dit "U pagadore", mort assassiné par deux cousins corses, ça ne s'invente pas...
L'un des fils de Paolo Felice, Jérôme, épousa une certaine Aline de Montesquiou-Fezensac, un nom bien proustien.

Pour rester dans l'architecture, il semble que les Pozzo di Borgo aient eu une manie curieuse (et coûteuse) : celle de déménager non pas les meubles, mais les immeubles. Jérôme Pozzo di Borgo acheta dans les années 1840 le domaine de Montretout à Saint-Cloud.  De 1896 à 1899, il fit transférer le château à Dangu, dans l'Eure, sur un domaine qu'il avait acheté entretemps. Pour sa défense, le château de Montretout avait été incendié en 1871 pendant le siège de Paris. (Le domaine de Montretout quant à lui est, aux dernières nouvelles, toujours la propriété de Jean-Marie Le Pen, cerné par les huissiers.)

Son fils Charles Jean Félix Pozzo di Borgo, héritier du titre de Comte et de l'hôtel de la rue de l'Université, fit construire à La Punta, en Corse, un château avec les pierres du château des Tuileries, détruit aussi en 1871.
Cet épisode est particulièrement rocambolesque : ..."C’est au printemps de 1883 que le comte Charles Pozzo di Borgo acheta un lot important des pierres des Tuileries provenant des carrières de Vaugirard. Avant de déposer avec soin le lot acquis, il fit photographier sur place l’ensemble des pierres choisies. Ces pierres furent numérotées et mises dans des caisses inventoriées sur un registre. (...) On fit partir les caisses par le chemin de fer jusqu’à Marseille et on les entreposa dans les docks. Il y avait alors deux départs par semaine des bateaux à vapeur faisant le service entre Marseille et Ajaccio. L’un de ces paquebots-poste appartenait à la Cie Valéry, (dirigée par la famille de Paul Valéry), l’autre à la Cie Transatlantique. L’un et l’autre de ces courriers débarquaient sur le quai d’Ajaccio un certain nombre de caisses qui étaient ensuite transportées par charrettes au hangar de la Villeta. Il y en eut 185 en tout..."*

Mais brisons là, avant de faire une overdose de factoïdes.

Avec le XXème siècle vint la (relative) débine. Une partie du Palais fut aménagée en appartements,  loués à des travailleurs tels que par exemple Karl Lagerfeld, ou occupés par divers descendants de Charles, le déménageur des Tuileries.

On y trouvait dans les dix dernières années Philippe Pozzo di Borgo, ancien directeur délégué des champagnes Pommery (groupe LVMH), devenu tétraplégique à la suite d'un accident de montagne en 1993. Il a écrit un livre sur son expérience, Le second souffle (éd. Bayard, 2001), et on murmurait la semaine dernière au festival de Cannes que des réalisateurs français préparent un film inspiré de sa vie, sous le titre "L'intouchable". Vous me direz après ça si mes informations ne sont pas actualisées...

Comme je ne suis pas (encore) abonnée au Who's Who, je n'ai pas pu savoir où habite Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris pour le Nouveau Centre et ancien adjoint au maire du... VIIème arrondissement.

Plus glamour, Laetitia Pozzo di Borgo travaille pour Maxim's, et attire les people dans des réceptions mondaines, telles que celle-ci, relatée dans (autant aller directement à la source) Point de Vue en mai 2008.


L'avantage de ce genre de gens, c'est qu'on sait où les trouver. Par exemple dans le Figaro, qui vend la mêche en novembre 2009 : " Un lieu secret au cœur du VIIe. La famille Pozzo di Borgo a mis en vente le somptueux hôtel particulier du XVIIIe siècle qu'elle occupe rue de l'Université, et dans lequel a longtemps vécu Karl Lagerfeld. En attendant l'aboutissement des tractations, les Pozzo di Borgo (qui logent dans les étages) louent certains salons du rez-de-chaussée et son merveilleux jardin. Même si, ici, la devise en vigueur aurait quelque chose du célèbre « pour vivre heureux, vivons cachés », la privatisation est possible. Mais uniquement de bouche-à-oreille.
51, rue de l'Université (VIIe). De 15 000 à 30 000 €. "
C'est pas tellement cher, finalement, si j'avais su c'est là que j'aurais fêté mon anniversaire...

En fait, l'hôtel est proposé à la vente discrètement sous le nom d'hôtel de Soyécourt depuis 2007, par l'agence Emile Garcin (dont le site vaut le coup d'oeil) et il y a bien longtemps que les Pozzo di Borgo louent les salons d'apparat pour se faire de l'argent de poche. L'hôtel est surtout connu pour les défilés de mode, lancements de produits de luxe, Guerlain, Vivienne Westwood (photo), Ralph Lauren, Swarovski...

Plus branchées, des fêtes privées sont organisées pour divertir la jeunesse dorée, avec des attractions différentes dans chaque pièce, telles que jeux vidéo vintage, bataille de polochons dans le noir, concours de Guitar Hero, ballons remplis d'hélium, et autres joyeusetés d'un crétinisme régressif propre à distraire la progéniture dégénérée des milliardaires qui nous gouvernent.

Mais je m'égare de nouveau.

En 2007, un émir du Qatar avait signé une promesse d'achat de l'hôtel pour 100 millions d'euros, mais avait changé d'avis "abandonnant un dédit colossal" confie tout frissonnant un agent immobilier de luxe. Des minables ces émirs. Des gagne-petit.

Enfin le Canard Enchaîné du 26 mai et l'Express du 27 mai annoncent la bonne nouvelle : l'hôtel Pozzo di Borgo est vendu, et la famille du même nom sauvée in extremis de la soupe populaire. La facture est toujours de 100 millions d'euros. L'heureux acquéreur est une autre puissance pétrolière : le Gabon.

Je ne peux résister au plaisir pervers de citer intégralement le communiqué de la présidence gabonaise :

« Dans son projet de société « l’Avenir en confiance », le président de la République, S. E. Ali Bongo Ondimba, a fait le serment de restaurer l’image du Gabon à l’extérieur. Il a notamment promis d’acquérir des propriétés au bénéfice de nos Représentations diplomatiques.
En ce sens, le Président de la République Ali Bongo Ondimba vient de faire procéder, en toute transparence, à l’acquisition d’un bien immobilier à Paris, rue de l’Université, dans le 7ème arrondissement pour le compte de l’Etat.
Cet immeuble a été acquis au profit de l’ambassade du Gabon en France, pays avec lequel nous avons des liens amicaux étroits et historiques.
En raison de plusieurs évènements importants liés au rôle du Gabon sur la scène internationale, particulièrement en Europe, cette décision du Chef de l’Etat contribue à offrir à notre pays, aux résidents gabonais en France et en Europe, un espace d’échanges, de travail et d’hébergement de délégations gabonaises afin de réduire notablement les frais d’hôtel lors des missions officielles.
Cette acquisition immobilière est d’autant plus opportune qu’elle intervient au moment où l’Ambassade du Gabon à Paris connaît des travaux de réfection de longue durée et qu’il s’agit là d’un placement immobilier pour la République Gabonaise.
De même, cette acquisition s’inscrit dans la logique des décisions visant à rationnaliser et à rentabiliser l’utilisation des finances publiques à court, moyen et long termes.

Présidence de la République Gabonaise » 19 mai 2010
 
"Rationnaliser et rentabiliser l'utilisation des finances publiques." Fabuleux. Hénaurme.

On lit dans le Canard que la "République" gabonaise a également acheté "pour loger une partie des services de l'Ambassade" l'immeuble d'à coté, qui ne peut valoir moins de quelques dizaines de millions d'euros. Si on ajoute les travaux, allez, ça fait en gros 150 millions, ne mégotons pas, après tout il y va de "l'image du Gabon à l'extérieur"... Presque 100 milliards de francs CFA. Le tout sans qu'il soit prévu de vendre l'actuelle ambassade de la rue de la Bienfaisance, dans le VIIIème.

Notons au chapitre de l'économie de chambres d'hôtels que cette somme représente environ 1.500.000 nuits à l'hôtel Ibis de la Tour Eiffel, wi-fi gratuit, petit déjeuner offert, ou encore 220.000 nuits à l'hôtel Crillon, ils en ont de la chance les diplomates gabonais, ils vont pouvoir faire des économies en venant en mission à Paris pendant environ mille ans....

L’Ambassadeur du Gabon en France, Mme Félicité Ongouori-Ngoubili, ancien Directeur adjoint de cabinet du président Omar Bongo, a-t-elle supervisé cette transaction ? Percevra-t-elle une commission ? A ce prix là même 1% ce n'est pas négligeable... Aura-t-elle au moins sa résidence dans le désormais Hôtel Bongo ?
Inquiring minds want to know, comme dit l'autre.

Un peu d'histoire : en 1967, Albert Bernard Bongo dit ABB ou même Alpha Bravo deux fois par les vieux colons est porté au pouvoir par Jacques Foccart, qui d'autre. En 1973, pour fêter son entrée à l'OPEP, ABB se convertit à l'islam et se fait appeler Omar El Hadj Bongo, son fils Alain Bernard devenant Ali Ben Bongo (ce qui fait qu'il est resté Alpha Bravo deux fois, lui, dommage que le surnom soit tombé en désuétude).

Omar savait se maintenir au pouvoir mieux que moi à cheval, puisqu'il y resta jusqu'à sa mort en 2009, entouré des soins affectueux des siens, la France, la compagnie Elf, la Mairie de Paris, le Département des Hauts-de-Seine, etc... à défaut d'être soutenu par son peuple qui était occupé à crever de faim dans la dignité et la discrétion. (Au sujet de l'enterrement de Bongo voir l'article Racaille du 16 juin 2009).

Seule ombre à cette idylle,  en mars 2007 les associations Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora portent plainte auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris contre cinq chefs d’Etats africains en fonction et leurs familles, Omar Bongo, son beau-père Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Eduardo Dos Santos (Angola) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale). Ils sont soupçonnés par les trois associations d'être propriétaires en France de nombreux biens immobiliers de luxe et détenteurs d’avoirs bancaires auprès de banques françaises et/ou de banques étrangères ayant des activités en France. Sans blague. Une enquête policière est ouverte par le parquet de Paris en juin 2007, puis classée sans suite pour « infraction insuffisamment caractérisée » en novembre 2007. Sans blague 2.

Mais, rebondissement, voici que le Monde** publie en janvier 2008 la liste des immeubles appartenant à ces messieurs, telle qu'établie par les procès-verbaux de la police. La famille Bongo y tient de loin la première place. "Au total, sont répertoriés 33 biens (appartements, hôtel particulier et maisons) appartenant au Gabonais Omar Bongo ou à sa famille. (...) Le patrimoine de loin le plus imposant concerne M. Bongo lui-même. Son nom est associé à pas moins de 17 propriétés immobilières, dont deux appartements avenue Foch (88 m2 et 210 m2) et un de 219 m2 lui aussi situé dans le 16e arrondissement. A Nice, une propriété "est constituée de deux appartements (170 m2 et 100 m2), trois maisons (67, 215 et 176 m2) et d’une piscine", précise le procès-verbal."


Selon les policiers, le président Bongo dispose de quatre adresses distinctes à Paris. Ali Bongo, qui est son fils et aussi son ministre de la défense depuis 1999, est également propriétaire avenue Foch tandis que son épouse Edith possède deux immenses logements dans le 7ème arrondissement, non loin de la tour Eiffel. De Nice à Neuilly-sur-Seine en passant – souvent – par le 16e arrondissement parisien, l’enquête recense aussi les propriétés de Jean Ping, ex-gendre d’Omar Bongo et actuel ministre des affaires étrangères, et d’autres fils du président gabonais comme Omar-Denis junior et Jeff, ainsi que de filles comme Audrey, Yacine Queenie, ou petite-fille comme Nesta Shakita.

"La découverte la plus spectaculaire se situe entre les Champs-Elysées et la plaine Monceau, dans le 8ème arrondissement de la capitale. Là, un hôtel particulier a été acquis le 15 juin 2007 pour la somme de 18,875 millions d’euros par une société civile immobilière (SCI). Celle-ci associe deux enfants du président gabonais, Omar Denis, 13 ans, et Yacine Queenie, 16ans, son épouse Edith, qui se trouve être la fille du président congolais Denis Sassou Nguesso, et un neveu de ce dernier, Edgar Nguesso, 40 ans."

Omar est furax, mais ses ennuis ne font que commencer. Le 2 décembre 2008, Transparency International France, l'Association Sherpa et un citoyen gabonais, Grégory Ngbwa Mintsa, déposent une nouvelle plainte assortie d'une constitution de partie civile visant Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang ainsi que leurs entourages pour recel de détournement de fonds publics.
Le 5 mai 2009, la doyenne des juges du pôle financier de Paris Françoise Desset juge recevable la plainte, ce qui ouvre la voie à une enquête judiciaire. Cette décision est prise contre l'avis du parquet qui a fait appel le 7 mai. La magistrate a en revanche rejeté la constitution de partie civile du ressortissant gabonais Grégory Ngbwa Mintsa.

C'est la raison pour laquelle Omar Bongo, craignant d'être inquiété par la justice en France, est hospitalisé le 11 mai 2009 et meurt à une date incertaine en juin à Barcelone, au lieu de rendre l'âme à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, comme tout dictateur ami de la France qui se respecte.

Ali Bongo, fils aîné de son père, est désigné candidat par le parti au pouvoir pour l'élection présidentielle prévue le 30 août 2009. Quelques jours avant l'élection, Robert Bourgi, conseiller de Nicolas Sarkozy pour les relations avec les pays africains, fait devant la presse une déclaration d'une subtilité de Panzer :
« Au Gabon, la France n'a pas de candidat, mais le candidat de Robert Bourgi, c'est Ali Bongo. Or je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy. De façon subliminale, l'électeur le comprendra. » Subliminal, en effet.

Ali Bongo, mal élu (au scrutin majoritaire à un tour avec 41,75 % des voix) est président du Gabon depuis le 16 octobre 2009. Le "candidat du changement" a été décoré de la légion d'honneur*** par Nicolas Sarkozy lors de son (troisième) voyage au Gabon le 24 février 2010. A cette occasion, il a déclaré : “J’ai une grande confiance dans votre Président, mais je défie quiconque de penser ou de pouvoir démontrer que la France avait un candidat lors de la dernière élection présidentielle.”
Bref, le cinéma habituel.

C'est dans ce contexte que le communiqué délirant de la Présidence sur "l'acquisition en toute transparence pour le compte de l'Etat", l'"investissement immobilier" et autre "rationnalisation de l'utilisation des finances publiques" prend tout son sens. En gros, plutôt que de faire des acrobaties pour acheter un minable appart avenue Foch au nom de la petite nièce Cunégonde, autant acheter un monument historique dix fois plus cher, au nom de l'Etat, en toute transparence.
A la limite, s'il faut absolument sortir le pognon du pays, mieux vaut le mettre dans la pierre que le confier à Bernard Madoff, par exemple. Ca permet de garder l'espoir de le récupérer un jour.

Il y a des associations riches de bonne volonté et des avocats pro bono qui s'occupent de réclamer ces restitutions, après destitutions des dictateurs. Ca ne marche pas très fort.
Laissons le mot de la fin à Wikipédia :
 
En Suisse plusieurs restitutions ont eu lieu :
658 millions de dollars ont ainsi été restitués après 17 ans de procédure aux Philippines sur les fonds Marcos
2,4 millions de dollars des fonds du dictateur malien Moussa Traoré
594 millions de dollars des fonds du dictateur nigérian Sani Abacha
80 millions de dollars des fonds détournés par le clan Fujimori au Pérou

Le Royaume-Uni a restitué au Nigeria des fonds de Sani Abacha hébergés à Jersey

Les États-Unis et leurs alliés en Irak ont réalisé la plus grosse restitution en saisissant en 2003 plus de 2 milliards de dollars appartenant à la famille de Saddam Hussein, somme qui doit servir à la reconstruction de l’Irak. (Ouais, bof... NDLR)

La France, premier pays du G8 à avoir ratifié la convention des Nations Unies contre la corruption (Convention dite de Mérida, qui n'est pas en vigueur), n’a procédé à aucune mesure de restitution.


Mise à jour : Voitures de Teodorin Obiang saisies dans son appartement (enfin, le parking de son appartement) 42 avenue Foch le 28 septembre 2011. Seize véhicules de luxe, comme disent les flics, pour une valeur minimale de 5 millions de dollars... 








*Arbre généalogique de la famille Casa-Longa :  http://www.casa-longa.org/fg01/fg01_282.htm
Blog ArchiAct "Cabinet de curiosités architecturales" : http://www.archiact.fr/2008/12/pozzo-di-borgo.html

** Articles du Monde repris dans http://www.cellulefrancafrique.org/L-enquete-de-la-police-met-au.html

*** Ca vaut pas un oukaze du Tsar, mais bon, on fait ce qu'on peut...

Photos anciennes : fond d'archives du Ministère de la Culture : http://www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection&SearchableText=Soy%E9court&SearchWhere=

Pozzo di Bongo suites :
21 février 2011 http://www.gaboneco.com/show_article.php?IDActu=21623
7 mars 2011 http://www.lepost.fr/article/2011/03/07/2427413_declaration-devant-le-pozzo-di-borgo-acquis-par-ali-bongo-bientot-devant-le-cirdi.html
Xaier Harel et Thomas Hofnung : Le scandale des biens mal acquis, éd La Découverte, novembre 2011.

lundi 28 décembre 2009

Le banquet révolutionnaire de Château Rouge

Il n'y a pas de rue du Château-Rouge, ni vraiment de quartier, c'est juste le nom d'une place et de la station de métro qui permet de plonger, ou plutôt d'émerger directement dans la foule des vendeurs de fruits exotiques, tilapias, ignames, Subutex, bagues en vrai or, lunettes Chanel, héroïne, ceintures Gucci, sacs Vuitton, cigarettes Marlboro, pamphlets de Frantz Fanon, hachich, journaux kabyles, casse-croûtes tunisiens, audio-cassettes de prédicateurs salafistes, valium périmé, plats à couscous, produits miracles pour blanchir la peau, wax véritable, maïs grillé, kebab, crack et j'en passe, tout ce qui fait l'identité française de la Goutte d'Or et le charme du "marché exotique" de la rue Dejean.
Mais dans le temps il y avait un château, et il était (plus ou moins) rouge. Bon ici on ne voit pas bien mais il était censé être en pierre blanche et brique rouge, rappelant la Place des Vosges, ce qui avait alimenté la légende qu'il avait été construit par le Vert Galant pour Gabrielle d'Estrées. Mensonge, car la belle Gabrielle n'aurait jamais habité dans ce quartier perrave, et de toutes façons la construction du château date de 1780.

Le premier propriétaire de l’endroit, était un certain M. Christophe, subdélégué de l’intendance de Paris. Puis M. Jean Feutrier, directeur des impôts du Département de la Seine, métier rémunérateur, lui succéda. L'un de ses fils, Jean-François Hyacinthe, devint évêque de Beauvais et donna son nom à une rue de Montmartre. Le Roi (d'Espagne) Joseph, frère de Napoléon, y signa sa capitulation devant les Prussiens en mars 1814. Les Feutrier reprirent ensuite possession du domaine.
Le château, laissé à l’abandon, devint ensuite la propriété d’une ancienne vendeuse à la toilette, c'est-à-dire revendeuse de parures d'occasion, prêteuse sur gage, ou éventuellement usurière, une certaine Mlle Ozanne, qui y nourrissait des troupeaux de chats.
Le domaine, qui comportait un vaste parc entre les actuels boulevard Barbès et rue de Clignancourt, fut découpé et mis en vente par lots en 1844, ouvrant les rues Poulet et Custine. Un M. Boboeuf acheta le bâtiment et ce qui restait du terrain pour en faire le "bal du Château-Rouge". C'était la mode des bals populaires dits champêtres aux portes de Paris, où les bourgeois venaient s'encanailler (la canaille était l'ancêtre de la racaille), danser la polka et la mazurka, danses de couple autrement plus affriolantes que les contredanses où tout le monde se tenait en rang d'oignon.

Tout ceci nous amène en 1847.
La France de Louis-Philippe ploie sous la corruption, la crise industrielle et financière, les mauvaises récoltes, le chômage. La misère s'installe chez les ouvriers, la famine menace. Les Républicains, déçus par les résultats des élections censitaires d'août 1846, cherchent à faire campagne en contournant l'interdiction des réunions publiques instituée par Guizot.

M. Laurent-Antoine Pagnerre, sympathique libraire-éditeur, est secrétaire du Comité central des électeurs de l'Opposition du département de la Seine. Il réunit chez lui les opposants de toutes tendances et rédige une pétition appelant à la réforme électorale et parlementaire. C'est lui qui a l'idée, pour réunir des milliers de signatures, d'organiser des banquets. Le premier d'entre eux a lieu le 10 juillet 1847 au Bal du Château-Rouge. 1 200 personnes y participent, dont 86 députés.
Adolphe Thiers, toujour faux-cul, fait savoir qu'il s'associe de tout cœur à "l'impulsion vigoureuse que l'on voulait donner à l'opinion publique", mais qu'ayant été dans le passé chef du gouvernement de Louis-Philippe, il ne juge pas convenable de s'associer à une réunion où probablement certains orateurs attaqueront le règne de Louis-Philippe tout entier.
Quant aux rouges Armand Barbès et Auguste Blanqui, ils sont en prison...

"Le temps était splendide, raconte Garnier-Pagès député de la Sarthe, un des organisateurs. Amolli par la brise du soir, le soleil projetait sur la salle du banquet des flots mêlés de lumière et d'ombre. Autour de quatorze tables déroulées sous une vaste tente, se pressait l'assemblée (...). La musique, jetant aux vents du soir les plus beaux chants de la Révolution, célébrait cette double fête de la nature et de la pensée."

La campagne des "banquets républicains", appelés plus tard banquets révolutionnaires, a commencé. 50 banquets furent organisés dans toute la France, au cours des six mois suivants, réunissant plus de 20.000 personnes. Enfin, le 21 février 1848, le Préfet de Paris interdit un banquet prévu pour le lendemain aux Champs Elysées. Le 22 février, la foule se réunit sur la place de la Madeleine, and the rest is history, notamment la remarquable Histoire de la Révolution de 1848, par Daniel Stern, nom de plume de la Comtesse Marie d'Agoult.

C'est également Montmartre qui vit en juin les derniers soubresauts de cette révolution. A la fin de l'insurrection ouvrière, après que les barricades du faubourg Saint-Antoine et du faubourg Saint-Martin eurent été renversées par l'armée, les combats continuèrent à la Chapelle et à la Goutte d'Or, devenues depuis quelques années des quartiers ouvriers. Le Château Rouge fut réquisitionné pour cantonner l'armée. Les derniers insurgés tentèrent de se réfugier dans les carrières de Montmartre. L'armée les poursuivit dans le dédale des souterrains, et plus d'une centaine d'hommes y fut massacrée. Le général Cavaignac refusa d'indemniser Boboeuf (you know, the propriétaire) pour les dommages causés par les troupes, ce qui entraîna sa faillite.

Le Bal du Château Rouge continua néanmoins de prospérer jusqu'à 1871, où une autre révolution eut définitivement raison de lui.
Le place des Hirondelles se situait au carrefour des rues de Clignancourt, Poulet, Myrha et Christiani. Ce nom ancien - le lieu n’a plus de nom aujourd’hui - lui venait de la Compagnie de l’Hirondelle dont les fiacres déposaient, en bout de ligne, les Parisiens se rendant au bal du Château Rouge.
 
 
En août 1870, alors que commence le siège de Paris par les Prussiens, le Château Rouge est à nouveau transformé en caserne, cette fois pour la garde nationale, c'est-à-dire les milices levées dans la population parisienne.
Le 18 mars 1871, jour où éclate l'insurrection de la Commune, lorsque le général Lecomte, qui a conduit les troupes du gouvernement de Thiers à l'assaut de Montmartre, est fait prisonnier par les habitants et les gardes nationaux, c'est au Château Rouge qu'il est d'abord amené. Du Château Rouge, il sera conduit en début d'après-midi jusqu'à un autre poste de la garde nationale, en haut de la Butte, où il sera fusillé.
 

Le Château Rouge ne se relèvera pas des événements de 1870 et 1871. Le bal survivra encore quelques années puis fermera. En 1881, une société immobilière rachète et démolit le bâtiment et le parc et fait construire à la place, par les architectes Richelieu frères et Cabon, treize immeubles de rapport. On peut encore les voir, avec leurs façades identiques à peu de chose près, du 42 au 54 de la rue de Clignancourt et du 7 au 13 bis de la rue Custine.
 
 
Sources :
Maurizio Gribaudi, Michèle Riot-Sarcey : 1848, la révolution oubliée. Ed. La Découverte, 2009
Hélène Landre : Laurent-Antoine Pagnerre (1805-1854) : Le combat pour la République d'un libraire éditeur oublié : http://www.rouen.iufm.fr/publication/TRAMES/trames10/tr10_landre.pdf
Hervé David, le vieux Montmartre, iconographie : http://www.hervedavid.fr/francais/montmartre/vieuxmontmartre.htm
Noël Monnier : http://membres.lycos.fr/dixhuit/9806-bal_du_chateau_rouge.htm
Bernard Vassor : http://www.paperblog.fr/1984635/petite-histoire-du-chateau-rouge-a-montmartre/
Passage de la Butte, Roman feuilleton, épisode n°22 : http://www.passagedelabutte.net/index.php?option=com_content&view=article&id=152&Itemid=76

vendredi 25 décembre 2009

Spécial vidéo de Noël



http://www.youtube.com/watch?v=dQKp8qJjKbE

Que ceux qui sont nés en France avant 1968 sentent certains neurones se reconnecter douloureusement dans leurs cerveaux devant cette chose dont ils avaient oublié qu'elle existait...
Que les autres se contentent d'halluciner...

mardi 20 octobre 2009

Publicité gratuite

De nos jours plus personne ne veut travailler. Et encore moins se lever à sept heures du mat pour aller au bureau : quelle horreur !
Donc il y a des gens comme moi qui ne font rien (c'est très agréable merci), ou Juliette qui a trouvé que chercher du boulot c'était relou, à la place elle est partie faire le tour du monde (http://www.363jours.com/)
Et puis il y a ceux qui préfèrent travailler at home, en bermuda devant la fenêtre ouverte sur la baie de Botafogo, comme Pierre, qui vend des chambres d'hotel à Paris par internet :
http://www.paris-hoteis.com.br/index_fr.php
Who cares ? Me direz-vous. Car par définition aucun de mes huit lecteurs ne descend à l'hotel à Paris.
Mais voyez-vous, personne n'est à l'abri d'une relation d'affaires à l'haleine pas fraîche, d'un beau-frère odieux, d'une maîtresse envahissante ou même d'amis avec des enfants en bas âge. Pour tous ces cas embarrassants, que faire ?

So there you have it : ça existe aussi en anglais, espagnol, portugais, italien, allemand.

Please click generously...

vendredi 25 septembre 2009

Trésors de la chanson française : Avanie et framboise


Introduisons une nouvelle série : après "Grandes Sambas" et "Monumentos da Bossa Nova", en l'honneur du retour au vieux pays dont les sillons sont abreuvés de sang impur (mais pas les microsillons, on espère) voici le premier numéro d'une nouvelle série, "Trésors de la chanson française".

Tous les Français ont des morceaux d'Avanie et framboise tapis dans le cerveau plus ou moins consciemment : "les mamelles du destin", "ça ne me mettait pas à l'aise de la savoir Antibaise moi qui serais plutôt pour", une association d'origine mystérieuse entre le Maine et Loire et les seins en poire, une Angevine de poitrine...

Avanie et framboise est une chanson écrite et composée par Boby Lapointe, autoproclamé cornichon et contre-péteur, né et mort à Pézenas (1922-1972), bourgade du Languedoc au nom vaguement ridicule à laquelle il alluse d'ailleurs dans la chanson.

En 1960, Boby Lapointe interprète ce chef d'oeuvre immortel dans le film "Tirez sur le pianiste". Le pianiste éponyme est Charles Aznavour. Le réalisateur, François Truffaut, craignant que la richesse du texte échappe au spectateur vu l'interprétation quelque peu hystérique de Boby, a lui-même sous-titré ce passage.
La presse de l'époque se gausse de Boby Lapointe, "le chanteur français sous-titré". Je ne vais donc pas écrire les paroles, regardez et laissez votre cerveau soupirer d'aise en déployant ses connexions neuronales entre tous les petits bouts épars d'Avanie, c'est très bon pour la santé, un remède gratos contre Alzheimer !

vendredi 10 avril 2009

Publicité : Les Fils de Teuhpu

Une fanfare qui joue bien, oui ça existe ! Il y en a même plusieurs.
Si vous ne me croyez pas, écoutez des extraits sur leur très joli site, notez les dates de concert, achetez le dernier album qui vient de sortir : Camping Sauvage.

Fanfare officiellement ska, elle a été appelée jazz, punk, reggae, funk et porte nawak. Aux dernières nouvelles, de très bons musiciens, de l'humour et beaucoup, beaucoup d'énergie !

On note une influence de leurs aînés Ceux Qui Marchent Debout (publicité gratuite II), surtout avec la pochette dessinée par Androuze (publicité gratuite III), mais en plus comment dirais-je ? Frais et primesautier.

mardi 17 mars 2009

Home sweet home

Rien n'a changé au métro Barbès depuis 1905.


Pourquoi Barbès Rochechouart ? Certes il s'agit du carrefour du Bd Barbès et du Bd Rochechouart, mais qui sont-ils ?

Armand Barbès (1809-1870), révolutionnaire français, fut l’un des opposants les plus célèbres au régime de Louis-Philippe.
Né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), il arriva à Paris en 1830 et rallia l’opposition des républicains à la monarchie de Juillet, dont il devint l’un des chefs. Emprisonné après les journées d’avril 1834, il fut de nouveau arrêté après l’attentat de Fieschi et complota avec Blanqui contre le roi Louis-Philippe.
Instigateur avec Blanqui et Martin Bernard de l’insurrection du 12 mai 1839, il fut condamné à mort, mais bénéficia d’une commutation de peine, grâce à l’intervention de Victor Hugo. Libéré en 1848, il fut élu député de l’Aude, et siégea à l’extrême bas. Il fut à l’origine de la journée du 15 mai 1848, et tenta de constituer un gouvernement révolutionnaire à l’Hôtel de ville. Il fut de nouveau condamné à l’emprisonnement. Libéré en 1854 par Napoléon III, il s’exila volontairement pour mourir à La Haye en 1870.

Marguerite de Rochechouart de Montpipeau (ça ne s'invente pas) fut l’une des 46 abbesses de Montmartre. Elle dirigea le monastère de 1717 à 1727, pendant la régence de Philippe d’Orléans. Il n'y a pas sa photo sur Google. Il faudra faire de plus amples recherches...
Voilà comment une dame de la noblesse la plus aristocratique de France, la famille Rochechouart-Mortemart, et l'un de ses républicains les plus enragés se retrouvent, ironie de l'histoire, associés pour toujours dans l'esprit public.

dimanche 18 janvier 2009

Vente de la collection Yves Saint Laurent



Pierre Bergé, la veuve d'Yves Saint Laurent, vide leurs deux appartements rue Bonaparte et rue de Babylone, et organise un grand vide-grenier chez Christie's au Grand Palais. Le produit de la vente est estimé entre 200 et 300 millions d'Euros. L'affaire du siècle, on en parle même dans Vanity Fair (The Things Yves Loved, Janvier 2009).

VENTES au Grand Palais

Lundi 23 février à 19h : Art Impressionniste et Moderne
Mardi 24 à 14h : Tableaux et Dessins Anciens, Tableaux du XIXè siècle
Mardi 24 à 15h : L'orfèvrerie et les Miniatures
Mardi 24 à 18h : Arts Décoratifs et Art Premier
Mercredi 25 à 14h : Sculpture
Mardi 24 à 19h : Céramiques, Mobilier, Asie, Islam & Archéologie

EXPOS PUBLIQUES au Grand Palais

Samedi 21 février : journée et soirée
Dimanche 22 : journée et soirée
Lundi 23 : matin et début d’après-midi


Mais à mon avis il aurait mieux fait de faire visiter les appartements avant qu'ils soient démantibulés. Bien sûr il n'aurait pas pu recevoir 100.000 personnes par jour comme au Grand Palais, mais il aurait pu faire des visites sur rendez-vous pendant quelques semaines, montrer au peuple l'habitat des aristocrates du Faubourg Saint-Germain, comme au Musée de l'Homme on montre celui des pygmées.

Dans un pays où l'ascension sociale dans l'ameublement commence à Ikea et finit à Roche-Bobois, et où les magazines de décoration photographient le même canapé beige depuis vingt ans, leur intérieur paraît étrange et vaguement repoussant. (Les photos se trouvent sur le communiqué de presse de Pierre Bergé et Associés.)

Il représente une façon de vivre que l'on croyait disparue avec Marcel Proust, le dernier reporter chez les riches Parisiens. Bien sûr Oriane de Guermantes n'aurait certainement pas voulu de Fernand Léger ou de Mondrian dans son salon, encore que, qui sait ?

Le goût français, c'est ce que l'on obtient en France avec beaucoup d'argent, de temps, et de culture.
Il a été une certaine référence depuis disons le 17ème siècle.
Il est significatif que les appartements des aristocrates et grands bourgeois du Faubourg appartiennent maintenant au Musée.

On pourra sans doute bientôt admirer le style des Chinois qui ont l'argent, le temps et la culture pour s'y consacrer. Sans doute leurs intérieurs seront-ils tout-à-fait différents.