samedi 28 février 2009

5-HTTLPR

Je lis l'AFP et voilà que je tombe sur une dépêche qui me remplit de curiosité. La voici intégralement (après avoir corrigé les fautes d'orthographe) :

PARIS, 25 fév 2009 (AFP) - Une variation génétique expliquerait les différences de regard porté sur les aléas de la vie, par ceux qui voient le verre à moitié vide et ceux qui le voient à moitié plein, selon une étude publiée mercredi par des chercheurs britanniques. Il était déjà établi que le gène 5-HTTLPR contrôlait le taux de sérotonine, une molécule qui transmet les messages chimiques à l'intérieur du système nerveux central et qui est impliquée notamment dans le sommeil ou la dépression. Nombre d'antidépresseurs régulent les niveaux de sérotonine. Des chercheurs avaient aussi déjà identifié trois variants du gène, dont deux allèles (version particulière d'un gène) courts liés à un plus grand risque de dépression et de tentatives de suicide et qui, supposait-on, suscitaient une réponse neurochimique exagérée à des situations stressantes. Le gène pouvait aussi avoir pour variant un allèle long. Des chercheurs de l'Université d'Essex (Grande-Bretagne), conduits par Elaine Fox et dont les travaux sont publiés dans la revue "Proceedings of the Royal Society B", ont essayé d'établir si les réactions des gens avaient à voir avec ces allèles. L'équipe a projeté à 97 personnes une série d'images, montrées par deux, extraites d'un test psychologique international. Les images étaient divisées en trois catégories : négatives (susceptibles d'inspirer peur ou stress, telles des images d'araignée ou d'une personne prête à se suicider), érotiques ou agréables, et enfin neutres. Chacune des deux images sur chaque diapositive provenait d'une catégorie différente. Les 16 participants qui avaient un long allèle se sont intéressés aux images agréables, se détournant en revanche de celles qui étaient inquiétantes. Ceux qui avaient des allèles courts ne manifestaient pas cette tendance, mais étaient moins déterminés dans leurs choix. Les chercheurs ont estimé que les allèles longs constituaient une "distorsion protectrice" permettant de "mieux réagir aux stress de la vie", et que leur absence était probablement liée à une plus grande vulnérabilité aux troubles d'humeur et à l'anxiété.
mh/chc/bb/ej AFP251541 FEV 09

Qu'est-ce à dire ? "Une plus grande vulnérabilité aux troubles d'humeur et à l'anxiété" ? "une réponse neurochimique exagérée à des situations stressantes" ? Mais c'est moi ! Aurais-je l'allèle trop court ?

J'entamai aussitôt les recheches. Je découvris sans tarder que l'article original ne me disait rien du tout : 5-HTTLPR genotype and anxiety-related personality traits: A meta-analysis and new data.

Essayons quelque chose de légèrement plus accessible :
SOURCE INSERM

Gène du transporteur de la sérotonine
Il existe deux polymorphismes VNTR dans le gène SLC6A4 du transporteur de la sérotonine. Le premier est situé en amont de la région codante dans une région qui contrôle la transcription (5-hydroxytryptamine transporter-linked polymorphic region = 5-HTTLPR) et le second est situé dans le deuxième intron. Les deux allèles du polymorphisme 5-HTTLPR sont une insertion de 44 pb (type L) et une délétion (type S). L'allèle S induit une diminution de l'activité de transcription par rapport à l'allèle L, ce qui induit une fonction diminuée du génotype S/S par rapport aux génotypes L/S et L/L (Heils et coll., 1996).
Une association entre l'homozygotie (10/10) et une addiction précoce aux opiacés ainsi qu'une protection avec le génotype 12/10 ont été décrites (Galeeva et coll., 2002). Une association a été rapportée entre le tabagisme et l'allèle L du 5-HTTLPR (Ishikawa et coll., 1999) dans une population japonaise, mais cette association n'a pas été retrouvée dans une population caucasienne et afro-américaine. Il existe d'importantes différences de distribution des génotypes 5-HTT entre les groupes raciaux ; les Caucasiens sont plus fréquemment porteurs de l'allèle court (Lerman et coll., 1998b). Le polymorphisme 5-HTTLPR en interaction avec le neuroticisme était statistiquement significatif pour la prise de nicotine, la dépendance à la nicotine, et les motivations à fumer, chez les fumeurs possédant les génotypes S/S et S/L. Les sujets avec neuroticisme et le génotype S/S avaient beaucoup plus de difficultés à s'arrêter (Hu et coll., 2000). Le génotypage de 5-HTTLPR pourrait permettre d'identifier les fumeurs qui répondraient mieux à des médications psychotropes comme les inhibiteurs de recapture de la sérotonine (SSRI) (Lerman et coll., 2002). Les sujets porteurs d'un ou deux allèles S présentaient une activité cérébrale supérieure face à des images inspirant la frayeur. Cette étude montre une association entre un transporteur de la sérotonine moins performant et une augmentation de l'anxiété (Hariri et coll., 2002).
Cet article, bien qu'assez éclairant, ne m'a pas tout-à-fait convaincue. Je me suis lancée dans la lecture exhaustive de tous les articles en alphabet romain de Google pour 5-HTTLPR. Il y en a 582. L'avantage avec un nom pareil, c'est qu'il n'y a pas d'homonyme.
Le résultat est édifiant.
Je vous épargne les articles entiers, voici des extraits qui disent tout et le contraire :

Les résultats montrent que l’un des deux allèles (allèle « s ») du gène 5-HTTLPR confère une vulnérabilité à la dépression ou aux troubles thymiques, ...linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0003448705002945

European Journal of Human Genetics (2004) 12, 377–382. doi:10.1038/sj.ejhg.5201149 Published online 21 January 2004
Serotonin transporter 5HTTLPR polymorphism and affective disorders: no evidence of association in a large European multicenter study

The serotonin transporter 5-HTTPR polymorphism is associated with current and lifetime depression in persons with chronic psychotic disorders
M.Psychiatric Genetics Research Center, Department of Psychiatry,University of Texas Health Science Center at San Antonio, San Antonio, TX, USA. Acta Psychiatr Scand. 2008 Nov 11.

Serotonin transporter gene polymorphism (5-HTTLPR) in patients ... - Recent findings have demonstrated that depression and stress are influenced by polymorphism of the promoter region of 5-HTT (5-HTTLPR)

The relationship between stressful life events, the serotonin transporter (5-HTTLPR) genotype and major depression.
Psychol Med, Vol. 35, No. 1. (January 2005), pp. 101-111
. CONCLUSIONS : Regardless of whether our results were based on binary logistic or ordinal regression analyses we found no evidence to support a main effect of 5-HTTLPR, or an interaction between the 5-HTTLPR genotype and stressful life events on major depression

Biological Psychiatry - Official journal of the Society of Biological Psychiatry Volume 59, Issue 3, Pages 224-229 (1 February 2006) Social Adversity, the Serotonin Transporter (5-HTTLPR) Polymorphism and Major Depressive Disorder
Background
Recent evidence has suggested that the short allele of the serotonin transporter (5-HTT) gene-linked polymorphic region (5-HTTLPR of the human serotonin gene [SLC6A4]) is associated with increased risk of depressive disorder but only among individuals exposed to social adversity. We report an investigation designed to replicate this finding.
Methods
Data were available from a non-clinical sample of 4175 adult men and women, ages 41–80 years, selected from participants in the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition in Norfolk (EPIC-Norfolk, United Kingdom) study. Evidence of past-year prevalent episodic major depressive disorder (MDD), defined by restricted DSM-IV diagnostic criteria, was assessed through questionnaire. Adverse experiences in childhood and in adulthood (during the five years preceding assessment) were also assessed through self-report. The 5-HTTLPR variant was genotyped according to published protocols.
Results
One-year prevalent MDD criteria were met by 298 study participants. The experience of social adversity (both in childhood and adulthood) was strongly associated with increased rates of past-year prevalent MDD. No gene by environment (GxE) interactions between the 5-HTTLPR genotype, social adversity, and MDD were observed.
Conclusions
This study has not replicated a previous finding of a GxE interaction between the 5-HTTLPR genotype, social adversity, and depression.


Expertise Collective Inserm
© Les Editions INSERM, 2005

l'allèle court (« s ») du polymorphisme d'insertion/ délétion du promoteur du gène du transporteur de la sérotonine (5-HTTLPR) présente une fréquence augmentée chez les suicidants par rapport aux témoins, avec en moyenne 50 % d'allèle « s » chez les suicidants violents contre 30 à 35 % chez les témoins.

5HTTLPR polymorphism in schizophrenic patients: further support for association with violent suicide attempts. Am J Med Gen. In press 2003. ...

We did not find any association of 5-HTTLPR gene with mortality, nor with suicide attempt. We also found that the C allele of the 5-HT1b gene was found in ...www.ireb.com/publications/cahiers/Cahiers%20n%B018.pdf -

MUNAFO (Marcus-R) : Lack of association of 5-HTTLPR genotype with smoking cessation in a nicotine replacement therapy randomized trial. (2006) ...www.bdsp.ehesp.fr/base/scripts/SearchA.bs?bqEquation=AUT=%22MUNAFO++M*%

Aims: The short (S) allele of the serotonin transporter gene promoter polymorphism (5-HTTLPR) contributes to the risk of alcohol dependence and co-occurring ...qualis.univ-lille2.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=1156136&Itemid=88888893

Lack of evidence for association between serotonin transporter gene (5-HTTLPR) and obsessive-compulsive disorder by case control and family association ...arerp.org/publications.htm -

Panic disorder and serotoninergic genes (5-HTTLPR, HTRIA and HTR2A ... -
Panic disorder and serotoninergic genes (5-HTTLPR, HTRIA and HTR2A): association and interaction with childhood trauma and parenting ...

Lack of association between the Serotonin Transporter Promoter Polymorphism (5-HTTLPR) and Panic Disorder: a systematic review and meta-analysis ...www.connotea.org/user/danielstjepanovic/tag/5-HTTLPR

European Journal of Human Genetics (2004) 12, 377–382. doi:10.1038/sj.ejhg.5201149 Published online 21 January 2004
Serotonin transporter 5HTTLPR polymorphism and affective disorders: no evidence of association in a large European multicenter study

Le polymorphisme, 5HTTLPR et schizophrénie : un facteur de risque pour les com. I.47, e G-alpha-olf dans le striatum de rats lésés à la ...www.neurosciences.asso.fr/Activites/colloques/SN03/posters/McleAl1.html

5-HTTLPR Genotype-Specific Phenotype in Children and Adolescents With Autism. Camille W. Brune, Soo-Jeong Kim, Jeff Salt, Bennett L. Leventhal, ...pagesperso-orange.fr/autismetedcb/Documents/CRAA/08.pdf

Zhong N, Ye L, Ju W, Brown WT, Tsiouris J, Cohen I (1999) 5-HTTLPR variants not associated with autistic spectrum disorders. Neurogenetics 2:129-131. ...www.exploringautism.org/french/genetics/articles.htm

Le mot de la fin :

14-11-2008
There has been a large but inconsistent literature on interactions between the 5-HTTLPR polymorphism of the serotonin transporter gene and adversity on emotional disorders.
https://ilis-etu.univ-lille2.fr/~qualis/index.php?option=com_content&task=view&id=1154294&Itemid=88888893

Une littérature vaste mais inconsistante, en effet.
Cela montre petit un qu'on n'en sait foutre rien si cet allèle a un effet ou pas.
Petit deux qu'il ne faut pas croire tout ce que raconte l'AFP (ce dont on se doutait déjà) ni même ce que raconte l'INSERM.

Mais le plus important, surtout pour les gens que le gène de l'anxiété intéresse aussi peu que les résultats du tournoi inter-provincial de curling de Calgary, c'est qu'il montre la science en marche, des expériences qui donnent des résultats que d'autres équipes essaient de répliquer.
Et n'arrivent à rien et le disent. Parfaite illustration des fondations de la méthode scientifique, l'hypothèse et la réfutation.

C'est beau de voir les chercheurs s'exciter sur un petit bout du chromosome 27.
Bonne chance 5-HTTLPR, on finira bien par savoir ce que tu fricotes avec la sérotonine !

vendredi 27 février 2009

Salgueiro campeão

L'inexorable école de Beija Flor a enfin été détrônée cette année par les "Acadêmicos do Salgueiro". C'est une école de Tijuca, un quartier de classe moyenne de la zone nord de la ville.

Le thème très porteur était 'Tambour". Simple et sympa : rien de plus facile que de faire défiler sur l'avenue les tambours de tous les temps et de tous les pays. Surtout que la batterie de Salgueiro s'appelle "A Furiosa'.

Je n'ai pas été au carnaval mais j'ai reluqué les photos sur internet :
Salgueiro vence o Carnaval 2009 do Rio de Janeiro - Álbum de Fotos - UOL Entretenimento

Ce qui me plaît surtout c'est la porta bandeira, la dame qui défile devant en portant les couleurs de l'école, avec son cavalier le mestre sala. Pour donner une touche d'authenticité, le mestre sala et la porta bandeira de Salgueiro défilent tous les ans depuis 20 ans et sont mariés depuis la nuit des temps. Elle n'est donc pas si jeune que ça, mais elle assure.
Je n'ai pas trouvé de photo de la robe entière, mais vous reconnaitrez mon goût simple et sobre : du zèbre et des plumes oranges ! Que du bonheur !
Je veux la même...

Liesse spectaculaire du peuple Salgueirense le soir de la victoire. Au fait salgueiro ça veut dire saule. J'ai appris quelque chose.

Quant à mon collègue qui se plaignait que son costume était ridicule, (voir "Le carnaval de Rio cause la France") il a défilé pour Salgueiro, et donc il a gagné. Il est trop fort !

L'Ecole de Grande Rio, qui défilait sur le thème de la France, est cinquième. Elle sauve l'honneur, les six premières sur douze participant au défilé des champions demain soir.

dimanche 22 février 2009

News from the States


WASHINGTON—A majority of African-Americans surveyed in a nationwide poll this week reported feeling "deeply disturbed" and "more than a little weirded out" by all the white people now smiling at them.
Black citizens have reported a disturbing 350 percent increase in interracial high-fiving since January 20.
First witnessed shortly after President Obama's historic victory, the open and cheerful smiling has only continued in recent months, leaving members of the black community completely unnerved.
"On behalf of black people across this nation, I would like to say to our white brethren, 'Please stop looking at us like that,'" said Brown University psychology professor Dr. Stanley Carsons. "We're excited Barack is president, too, and we're glad you're happy for us. But giving us the thumbs up for no reason, or saying hello whenever we walk by, is really starting to freak us out." Added Carsons, "We just want to be able to stand in line at Home Depot without getting patted on the back."
According to the poll, more than 92 percent of African-Americans have noticed a dramatic increase in the number of beaming Caucasians in their vicinity, as well as a marked rise in the instances of white people making direct eye contact with them on the bus, engaging them in pleasant conversation, and warmly gazing in their general direction with a mix of wonder, pride, and profound contentment. All respondents reported being "petrified" by the change.
"Yesterday, I'm pretty sure the cashier at the Giant Eagle winked at me," said Eddie Wilkes, a Pittsburgh resident who described himself as "not a politics person." "Then she said something about what a happy day it was and tried to bump fists. The whole thing gave me the willies."
"I can't even be at a bar anymore if they have the news on," said Chicago native and small business consultant Jarell Brown. "Obama gives a speech on the economy and people act like my team just won the Super Bowl. I didn't even vote for the guy. I'm a Libertarian."
Although poll respondents said that the regularity of jovial white strangers greeting them in elevators has risen approximately 450 percent since mid-January, the incidents are reportedly nowhere near as frequent as they were on Nov. 4, 2008. On that day, the country was temporarily seized by an epidemic of unsolicited white-on-black hugging.
In an attempt to return the nation's interracial interactions to their preinauguration level of stilted awkwardness, the NAACP and the ACLU released a joint statement Monday addressing the issue. In the four-page address, the activist groups call for normalcy and urge the nation's whites to immediately desist creeping everybody out with all the nodding and warmth and raised eyebrows.
"If you could all stop acting like you're generally pleased to see black people walking around, out in the open, that would be better for all of us," NAACP president Benjamin Jealous said to a smiling and misty-eyed press corps that was "just thrilled" to have him there. "It's very kind of you to be so enthusiastic about our achievements, but if it's still on the table, we'd like to return to the times when your reactions varied between unfounded apprehension and complete indifference. To be honest, you people are kind of terrifying when you're happy."
Added Jealous, "Oh, and please stop e-mailing us that picture of Jesse Jackson crying. We've seen it."
While experts couldn't predict how long this unsettling new trend would continue, at least one citizen, who wished to remain anonymous, said he had given up hope of ever feeling comfortable around white people again.
"Everywhere I go, there they are: offering me pancakes, laughing at all my jokes, even bursting into tears when they see me," said the Washington, D.C. resident and father of two. "I know you mean well and all, but seriously, knock it off. You're giving my children nightmares."
As of press time, the nation's Arab-Americans have reported no discernible change in all the angry, reflexive scowling.

vendredi 20 février 2009

La citation du jour

"Une grande partie de la population est contente mais il y a toujours un petit groupe minoritaire qui n'est pas content, qui réclame des transformations démocratiques et des choses dans le genre".

Le président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema.
(AFP)

dimanche 15 février 2009

Un discours rafraîchissant sur le réchauffement


Stephan Schneider est un chercheur sur le climat qui s'est spécialisé dans l'étude des politiques de lutte contre le réchauffement. Il est l'un des auteurs du fameux rapport 2007 du Groupe d'experts sur le changement climatique qui a reçu le prix Nobel en même temps que Al Gore.

C'est important de savoir d'où il parle, parce que le Pr Schneider est visiblement en colère, et il ne l'envoie pas dire. Son discours devant l'Association Américaine pour l'Avancement de la Science, AAAS, dans sa conférence annuelle à l'Université de Stanford est très clair, très direct (voire brutal).

J'ai la flemme de traduire tout le texte (ci-dessous en anglais) mais en substance il reproche aux médias de ne pas employer suffisamment de journalistes scientifiques capables de comprendre le débat puis de le présenter de manière intéressante et rationnelle. Dans le domaine scientifique il ne suffit pas de présenter un rapport de chercheurs et un contrepoint qui va être typiquement le porte-parole d'un secteur industriel qui va affirmer que le réchauffement climatique n'a jamais existé. Ca le fait pas. Un journaliste expert peut et doit présenter plusieurs points de vue et la crédibilité relative de chacun. C'est une chose qui m'a toujours frappée en effet : plus le journaliste n'y connaît manifestement rien, plus il laisse de place aux lobbyistes pour enfumer le débat.

Mais il s'attaque aussi à ses collègues chercheurs qui refusent de s'abaisser à faire des interviews de cinq secondes pour les médias de masse et des exposés de cinq minutes devant les politiques dans un langage simple. Il appelle les chercheurs à accepter les "déclarations dans l'ascenseur" en utilisant des métaphores qui permettent de faire passer le message au grand public, quitte à développer ensuite dans des livres et articles. Well, yes, ça s'appelle la vulgarisation.

Il a fait aussi une autre intervention plus politique sur un sujet qu'on ne fait qu'effleurer dans la presse. Le fait que le réchauffement climatique est un autre projeito-mata-pobre, comme on dit au Brésil, un truc pour tuer les pauvres.

On sait que la plupart des causes se trouvent dans les pays riches et la plupart des effets dans les pays pauvres. Il dit tout net qu'il est inconcevable de demander maintenant aux pays en développement d' arrêter de produire de l'énergie au gaz et au charbon sans donner l'exemple, après les avoir pollués allègrement pendant 200 ans, et en continuant. Certes ça paraît évident, mais j'ai rarement vu un exposé à ce niveau aussi exempt de bullshit.

Un autre aspect dont on n'entend pas beaucoup parler et que les effets du réchauffement dans les pays riches seront aussi ressentis par les populations les plus faibles, les pauvres et les vieux. Il donne comme exemples l'ouragan Katrina et la vague de chaleur en Europe qui a tué 50000 personnes en 2003.

Conclusion personnelle, quels sont les effets du réchauffement climatique sur les décideurs politiques et économiques dans leurs limousines et leurs avions ? Aucun. Une augmentation de leur facture de climatisation, peut-être. Ces gens ne sont pas personnellement concernés. C'est peut-être une raison pour laquelle CNN et le Wall Street Journal ne sont pas pressés d'embaucher des journalistes experts de l'environnement. CQFD.


Mass Media Often Failing In Its Coverage Of Global Warming, Says Climate Researcher
ScienceDaily (Feb. 13, 2009)

— "Business managers of media organizations, you are screwing up your responsibility by firing science and environment reporters who are frankly the only ones competent to do this," said climate researcher and policy analyst Stephen Schneider, in assessing the current state of media coverage of global warming and related issues.

Schneider, a coordinating lead author of chapter 19 in the report of the Intergovernmental Panel on Climate Change published in 2007, is calling for the news media to employ trained reporters in covering global warming. He will be discussing this and other issues in the symposium "Hot and Hotter: Media Coverage of Climate-Change Impacts, Policies, and Politics," on Feb. 13, 2009 at the annual meeting of the American Association for the Advancement of Science in Chicago.

"Science is not politics. You can't just get two opposing viewpoints and think you've done due diligence. You've got to cover the multiple views and the relative credibility of each view," said Schneider, a senior fellow at Stanford's Woods Institute for the Environment. "But that is not usually the problem of the well-trained reporters, who understand what is credible.
"The problem is CNN just fired their science team. Why didn't they fire their economics team or their sports team?" "Why don't they send their general assignment reporters out to cover the Superbowl?" Schneider said. Researchers have to do their part, too, he said, by clearly explaining issues to reporters in succinct terms.

"I have arguments with some of my scientific colleagues, who think it is irresponsible to go out and talk when you can only get 5 seconds on the evening news, a couple of quotes in the New York Times, or five minutes in front of Congress," Schneider said.
"Well, you know what guys, that's just how it is," he said. "And if you think that you have a higher calling and you're not going to play the game because they don't give you the time to tell the whole story, then all it means is that you've passed the buck to others who know the topic less well."

"You have to have your elevator statement or people won't listen to you," Schneider said.
"What I always suggest is that scientists find metaphors that convey both urgency and uncertainty, so that you can get people's attention while at the same time not overstating the case," he said. "Then you have websites and backup articles and books where you can give the full story, but you have to have your sound bite and your op ed piece."

Environmental justice equals environmental effectiveness

Schneider will also present a talk titled "A Scientific Perspective on Climate Change-Related Environmental Justice Issues," during the symposium "Environmental Justice and Climate Change," on Feb. 14, 2009, at the AAAS meeting.

A disproportionate share of the effects of global warming are going to fall on developing nations, along with the poor and the elderly in wealthier nations, according to Schneider, who added that 75 percent of the accumulated greenhouse gases in the atmosphere came from 20 percent of the world's people, who live in wealthy countries.

"We've been using the atmosphere as a free sewer to dump our tailpipe and smokestack waste since the Victorian industrial revolution and now we tell the developing world, sorry, guys, the sewer's full," he said.
Telling the developing world they can't use energy resources they have at hand, such as coal and natural gas, won't have any effect unless we offer them alternatives that are cleaner, Schneider said. He said the U.S. has to accelerate the rate at which we are developing green energy sources such as solar and wind.

"The U.S. has to walk the walk if they expect to talk the talk and convince China and India and Indonesia, Brazil and Mexico – not to say anything about the even poorer countries with less skill and money – into following suit," he said. "We have to clean up our own act and then help them clean up theirs with technology and some resources."

Schneider said that we also have to work to mitigate the impacts on poor and elderly people in developed countries. Although it is impossible to lay any particular weather event at the feet of global warming, nonetheless one can get an idea of how the expected increase in extreme weather events will affect people by looking at the effects of storms such as Hurricane Katrina.
"Who died? The poor," he said.
The European heat wave in 2003 is another example, in which approximately 50,000 people died. "You know what they were primarily? Elderly. The elderly are much more vulnerable and they did not have proper adaptation measures," he said. "

"These events are going to happen dramatically more often than they used to because of warming," Schneider said. "National governments have to consult local leaders in both the public and private sectors to figure out the most politically and cost effective solutions to help localities cope with increasing global warming".

PS : Il existe beaucoup de photos d'ours blancs isolés sur des bouts de glace, qui sont faites pour émouvoir. C'est vrai qu'elles sont très jolies, mais les ours polaires nagent très bien, donc il faut pas exagérer, ce n'est pas le radeau de la Méduse. Le problème n'est pas celui de cet ours personnellement qui a l'air désespéré perché sur son iceberg fondu, mais de la réduction de l'habitat total pour les populations d'ours polaires. Cette photo particulièrement réussie est bien une métaphore au sens de l'article ci-dessus.

samedi 14 février 2009

Pour Bernard Lavilliers

Pas besoin de descendre à l'Hotel Centenario avec vue sur les chiottes pour faire l'expérience du Sertão.

Ici j'ai une véritable suite princière et ma vue est agréable merci, pourtant il n'y a bien que les moustiques pour m'aimer de la sorte et leurs baisers sanglants m'empêchent de dormir.
Bien fait pour ma gueule, j'aurais pas dû venir.

Cependant il y a quelque chose à dire en faveur des ventilateurs de plafond : je croyais qu'ils ne faisaient que couper tranche à tranche l'air épais comme du manioc, mais ce n'est pas vrai. Une petite brise sur le plumard ça rafraîchit quand même, suffisamment pour dormir quelques minutes entre 3 et 5H du mat.

Par ici, ceux qui vendent du soleil à tempérament, les cocotiers, les palaces et le sable blanc sont accourus en rang serrés.
S'il paraît que de voir des plus pauvres que soit ça rassure, je n'ai jamais entendu une connerie pareille. Voir des plus pauvres que soi ça déprime, et ça fait peur.

Alors allez-y, ici, tout le monde peut venir, ici il y a plein de choses, principalement de la caïpirinha, de la cocaïne et des putes.
Pour un avant-goût de vacances intelligentes, je conseillerais plutôt Florence ou Salamanque.

mardi 10 février 2009

Bewitched !

Décidément ma transformation en (vieille) sorcière s'accélère.

Après avoir laissé mon chat noir en villégiature sur la côte d'azur, j'ai acquis un nouvel animal de compagnie : une chauve-souris. Bon animal de compagnie c'est peut-être un peu exagéré. Disons que nous avons un gentleman's agreement, ou un gentlewoman-animal's agreement.

Elle se pointe de temps en temps le soir (bien sûr) et volette dans l'appartement. Son nom savant est Tadarida Brasiliensis, mais je l'ai appelée Lisette (si c'est un mâle, tant pis pour lui). Elle fait des tours, ou des huit, un peu comme les mouches.

Avantage sur une mouche, elle semble toujours retrouver la sortie.
Elle n'est pas très causante, et moi je ne suis pas très affectueuse. Je recule prudemment quand elle s'approche, afin d'éviter de me retrouver dans le cliché cinématographique de la chauve-souris prise dans les cheveux de la blonde qui pousse des cris perçants en agitant les bras. That is not ladylike...
Je ne sais si c'est un effet de mon imagination, mais il me semble que depuis que Lisette visite, il y a moins d'insectes chez moi.


Si elle pouvait bouffer tous les stiquemous, je serais même prête à la gratouiller sous le menton...

Rassurez-vous ceci n'est pas une photo de mon appartement, Lisette n'est pas autorisée à ramener des potes pour faire une boum, mais ça fait un peu cet effet-là.
Pour en savoir plus, participez à la Nuit Européenne de la Chauve-Souris ! (quand je vous dis qu'on trouve n"importe quoi sur le net...)

samedi 7 février 2009

Le carnaval de Rio cause la France

Après l'année du Brésil en France en 2005, la France rend la courtoisie en 2009 avec l'année de la France au Brésil.

Parallèlement aux festivités officielles, l'école de samba, le G.R.E.S. ça s'appelle, Gremio Recreativo Escola de Samba de Grande Rio, consacre son défilé à la France.

Préparons nous à une abondance de perruques poudrées, de Joséphines et de Marie-Antoinettes, sans oublier l'incontournable French Cancan.

Le titre est Voila, Caxias ! Voila étant un des rares mots français connus au Brésil et dans le monde entier, et Caxias parce que l'école est sise dans la ville de Duque de Caxias, aimable bourgade industrielle de 900.000 habitants située à 25 km au nord de Rio, au fond de la baie de Guanabara.

La ville fait partie de la conurbation de Rio, comme disent les cuistres, d'où le nom de Grande Rio.

Le défilé a lieu cette année si j'ai bien compris les 21 et 22 février. Jusque là, le secret sur les chars et les costumes du carnaval est gardé par les Ecoles plus farouchement que le numéro de blackberry de Barack.

Mais il y a une exception : les "ailes commerciales". Les ailes sont les différentes parties du défilé. Dans certaines les amateurs, touristes étrangers et autres gringos, bref tout ce qui n'est pas Duque-Caixense, sont cordialement invités en échange d'une contribution financière assez conséquente.

Les écoles fabriquent les costumes et les louent aux étrangers, et pour cela ils sont bien obligés de les montrer sur leurs sites, pour que les clients puissent les choisir et les commander. Ce qui nous donne un aperçu des costumes jaillis de l'imagination des carnavaliers concentrés sur le thème de l'amitié franco-brésilienne.

C'est pour le moins inattendu. J'ai choisi les plus farfelus : ici, l'architecture de Grandjean de Montigny.
Vous ne connaissez pas Auguste Henri Victor Grandjean de Montigny ? Quelle lacune à votre culture ! Le carnaval est aussi très pédagogique...




Il y a un problème avec Grande Rio, c'est que les couleurs de l'école sont rouge et vert, ce qui fait plutôt italien, et qui se marie mal avec le bleu blanc rouge.

Ici, un costume que seuls les initiés peuvent comprendre : c'est un hommage à la rua do Ouvidor, rue du centre de Rio qui était à la mode au début du siècle dernier, et où se trouvaient toutes les boutiques chics à la mode de Paris, ainsi que la patisserie Manon, qui existe toujours et qui a dû subventionner généreusement l'école...


Ici, le titre est : cartes postales de Paris. Pourquoi un costume aussi lugubre ? Allez savoir. En tous cas, je ne pensais pas voir au carnaval de Rio un mec déguisé en Sacré Coeur, ça me rappelle mon quartier...


Enfin, j'ai gardé le plus absurde pour la fin : celui-là est bien tricolore, et le titre est : "Au-delà de Pasteur" (?) je suppose que ça se réfère à la coopération médicale.
J'ai un collègue qui s'est inscrit pour défiler dans une école (pas celle de Grande rio, une autre) et il se plaint que son costume est ridicule. Je vais lui dire que ça pourrait être pire, il pourrait être déguisé en gélule !