J'avais fait une présentation pas entièrement positive, disons, de l'oeuvre du canadien Douglas Coupland dans un précédent article, à l'occasion de la lecture de The Gum Thief.
J'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui que j'ai adoré son bouquin suivant, Player One (Joueur_un en français).
Il est intéressant de noter que le sujet est exactement le même, que l'on peut résumer par : "J'ai 45 ans et ma vie est une tartine de merde, bouaah !"
Or, si The Gum Thief m'avait paru rigoureusement inintéressant, au point de me faire penser à un roman français (horror !), j'ai trouvé Player One tout-à-fait réussi.
Je m'exprime à la première personne non par nombrilisme mais parce que je ne prétend pas être l'arbitre des élégances en matière de littérature, et je continue de penser que, à part les créations les plus manifestement sublimes ou exécrables, tout est largement une question de goût.
Ce court roman, qui pourrait avantageusement être transformé en pièce de théâtre, rassemble dans un huis clos (le plus hermétiquement possible, d'ailleurs) six personnages confinés fortuitement dans un bar glauque d'aéroport par la survenue soudaine et inattendue de la fin du monde tel que nous le connaissons.
Voilà un prétexte parfait pour méditer seul ou en groupe sur la vie, la mort, l'amour et le reste, chose qu'ils étaient de toutes façons déjà occupés à faire avant ladite survenue. Heureusement que je suis pas journaliste à Libé, j'aurais titré : Six personnages en quête de hauteur...
Les six zozos ont en commun d'être tous plus ou moins gravement des loosers, Coupland n'ayant pas l'habitude d'écrire sur les super-héros, mais à part ça ils sont radicalement différents les uns des autres. On trouve un barman ex-alcoolique, une mère célibataire, un beauf, une autiste, un pasteur fraîchement défroqué et un fanatique meurtrier.
Tous disent ou pensent presque la même chose, mais sur des registres et avec un vocabulaire évidemment très différents, c'est là que réside entre autres le talent littéraire.
Or, si me faire partager les préoccupations d'un ex-alcoolo ou d'une vieille morue, ou même d'une autiste, ne paraît pas très difficile, vus mon âge et ma condition, il en est tout autrement des angoisses d'un pasteur protestant qui vient de partir avec la caisse de sa paroisse, ou d'un psychopathe chrétien millénariste qui tire sur tout ce qui bouge.
Et pourtant je partage, ça résonne, quelque part, au niveau du vécu, comme dit l'autre, mais aussi littéralement. C'est peut-être moi, à vous de voir. Et c'est drôle aussi par moments. Bref c'est fin.
Bon après vers la fin ça part fortement en c... apilotade, en même temps c'est la fin du monde, difficile de s'en sortir élégamment, puis finalement non, et on reste avec un half-assed happy ending et une panoplie de concepts pour finir d'écrire le roman soi-même, peut-être.
Tout cela n'est pas exempt de tous les tics de geek qui nous ont fait aimer l'auteur, ni de nonchalance, puisque le roman est une récupération d'un texte présenté aux Massey Lectures en 2010. Malgré cela il mérite à mon avis largement les quelques heures consacrées à sa lecture. En réalité, il est pratiquement écrit en temps réel, puisque l'action est censée se dérouler en cinq heures, les cinq chapitres ayant été lus par Coupland dans cinq conférences d'une heure.
En résumé, beaucoup de talent, peu d'efforts. Décidément, je m'apprête toujours à le couvrir de louanges, et je finis toujours par l'insulter, pauvre Douglas, ce doit être un don qu'il a...
Coupland submits novel (!) for 2010 Massey Lecture
http://www.telegraph.co.uk/culture/books/bookreviews/8006539/Player-One-by-Douglas-Coupland-review.html
http://www.guardian.co.uk/books/2010/oct/16/player-one-douglas-coupland-review
http://mookseandgripes.com/reviews/2010/09/28/douglas-coupland-player-one/
J'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui que j'ai adoré son bouquin suivant, Player One (Joueur_un en français).
Il est intéressant de noter que le sujet est exactement le même, que l'on peut résumer par : "J'ai 45 ans et ma vie est une tartine de merde, bouaah !"
Or, si The Gum Thief m'avait paru rigoureusement inintéressant, au point de me faire penser à un roman français (horror !), j'ai trouvé Player One tout-à-fait réussi.
Je m'exprime à la première personne non par nombrilisme mais parce que je ne prétend pas être l'arbitre des élégances en matière de littérature, et je continue de penser que, à part les créations les plus manifestement sublimes ou exécrables, tout est largement une question de goût.
Ce court roman, qui pourrait avantageusement être transformé en pièce de théâtre, rassemble dans un huis clos (le plus hermétiquement possible, d'ailleurs) six personnages confinés fortuitement dans un bar glauque d'aéroport par la survenue soudaine et inattendue de la fin du monde tel que nous le connaissons.
Voilà un prétexte parfait pour méditer seul ou en groupe sur la vie, la mort, l'amour et le reste, chose qu'ils étaient de toutes façons déjà occupés à faire avant ladite survenue. Heureusement que je suis pas journaliste à Libé, j'aurais titré : Six personnages en quête de hauteur...
Les six zozos ont en commun d'être tous plus ou moins gravement des loosers, Coupland n'ayant pas l'habitude d'écrire sur les super-héros, mais à part ça ils sont radicalement différents les uns des autres. On trouve un barman ex-alcoolique, une mère célibataire, un beauf, une autiste, un pasteur fraîchement défroqué et un fanatique meurtrier.
Tous disent ou pensent presque la même chose, mais sur des registres et avec un vocabulaire évidemment très différents, c'est là que réside entre autres le talent littéraire.
Or, si me faire partager les préoccupations d'un ex-alcoolo ou d'une vieille morue, ou même d'une autiste, ne paraît pas très difficile, vus mon âge et ma condition, il en est tout autrement des angoisses d'un pasteur protestant qui vient de partir avec la caisse de sa paroisse, ou d'un psychopathe chrétien millénariste qui tire sur tout ce qui bouge.
Et pourtant je partage, ça résonne, quelque part, au niveau du vécu, comme dit l'autre, mais aussi littéralement. C'est peut-être moi, à vous de voir. Et c'est drôle aussi par moments. Bref c'est fin.
Bon après vers la fin ça part fortement en c... apilotade, en même temps c'est la fin du monde, difficile de s'en sortir élégamment, puis finalement non, et on reste avec un half-assed happy ending et une panoplie de concepts pour finir d'écrire le roman soi-même, peut-être.
Tout cela n'est pas exempt de tous les tics de geek qui nous ont fait aimer l'auteur, ni de nonchalance, puisque le roman est une récupération d'un texte présenté aux Massey Lectures en 2010. Malgré cela il mérite à mon avis largement les quelques heures consacrées à sa lecture. En réalité, il est pratiquement écrit en temps réel, puisque l'action est censée se dérouler en cinq heures, les cinq chapitres ayant été lus par Coupland dans cinq conférences d'une heure.
En résumé, beaucoup de talent, peu d'efforts. Décidément, je m'apprête toujours à le couvrir de louanges, et je finis toujours par l'insulter, pauvre Douglas, ce doit être un don qu'il a...
Coupland submits novel (!) for 2010 Massey Lecture
http://www.telegraph.co.uk/culture/books/bookreviews/8006539/Player-One-by-Douglas-Coupland-review.html
http://www.guardian.co.uk/books/2010/oct/16/player-one-douglas-coupland-review
http://mookseandgripes.com/reviews/2010/09/28/douglas-coupland-player-one/
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