jeudi 23 juillet 2009

In praise of Marilyn Manson

Marilyn Manson, de son vrai nom Brian Warner (on s'en fout) n'est plus un jeune homme, il a 40 ans. Au départ c'est un type quelconque, laid et dégingandé, mais il est plutôt moins bête qu'il n'en a l'air.

Il a vendu en gros 20 millions d'albums dans le monde depuis 1994, sans compter les singles, et son treizième opus, The High End of Low, vient de sortir.

Son fonds de commerce est la provocation, on est d'accord, alors quoi de neuf depuis Kiss, Alice Cooper et Ozzie Osbourne ? Regardons mieux.

Sans même me hasarder à commenter sa musique, que personnellement je trouve très bien, quoiqu'un peu répétitive, je me suis penchée sur son style.

Marilyn Manson est un aspirateur de tendances, de détails cools, un bureau de style à lui tout seul. Depuis le pur gothique affreux de la vidéo de Sweet Dreams (1995), dans le style Sepultura, jusqu'à l'incroyable tutti frutti de This is the New Shit (2003), il a fait du chemin.

Travesti depuis toujours, il est l'héritier des véritables mods, les précurseurs des punks, qui avant de devenir des fachos bien peignés étaient des dandies, androgynes et travestis mais hétérosexuels, voire homophobes (think Clockwork Orange).

Regardez le costume de Rock is Dead et pensez à Ziggy Stardust, 1970-73.


Et le costard de mOBSCENE, n'est-ce pas le Thin White Duke ? Sauf que David Bowie, lui, avait (et a toujours) vraiment un oeil en moins !

Les personnages de Marilyn Manson, comme ceux de Bowie avant lui, sont destinés aux adolescents.

J'ai vu Marilyn Manson en concert à Paris (oui oui) et j'ai été surprise par leur jeune âge. Ils ont plutôt 13-15 ans que 18-20. Certains gamins étaient chaperonnés par un de leurs parents qui tentait de faire les mots croisés du Monde dans la pénombre et le son dévastateur (il y a des parents vraiment très cools à Paris !).

A la puberté, les adolescents ont besoin de sortir de l'imagerie en sucre rose de l'enfance : Marilyn est le remède absolu contre la mièvrerie.

Autre avantage : c'est la revanche des moches. La vidéo de Tainted Love montre une foule de gothiques déchaînés envahir et outcooler les beaux preppies blonds en veste de baseball (et se faire leurs nanas). Le fantasme ultime de l'adolescent boutonneux (qui voit l'acné sous le maquillage ?)

Mais Marilyn ratisse plus large que le mélange hard-new wave-punk-gothique. Dans Tainted Love on voit déjà des danseurs de Hip Hop, ce qui ne serait jamais venu à l'idée de Iron Maiden.
Marilyn Manson a tout récupéré : le cabaret (merci Dita Von Teese), le porno chic, le lesbian chic, le sado-maso chic. Dans This is the New Shit (my personal favourite) il décode tout et se moque de son propre style : "everything has been said before".














Il y a même des belles pépées blondes qui boivent du champagne comme dans les vidéos de rappeurs. Mais là où les rappeurs ne font rien de leurs blondasses alanguies sur des chaises longues au bord de la piscine, Marilyn leur suce au moins les orteils... fétichisme anyone ? Toujours un peu plus loin mais jamais censurable : ai-je dit que Marilyn avait oublié d'être con ?




























Pour faire monter encore la sauce, Marilyn a trouvé un allié de poids : la droite religieuse américaine. Laura Bush (ou était-ce Barbara ?) l'avait fameusement appelé "le plus grand danger pour la jeunesse américaine depuis la poliomyélite". Ce que cette phrase lui a rapporté en publicité... it's priceless.
Mais pourquoi tant de haine ?
Apologie du suicide, de la drogue, de la violence ? Rébellion ? Nihilisme ? Oui, bon, c'est du gothique, quoi. Il y en a eu d'autres avant, il y en aura d'autres après. Ce qu'une catégorie de la société américaine ne peut pas avaler, c'est le sacrilège.

Plus que sataniques, les textes (et les images !) de Marilyn sont extraordinairement, jubilatoirement blasphématoires.
Regardez les bonnes soeurs porno de Personal Jesus ou le costume de Pape de Jesus is a Friend of Mine...
Je soupçonne que ce genre est plus destiné directement à provoquer la droite religieuse qu'à amuser son public qui doit s'en foutre presque autant que nous de Jésus.






















Alors, un danger public Manson ? La plupart des plus de trente ans n'ont probablement vu Marilyn Manson qu'une fois : dans le film Bowling for Columbine. A la fin de l'interview, Michael Moore lui demande ce qu'il aurait à dire maintenant aux jeunes de Columbine ; Marilyn répond qu'il ne leur dirait rien du tout, il écouterait ce qu'ils ont à dire, ce que personne n'a fait.
J'ai du mal à croire que cette réponse soit spontanée. Même s'il elle est préparée à l'avance, elle est sacrément bonne, peut être la seule réponse possible...

2 commentaires:

  1. C'est assez rare de voir un article aussi élogieux d'une non convertie au "Mansonisme" ! Il est vrai que l'homme est loin d'être bête; Il manie les arts avec une fougue irréprochable (outre la musique, il peint régulièrement à l'aquarelle dans un style naïf-post-surréaliste, il dirige ses propres vidéos, écrit des livres qu'il ne sort pas et s'apprête à diriger deux longs métrages), il est cultivé, sait toujours de quoi il parle et ne se retrouve jamais à court d'arguments - il est d'ailleurs revenu plusieurs fois sur ses déclarations du massacre de Columbine et des autres tueries qui ont suivi.

    On peut également admirer son extrême bon goût en matière de petites amies (dans l'ordre Tracy Lords, Rose McGowan, Dita Von Teese, Evan Rachel Wood, Stoya) même si ses histoires d'amour finissent très mal...

    Le seul danger provenant de Manson est finalement un danger envers lui même. Car si les ados se sont fait sauter la cervelle de tout temps en interprétant à leur guise les propos de leurs idoles, Manson lui est davantage mort que vivant en 2009. Avec son triple menton et son gros bide d'alcoolique / cocaïnomane, avec ses centaines de cicatrices qu'il continue à se faire loin des média lorsqu'il se prend la tête avec sa petite amie du moment et avec ses paroles dignes d'un ado de quinze ans, on se demande si Mr Manson n'aurait pas du mal à se détacher du personnage qu'il a créé et à enfermer sa part de ténèbres dans une male quand il le faut.

    Dans toutes les interviews données en 2008 / 2009 il crie à quel point il va mal, à quel point sa vie a été épouvantable ces dernières années, et combien il est bon de trouver refuge dans les litres d'absinthe... Il a perdu ses millions de dollars en procès que lui ont collé ses anciens musiciens, ses meilleurs amis sont morts, il est responsable du meurtre de l'ex femme de Keanu Reeves en la surchargeant de drogue...

    Et après l'avoir vu donner le pire concert de sa carrière à Vienne en Mai où il ne tenait pas debout plus de deux minutes et où des assistants avec une bombonne à oxygène devaient le booster entre chaque titre... on a du mal à croire qu'il puisse finir cette année ailleurs que dans un cercueil.

    Mais comme il le dit si bien dans le meilleur titre de son nouvel album "everyone will come to my funeral to make sure I stay dead" (Four Rusted Horses in "The High End Of Low"). Manson aura été aussi brillant et malin qu'autodestructeur et triste à voir. Mais après tout c'est un peu ça la spécificité d'une rockstar. "Hey Hey Hey Mr Superstar... I wanna be just like you".

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  2. Merci Gui pour ces commentaires de connaisseur...

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