Notre Ministère de la Kultur voudrait nous faire remplacer le mot "blog" par "bloc-notes". N'importe quoi.
Mais au fait, d'où vient le mot "blog" ?
Mais au fait, d'où vient le mot "blog" ?
Un log, c'est un journal de bord, un registre. Concrètement un cahier où une ou plusieurs personnes écrivent ce qu'elles ont à dire à intervalles réguliers en indiquant la date.
De la même façon, on signe un registre avec le jour et l'heure lorsqu'on entre dans un périmètre surveillé ou commence une tâche réglementée. D'où l'expression : to log in.
Or donc "blog" est une abréviation de "weblog", ou journal tenu sur le web, pardon, sur la toile. Plus exactement c'est une aphérèse.
Une aphérèse consiste à raccourcir un mot en enlevant le début plutôt que la fin. C'est une chose qui arrive lorsque le début du mot n'est pas dispo parce qu'il signifie déjà autre chose. Par exemple, le bus, le car, le blog, les Ricains (encore que les Amers auraient eu leur charme. D'ailleurs à ce propos je propose de remplacer les Ricains par les Zuniens). En anglais on dit maintenant bot pour robot.
Les aphérèses sont infiniment plus rares que les abréviations normales, et j'en fais collection. C'est pas cher, et ça tient pas beaucoup de place. C'est comme les hapax...
Mais ne nous égarons pas. Un blog ne sera jamais un bloc-notes ni un journal sur la toile pour une raison simple, c'est qu'il n'a qu'une syllabe. C'est parce que l'anglais est formé majoritairement de mots unisyllabiques qu'il est et restera maître du monde, et de la toile. L'anglais économise du temps et de l'espace.
On peut organiser des courses de mots en comptant les syllabes : Fast ! Quick ! Schnell ! Vite ! Rápido ! L'espagnol est déjà en rade...
Prenons les pitoyables suggestions de francisation du vocabulaire de l'internet, dans cet article de blog, justement.
Tease = aguichage : 1 à 3. Buzz = bouche à oreille : 1 à 4. World Wide Web = toile d'araignée mondiale : 3 à 6.
(World Wide Web à une autre particularité : c'est la seule expression dont l'acronyme WWW est plus long à prononcer que l'original...)
La plus écrasante défaite à la course des mots que je connaisse se trouve dans le métro, entre l'anglais et l'espagnol.
Lorsque la station est en courbe, et qu'il convient d'inviter les passagers à ne pas tomber dans le trou entre le train et le quai, une voix suave d'hôtesse de l'air vous débite dans le métro de Madrid le discours suivant : "A la parada del tren, tenga cuidado de no introducir el pié entre coche y andén." Soient 27 syllabes. Et je ne compte pas la pause élégante, sans doute due au hiatus, entre "pié" et "entre".
A New York, une grosse voix grave tonne : "Mind the gap !"
Beaucoup plus efficace, mais beaucoup moins érotique. Ce doit être ça le choc des civilisations...
Également, je ne sais plus quel idiot du gouvernement venait de déposer au Sénat une proposition de loi « tendant à faciliter l’identification des éditeurs de sites de communication en ligne et en particulier des « blogueurs » professionnels et non professionnels ».
RépondreSupprimerje l'ai retrouvé, c'est JL Masson (ex ump).